Chapitre 37

13 0 0
                                    

Nous courûmes à travers un dédale de couloirs que je ne connaissais pas. Nokt avait trouvé une torche et je suivais sa lueur, comme hypnotisé. Je ne comprenais pas ce qu'il s'était passé, et je n'étais pas sûr que la sorchevalière en sache plus que moi.

De partout, nous parvenait un tumulte de cris et de blocs de pierre s'écroulant les uns sur les autres. J'ignorais pourquoi et comment, mais quelqu'un tentait de détruire les bâtiments.

Dame Nokt parvint malgré tout à nous faire passer par des endroits dont les murs tenaient encore debout

Je reconnus enfin dans le couloir où nous nous trouvions, une porte devant laquelle j'étais passé des centaines de fois au moins. J'entendis Dame Nokt murmurer quelques mots en langue ancienne, et un passage s'ouvrit, dans un panneau juste à côté de la porte. Malgré la confusion qui m'avait envahi devant la soudaineté de cette incompréhensible situation, je trouvai encore la force de me réjouir : je savais bien qu'il devait y avoir des passages secrets dans cette bâtisse !

Nokt me fit signe de passer en premier et elle referma le panneau derrière nous.

« Et Grimelin ? demandai-je.

− Il nous rejoindra plus tard. »

Je n'osai poser plus de questions, j'aurais surement des explications lorsque nous en trouverions le temps. Je commençais à avoir l'habitude.

Nous débouchâmes en pleine forêt, à l'extérieur de Lach'Khan'. La nuit était claire et glaciale. Fort heureusement, les capes faisaient partie de notre tenue d'apparat, et je remerciai en silence le bon goût de Grimelin en la matière, qui avait préféré l'utile à l'agréable, en choisissant un lainage à la place de ces tissus mordorés dont j'ignorais le nom mais qui quoique fort chatoyants ne me semblaient pas protéger du froid outre mesure.

Nokt murmura de nouveau quelques paroles impénétrables, et je devinai à ses gestes qu'elle protégeait notre aura. Je n'osai comprendre ce que cela impliquait. Grimelin m'avait dit qu'il m'emmènerait étudier à l'école de sorcellerie dès que je serais capable de dissimuler mon aura à la lechwyna. Etait-il possible que la sorcière noire ait trouvé l'école des sorchevaliers malgré ses solides barrières magiques ? Etait-il possible qu'elle ait osé s'y attaquer ?

Nokt me fit signe de la suivre. Elle se mit à courir et j'en fis autant. Cela me réchauffa rapidement, et, alors que je commençais à m'essouffler, nous arrivâmes devant un arbre à sorciers. Nokt, une fois encore, murmura une formule incompréhensible qui dévoila une porte dans le tronc.

Nous entrâmes et elle poussa un soupir de soulagement.

La première sensation qui m'assaillit en pénétrant dans l'arbre, fut celle du bien être. Je m'aperçus alors que cela venait sûrement de la douce chaleur qui régnait au cœur du végétal. Il n'y avait pourtant aucun feu, cela eut été une folie dans un tel logis, mais la sensation était là. Je regardai autour de moi. Le tronc était creux et suffisamment aménagé pour que l'on puisse se cacher quelques jours. Une table et deux chaises taillées grossièrement trônaient au milieu de l'espace, et tout autour, quelques trous supplémentaires creusés dans l'énorme tronc formaient des alcôves suffisamment grandes pour qu'un homme s'y allonge. Une fois encore, les ressources des sorciers me stupéfiaient. J'avais beau vivre sur cette terre de magie depuis ma naissance, il me semblait que j'en ignorais tout.

Dame Nokt crut bon de préciser :

« Nous sommes à l'abri pour cette nuit. L'arbre nous préserve des sorciers noirs. C'est heureux, car je ne pourrais maintenir cette protection pour deux pendant des heures, crois-moi, petit.

Terre de Sorciers- Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant