Chapitre 2-4 : Galilée

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( Complexe BMI inconnu Quelques minutes après le Black-Out)

Le soir de l'attaque du Tueur de Mondes, Galilée regarde la série Dexter dans sa cellule. Lorsque tout se coupe, elle s'aperçoit que la porte s'est ouverte. Elle rejoint la salle d'armes dans laquelle elle se cache pour échapper à la vigilance de deux gardes. Elle se croit sauvée quand soudain...  

Une main ferme et brûlante se pose sur mon épaule nue...   

Ma peau s'embrase et se glace. 

Mon arc réflexe veut lancer une contre-attaque mais mon discernement me souffle d'attendre. C'est un conflit titanesque qui se joue en moi. Réflexion et automatismes dansent une gigue effrénée au sein de mon corps... 

Résultat, je reste plantée là, tel un de ces crétins de parasol sur le sable chaud.

Mon premier bug. Au plus mauvais moment, bien sûr. 

Trompé par mon étonnante passivité, l'assaillant en oublie sa vigilance. M'en remettant à mon intuition, plus rapide que Karaté Kid, je m'arrache à sa poigne, effectue un demi-tour sur moi-même, lance en avant une jambe rendue implacable par une de mes nombreuses applications. Mon agresseur et moi, nous tombons contre une étagère de fusils d'assaut. 

Tout dégringole avec un fracas susceptible de ramener à la vie les nombreux cadavres que je crois enfouis sous le Complexe.

Dans les couloirs métalliques, l'écho se propage, encore et encore...

Je me retrouve à cheval sur mon inconnu et me fais plus lourde que je ne le suis dans une tentative bien dérisoire pour l'écraser.

Toutefois le mal est fait.

Malgré la lenteur des influx nerveux entre le pois chiche qui leur sert de cerveau et leurs jambes, mes deux amateurs d'artillerie lourde sont tout de même parvenus à se poser la question à cent sesterces (1) : quel est ce bruit ?

Leurs bottines militaires se rapprochent.

Je m'empare du premier fusil à ma portée. Si l'arme dernier cri est sans doute inopérante, les bonnes vieilles méthodes restent toujours valables ; je m'apprête à l'abattre de toutes mes forces sur le crâne de mon ennemi quand un subtil effluve pin des Landes titille mon odorat sensible ; un programme dans mon cerveau enclenche la touche pause et me stoppe dans mon élan ; je connais l'utilisateur de ce gel douche ! Mais puis-je le considérer comme un ami ?

Mon adversaire, plus aguerri que moi, arrête mon bras d'une main inflexible, s'empare de mon arme et la pose délicatement ; tout en passant ses deux jambes autour de mon corps, il m'enserre la poitrine de son bras dégagé et nous fait effectuer un demi-tour. C'est lui maintenant qui m'écrase à terre de tout son poids ; me voilà dans une position bien délicate... 

Et ambiguë.

— Alors 3.0, on essaye de se faire la malle ! susurre à mon oreille une voix que je connais bien.

J'ai horreur de cette appellation. Je ne suis pas un numéro (2).

Je me tends sous son thorax, plus raide qu'un macchabée dans son armoire réfrigérée à la morgue ; il m'a totalement immobilisée et mon cerveau, curieusement détaché de la sale position dans laquelle se trouve mon corps, accorde la note de vingt sur vingt à la performance de mon assaillant.

Le rythme angoissant des pas qui martèlent le sol se fait désormais plus proche.

— C'est malin, tu as ameuté l'infanterie ! Toujours aussi efficace et dégourdie !

Tueur de MondesWhere stories live. Discover now