Chapitre 16

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La suite des évènements fit en sorte que je finis par oublier l'existence même de mon calepin secret pendant un long moment car cette période de calme relatif et d'équilibre prit fin une nuit quelques temps plus tard, lorsque Mina, surgit au milieu de mes rêves, affolée, ne prononçant qu'un seul mot :

− Viens !

Puis me prenant par la main, elle m'entraîna dans un tourbillon nauséeux. Jamais encore lors de mes voyages en sa compagnie je n'avais ressenti une telle sensation.

En un instant tout s'arrêta. Je repris mes esprits et observai l'endroit où elle m'avait déposé. Nous étions dans une habitation, visiblement, ou peut-être même une sorte d'auberge car il y avait plusieurs tables et bancs. Mais il n'y avait apparemment aucun client. J'ignorais dans quel monde Mina nous avait emmenés cette fois. A en juger par l'impression bizarre que j'avais ressentie pendant notre déplacement, ce devait être un endroit encore inconnu pour moi et je m'attendais à tout. Mais je ne m'attendais aucunement à ce que je vis : allongée au sol, le corps d'une femme, face contre terre, baignant dans une mare de sang. Cette vision me figea.

Mina sanglotait :

− Fais quelque chose, elle va mourir ! Personne ne m'entend, personne ne veut l'aider.

Ses pleurs me firent réagir. Prenant mon courage à deux mains, et une grande inspiration en même temps, je m'approchai du corps et écoutai. La femme respirait encore faiblement, mais elle n'en avait plus pour longtemps. Quelque chose en elle me semblait familier, mais ses cheveux défaits cachaient la seule partie visible de son visage, et vu son état, je n'osai la toucher.

Mina continuait de pleurer. Je ne comprenais pas pourquoi elle était si bouleversée. Elle savait ce qu'était la mort, elle n'avait plus aucune raison d'en avoir peur que ce soit pour elle ou pour quelqu'un d'autre.

« Va chercher Grimelin, il comprendra, il saura, me pressa-t-elle.

− Mina, je ne peux pas déranger le Premier Sorcier comme cela. C'est triste, mais des gens meurent tous les jours. Il ne peut sauver tout le monde. Et puis il est trop tard de toute façon.

− Non, il n'est jamais trop tard ! cria-t-elle.

La violence de sa réaction me fit sursauter.

Mais Mina continuait :

− Elle ne peut pas mourir, ma MERE ne PEUT pas mourir !

La surprise m'arracha un hoquet.

− Quoi ? Ta mère ?

Je tournai le visage et regardai alors plus attentivement la femme en train de mourir. Je m'approchai un peu plus près, et soulevant les cheveux épars et poisseux de sang, scrutai ses traits déformés par l'approche de la mort. Et je la reconnus.

Je me relevai d'un bond, et pour la première fois, donnai un ordre à Mina :

− Emmène moi chercher Grimelin. » 

Terre de Sorciers- Tome 1Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang