Chapitre 17-2(b)

215 32 443
                                    

 (Nord Quercy 5 septembre 16h51)

Décidés à attaquer le manoir où Charlotte et Chloé sont retenues captives, nos amis se sont arrêtés sur une aire de repos. Tandis que Thibaut, Nicolas et Liam passent des uniformes impériaux, Galilée oblige leur prisonnier, Maxime, à joindre les siens pour annoncer le retour de son équipe. Depuis sa deuxième première fois ratée, la jeune fille en veut énormément à Thibaut et s'irrite d'un rien, notamment du fait que les garçons mettent trop de temps à enfiler leurs uniformes impériaux. Heureusement, l'un de ses programmes zen semble encore fonctionner. 

Galilée

Rassérénée, je respire un bon coup et rouvre les yeux.

Rien n'a changé. Au contraire même, la situation a empiré : le patricien s'est rapproché de mon rival afin de l'aider à remonter sa fermeture éclair.

— Hé, les normies (1), les interpellé-je durement. Grouillez-vous ! Vous jouez la montre ou quoi ?

La riposte de Thibaut fuse aussitôt, cinglante et à double entente.

— Nous, nous n'avons pas l'habitude d'enfiler des uniformes.

Je pensais posséder de plus grandes réserves de patience qu'un humain lambda, mais je me trompais. Une fureur incommensurable m'embrase les entrailles et l'idée m'effleure de flinguer cet enfoiré.

Pourtant, je n'en fais rien.

Comme si ma main était guidée par une volonté autre que la mienne, je range posément mon .357 Magnum dans mon holster. Mais, fierté obligé, je gratifie toutefois mon optio d'un lever de majeur.

Liam éclate d'un rire cristallin, léger tel un carillon.

— Tu critiques, s'exclame-t-il, mais toi-même, t'es encore en civil !

Prise à mon propre piège, je fais voler mon tee-shirt par-dessus ma tête, détache ma ceinture, enlève mes chaussures, puis retire mon pantalon. Bien que ce soit la deuxième fois en un seul après-midi que je me retrouve en tenue d' Ève, c'est loin d'être pour les mêmes raisons.

Je pivote pour m'emparer de la combinaison que j'ai posée sur le glisseur quand je réalise la densité du silence qui m'entoure. Un simple coup d'œil dans le rétroviseur me suffit pour me rendre compte que je monopolise l'attention générale.

Fière de moi, je m'habille en moins d'une minute chrono, puis m'adosse à la voiture. Ces boloss me prennent sûrement pour une cinglée, mais je n'en ai rien à faire.

Seule compte ma mission. Seule compte ma vengeance. Seule compte Chloé.

Et Thibaut.

Ma putain d'allégeance à ce foutu patricien de merde !

— Nom d'un chien ! l'apostrophé-je. Cet uniforme te va trop bien. Tu es né pour être prétorien !

À peine ces mots ont-ils franchi mes lèvres que je les regrette. J'ai dit la chose la plus blessante possible, dans le seul but de faire mal. Bien sûr, Thibaut se raidit. Toutefois, fidèle à son flegme habituel, il termine tranquillement de harnacher son ami, avant de daigner lever ses yeux vers moi.

Il se prépare à répondre à mon compliment, sauf que Liam ne lui en laisse pas le temps.

— Bordel, vous deux, rage-t-il, vous faites chier. Vraiment.

Jupiter valide-t-il la pertinence de son intervention ? Le tonnerre éclate, pile au-dessus de nous. L'arbalétrier laisse le temps à l'écho de faiblir avant de reprendre plus calmement.

Tueur de MondesUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum