Tueur de Mondes

Chapitre 7-2 : Samuel

( Sud Quercy 20 août 16 h 30)

Samuel, élevé à la mode survivaliste par son père, vit une liaison tumultueuse avec Jo. Bien qu'il refuse cet état de fait, le jeune homme est réellement tombé amoureux de la meilleure amie de Liam. 

Parallèlement à sa vie d'ado, il travaille à percer les secrets de son beau-père et du propriétaire du château. Grâce à une filature digne des meilleurs espions, il découvre que ces derniers dissimulent une véritable armurerie dans les oubliettes du Tuc-Haut.  

Ils sont en train d'admirer les armes quand ils entendent des pas s'approcher...

Nous roulons lentement, sans parler. L'air qui pénètre l'habitacle est sec et brûlant. On dirait que, là-haut, un pizzaïolo extraterrestre a laissé son immense four ouvert.

Quand j'avais proposé cette balade à Jo, j'étais fermement décidé.

Parler. Rire. La chambrer. Nous disputer. Nous embrasser. Nous aimer. Oublier qui j'étais le temps de quelques heures. Être avec elle. Juste cette fille splendide et moi. Loin des autres. Loin du château. Pour la dernière fois.

Mais dès que je l'ai vu s'avancer vers la voiture, toutes mes bonnes résolutions ont chancelé.

Mes yeux se sont baissés sur ses longues jambes bronzées mises en valeur par sa mini-jupe en jean. Ont dévoré sa poitrine serrée sous son débardeur. Se sont retournés vers sa nuque dégagée.

Des idées furieuses ont pris possession de mon cerveau.

— Merde ! Putain ! Merde ! j'ai grommelé en moi-même.

Comment lui faire part de ma décision ? Comment trouver le bon moment ? Que lui dire pour éviter de la blesser sans tout lui dévoiler ?

Je n'ai jamais fait l'effort de réfléchir à ce qui peut se passer dans la tête des meufs. Ça ne m'a jamais intéressé. Alors, aujourd'hui, face au regard de braise de cette fille étonnante, je me trouve totalement désemparé. L'intrépide combattant terrassé par des yeux espiègles. Un vrai cliché !

Encore sous le choc des révélations de mon beau-père, j'ai du mal à réorganiser mes pensées. Bien à l'abri, dans les froides oubliettes du Tuc-Haut, les anciens légionnaires m'ont révélé leur secret. Et m'ont enrôlé dans leur projet.

J'ai une guerre à mener. Un pays à protéger. Des gens à sauver. Je ne dois plus me laisser distraire.

Jo s'ébroue, s'empare de son sac, en extirpe une bouteille d'eau et boit au goulot.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je pourrais tourner brutalement le volant. La bouteille se renverserait. Elle serait adorable dans son débardeur trempé !

— Espèce de salaud ! Tu l'as fait exprès ! crie-t-elle.

Que s'est-il passé ? Suis-je si préoccupé que je ne me suis même pas rendu compte que la Méhari faisait une embardée ? Je me tourne vers elle. Ruisselante. Furibarde. Réjouie.

Si désirable que je comprends que je suis vraiment le roi des cons. De m'être compromis dans une situation inextricable. De vouloir rompre avec elle.

— Et merde ! je ronchonne une fois de plus. Je suis foutu.

Des années d'entraînement, de privation, de solitude. Pour en arriver là!

Elle se tourne vers moi. Le feu qui brûle dans ses prunelles enflamme tout mon corps.

— T'as pas soif ? elle me demande, d'une voix pleine de promesse.