Chapitre 2.2 : Samuel

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( Sud Quercy Quelques minutes après le Black-Out)

En vacances dans le Sud Quercy au Tuc-Haut, le château moyenâgeux que Liam et son père rêvaient d'acquérir, Samuel a rencontré Jo. C'est le soir où ils font l'amour pour la première fois que le Voyageur décide de passer à l'attaque...

Tel Harry à Godric's Hollow, j'avance dans l'obscurité, traînant Jo derrière moi. Malgré l'éclat des astres nocturnes, la campagne, d'une épaisseur d'encre, s'étire langoureusement devant nous.

— Attends-moi ! Mais pourquoi tu te dépêches autant ? Y a pas le feu au lac !

Sans même me donner la peine de répondre, je presse le pas. Je devrais la planter.

Là. Toute seule. Dans les bois.

Cette fille est vraiment trop récalcitrante pour tenir le rôle de la petite amie du héros !

— Tu fais encore l'homme des cavernes ! Jo laisse tomber, la voix enjouée. Je me demande bien pourquoi je perds mon temps à traîner avec toi !

Je stoppe net et me retourne. Elle me dévisage, l'incarnation même de la déesse du Foutage-de-Gueule – s'il en existe une.

— Quoi ? elle se défend, hilare. Me dis pas que t'étais pas en train de penser du mal de moi, de la gent féminine en général et tout ça et tout ça !

Je fais mine d'écouter un buisson bruisser. Putain, cette meuf ! On serait dans un Marvel, je dirais que j'ai affaire à une télépathe.

— T'es qu'une grosse mytho ! je riposte sans conviction aucune. Je m'interrogeais juste sur ce qui se passe.

— Ben, elle s'étonne, c'est une panne d'électricité. Vous en avez pas, à Paris ?

Je regarde ma compagne ; je regarde le Voyageur ; je regarde la campagne endormie et l'absence de lumière. Ah ! Si seulement ce n'était que ça...

— Pourquoi ? Jo s'inquiète comme si elle avait lu dans mes pensées, tu crois que c'est quoi, toi ?

J'éclate de rire. Un bien piètre comédien.

— Je suis un adepte des films catastrophe, je dis. Et j'adore me raconter des histoires...

Le vent se lève. Un frisson glacial né au creux de mes reins remonte le long de mon échine jusqu'à ma nuque. Dans l'air froid, les épaules et les jambes nues de Jo se couvrent de chair de poule.

— Mais quand même, elle insiste, suspicieuse, t'es tout bizarre d'un coup. Enfin, encore plus bizarre que d'habitude !

À court de mots, je glisse un bras autour de sa taille et l'attire contre moi, plus ému que je ne le devrais. Tandis qu'elle niche sa tête au creux de mon épaule, je remonte la main dans son dos et l'arrête sur sa nuque que je caresse du pouce.

— Ça crève les yeux, elle murmure, tu me caches un truc !

Un soupir de regret m'échappe. Je sais très bien ce dont il s'agit mais ne le lui dirais pour rien au monde. Elle n'est pas prête. Personne n'est prêt...

Sauf moi.

Mais comment empêcher cette teigne de s'obstiner à me bombarder de ses questions ?

L'embrasser.

Les filles adorent qu'on leur roule des pelles...

Je me penche vers sa bouche.

Elle se dégage en riant et s'éloigne sur le chemin. Je lui emboîte aussitôt le pas.

Tueur de MondesOnde histórias criam vida. Descubra agora