Chapitre 20-2(b)

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(Nord Quercy 5 septembre 20h30)

Ses amis ont fui dans le Glisseur, laissant Liam aux mains de Domitien. Multipliant les provocations afin d'accaparer l'attention du Tueur, le jeune homme s'attire les foudres de l'Impérial qui lève une fois de plus son fouet électrique contre lui. 

Liam

Une vague de chaleur dévorante.

Un flot brûlant d'une douleur cinglante.

Un bouillonnement irradiant, indicible, effroyable.

Mes jambes se dérobent et je m'effondre. Refusant de me laisser submerger par l'atroce souffrance, je pince les lèvres et serre les dents. Jamais je n'offrirai à mon enfoiré de bourreau le plaisir de m'entendre crier ou de me voir vomir ! Je suis un Élu du Voyageur, habité par deux Oiseaux tutélaires et j'arrive à discerner la couleur des âmes. Il m'en faut plus pour me faire plier.

Une voix jaillit soudain par-dessus le claquement des lanières, rêche et grinçante telle une scie.

— On m'appelle Domitien. Comme l'empereur romain. Aussi cruel. Aussi incorruptible. Aussi insensible. Nemo me impune lacessit... Personne ne me provoque impunément...

Satisfait d'avoir réussi à m'asséner sa formule de présentation, le tortionnaire éteint son fouet. Mais si le larbin du Princeps croit avoir réussi à m'impressionner, il se fourre le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Malgré mon corps qui m'élance à chacun de mes mouvements, je me mets à genoux, puis sur mes jambes. Je suis claqué. Vanné. Vidé. Une cible offerte. Une proie entièrement vulnérable. Je n'ai plus aucune arme pour me défendre. Aucune... À part ma grande gueule !

— Ça, ça reste à voir, grommelé-je. Au reste, pas la peine de traduire. J'ai fait LCA (1) au lycée et j'étais le meilleur de ma classe.

Le poing serré sur son instrument de torture, Domitien me fixe, l'expression aussi indifférente que possible. Il ne veut rien laisser paraître, mais ce qu'il ne sait pas, c'est que je maîtrise de mieux en mieux mon pouvoir et que ce dernier me permet de lire en lui presque comme dans un livre ouvert. En l'espace de quelques secondes, son aura d'un gris-rosé s'est fortement assombrie. Elle a viré au rouge. Un rouge très profond, sombre comme une tache de sang, dangereux comme le feu des fournaises...

Tex : C'est ta faute, aussi. Pourquoi est-ce que tu ne cesses de le titiller ? Je vais finir par croire que tu es maso.

Léo : Notre imbécile d'hôte a juste décidé d'assumer son rôle de victime jusqu'au bout...

Je plante mon regard dans celui de mon tortionnaire. Agacé par mes provocations stupides, il rallume son fouet. À la vue du long tentacule d'électricité, un frisson de terreur remonte mon échine.

— Vous aurez beau faire, dis-je, vous ne serez jamais Indiana Jones. Il vous manque le chapeau, la chemise kaki et surtout, le charis...

Avant que j'aie pu finir ma phrase, l'Impérial envoie la sauce et sa lanière alien me cingle le visage. Aussitôt, ma vision s'illumine d'éclairs et un chuintement inquiétant résonne dans mon crâne.

Le sale bâtard n'y est vraiment pas allé de main morte.

Tandis que la douleur fulgure jusqu'à l'extrémité de mes cheveux, il m'expédie une seconde décharge dans le flanc. Surpris par le choc, je tombe à genoux pour essuyer une nouvelle salve sur l'autre flanc et un dernier tir dans le ventre.

Je me plie en deux, la respiration coupée.

— Tu as eu ton compte ou tu en veux encore ?

La honte de me voir ainsi rabaissé devant mon ennemi juré m'aide à trouver la force nécessaire pour surmonter ma souffrance. Je relève la tête vers le tueur. 

Tueur de MondesWhere stories live. Discover now