Chapitre 43

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La porte s'ouvrit. Trois têtes passèrent par l'entrebâillement. Lorsque je croisai leurs regards, ils se précipitèrent vers moi. Mes amis m'étouffèrent de leurs embrassades et je riais de plaisir. Je les retrouvai enfin, et nous avions beaucoup de choses à nous raconter après ces quelques lunes de séparation.

Comme nous tous, Wynie avait grandi, mais je constatai qu'autre chose avait changé en elle sans arriver à déterminer de quoi il s'agissait. Son frère semblait en pleine forme et Corwen également. Ils semblaient tous les deux s'être musclés et lorsque je leur en fis la remarque, ils me répondirent avec fierté que c'était le résultat de leur entrainement avec le maitre d'armes du château accompagné de Dame Nokt. Wynie ajouta que Meywen était un vrai chevalier maintenant. Je regardai le prince avec admiration et respect.

« Le seigneur Lanwenech' a insisté, dit-il comme pour s'excuser. Et puis, cela sera plus facile pour détrôner Wency.

− Ainsi, c'est votre projet ? m'étonnai-je.

− Dans quelques temps, tempéra Corwen. Nous ne sommes pas encore prêts.

Je m'adressai à Wynie :

− Vous voilà bientôt reine, princesse.

Elle rougit.

− A vrai dire, je laisserais volontiers ma place. Mais beaucoup de choses peuvent arriver avant que cela ne se réalise. On peut peut-être arriver vaincre la Lechwyna pour de bon, et Wency peut retrouver un peu de raison, par exemple.

Son frère se moqua :

− Tu rêves ma grande ! A aucun moment de sa vie, Wency n'a montré un quelconque penchant pour la raison ou la miséricorde ; quant à la sorcière, je pense que si Grimelin et Milwen n'en sont pas venus à bout lorsqu'ils étaient ensemble dans le désert de Feu, elle n'est pas près de disparaître définitivement !

− Les nouvelles sont allées vite, à ce que je vois, remarquai-je.

Corwen acquiesça, puis expliqua :

− Dès que vous êtes arrivés au château l'autre nuit, nous avons voulu savoir ce qu'il s'était passé. Grimelin était encore fatigué mais dès le lendemain, il nous a conté les évènements par le menu ; comment et pourquoi il s'est retrouvé dans le Draï n' flech' face à la sorcière, ce qu'il y avait vécu, ton arrivée inopinée et ton inconscience qui lui a sauvé la vie, nous a-t-il dit.

Je m'étonnai :

− Grimelin était conscient lorsque nous sommes arrivés ?

− Oui, répondit Wynie. Il s'est réveillé peu de temps après que Nokt et le seigneur Lanwenech' vous aient retrouvés. Lorsque tu t'es propulsé hors de lui pour le protéger de la sorcière avec cette espèce de bouclier, tu as brûlé une grande quantité d'énergie. Dès que la sorcière a reçu en retour sa propre magie, comme un boomerang, tous ses sorts ont été anéantis, et Grimelin est sorti de son inconscience. En ce qui te concerne, nous a-t-il dit à ce moment là, tu avais seulement besoin de te reconstituer des réserves, et pour cela rien de mieux que le sommeil.

Je hochai la tête en signe de compréhension. Un silence s'installa entre nous. Corwen le rompit pour m'informer d'une grande nouvelle :

− Sais-tu que mademoiselle a révélé sa magie ?

Je me souvins des quelques flocons qu'elle m'avait montrés avant son départ de Lach'khan, et compris qu'elle m'avait alors réservé la primeur de la nouvelle concernant la révélation de son don. Avec un clin d'œil discret vers la princesse, je jouai l'étonnement :

− Ah ? Je me réjouis pour vous, princesse.

− Cesse de m'appeler princesse, sinon je t'appelle la Souris. Je ne suis rien qu'une gamine réfugiée dans ce château aux bons soins du père de Corwen.

Une fois de plus je m'étonnai de sa lucidité.

A ce moment là, je vis deux petits yeux noirs sortir de sa manche. Wynie m'expliqua :

− Elle est arrivée le soir même de votre retour. Elle a tenté de te réveiller à de nombreuses reprises.

Je connaissais la procédure de réveil de Milie, et me touchai machinalement le lobe des oreilles. Ils étaient sensibles et un peu douloureux. Milie avait vraiment dû insister !

A ce moment, on toqua à la porte de nouveau.

Owen pénétra dans la pièce, portant un plateau chargé d'un pichet et de plusieurs verres. Le vieux serviteur s'approcha du lit :

− Je suis heureux d'apprendre votre retour parmi nous, me dit-il obséquieusement.

Je souris.

− Je pense que nous nous avons vécu suffisamment de choses ensemble pour oublier les bonnes manières, répondis-je en ouvrant mes bras.

Il se pencha alors vers moi pour m'embrasser, visiblement ému.

Corwen décida alors de se charger du service.

− Qui a envie d'un jus de daralach' à la menthe ? »

Tout le monde s'empressa de répondre, et nous passâmes le reste de l'après midi à nous raconter ce qu'avait été notre vie pendant ces quelques lunes de séparation.

Terre de Sorciers- Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant