Chapitre 6-1 : Thibaut

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( Paris 5 août  6 h 45)

Le lendemain du Black-Out, Thibaut a découvert dans sa cave une pièce secrète dans laquelle son père avait accumulé un incroyable stock de provisions et dans un vieux coffre-fort, un pistolet ainsi qu'une étrange météorite.

Je serre ma météorite dans les paumes de mes mains réunies. Elle tiédit et je m'en trouve alors étrangement apaisé. Nous baignons dans un singulier halo de lumière bleutée.

Une fois de plus, je me suis réveillé en sursaut ; une fois de plus, j'ai descendu les escaliers vers le bureau de mon père ; une fois de plus, je me suis précipité droit sur le coffre et ai effectué la rotation des disques.

Un grincement sinistre en scande toujours l'ouverture mais aujourd'hui, c'est une lueur froide qui s'en est échappée. Ben oui, ce matin, le couvercle gisait à quelques centimètres de la boîte alors que j'étais sûr, qu'hier, je l'avais soigneusement refermé !

J'ai saisi la pierre. Je m'attendais à être troublé par sa chaleur. C'était sur une boule de glace que je fermais ma main ! Totalement dérouté, j'ai écarté les doigts ; elle est tombée.

Je me suis préparé mentalement à un choc bruyant, à un trou dans la moquette. Ce fut comme si elle avait d'elle-même ralenti sa chute. Elle s'est posée en douceur. Je me suis éloigné d'un bond. Puis attiré par le filet de ses froids rayons lumineux, je l'ai ramassée et ce fut comme si j'avais fusionné avec elle.

J'ai ressenti toutes les émotions du monde, la douleur des hommes, l'exultation de la Terre.

Mais maintenant, tandis que je regarde le soleil apparaître au-delà des collines, mon esprit scientifique reprend le dessus. Il doit tout simplement s'agir d'un composant inédit, d'une expérience de BMI, d'un prototype encore non homologué ou d'une substance extraterrestre inconnue que mon père voulait étudier.

Rasséréné, j'admire le panorama, les maisons alentours qui reprennent des couleurs sous les rayons du soleil levant. La décision s'impose comme une évidence : je dois montrer le caillou à mes amis. Je savoure d'avance l'effet que ma météorite va causer. Mais oui ! Ils dorment tous là !

La mère de Claire soigne maman, j'héberge ses deux filles. Le médecin est rassurée de savoir ses enfants en sécurité ; moi, je suis tranquillisé parce que Claire saura quoi faire en cas de nouvelle crise. Et comme sa petite amie est là, Nicolas s'est carrément installé à la maison.

Son bunker transformé en camp de vacances ! Si papa savait ! Mais c'est à moi désormais qu'il incombe de prendre les bonnes décisions. Et je fais ce que je peux !

Je secoue Rémy qui lève sur moi des yeux bouffis de sommeil, puis me précipite dans la chambre d'amis pour réveiller le couple enlacé.

— Y s'est encore passé quelque chose ? me questionne Nicolas, sur le qui-vive.

— Non ! le rassuré-je. Il faut juste que je vous montre un truc de dingue !

Mon émoi ne fait que l'alarmer davantage. À côté de lui, Claire ouvre un œil et murmure :

— Ta mère, ça va ?

— Pas de souci de ce côté ! Mais faites pas trop de bruit, je ne voudrais pas la déranger.

Elle s'étire, le drap glisse et laisse entrevoir un sein... nu, sur lequel tombe mon œil distrait. Ça ne me fait ni chaud, ni froid. Nicolas, en revanche, a suivi la direction de mon regard.

— Dégage ! braille-t-il. Laisse-nous nous mettre un truc sur le dos ! Arrête de jouer les voyeurs !

Je franchis la porte, perplexe. Dès qu'il s'agit de Claire, mon ami ne se contrôle plus. Comment peut-il être jaloux de moi ?! Aux histoires d'amour et de sexe, je n'y comprendrai jamais rien !

Tueur de MondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant