Chapitre 41

11 0 0
                                    

Cela faisait longtemps que je n'avais pas rêvé d'elle, et elle choisit ce moment pour réapparaître.

Je me retrouvai brusquement auprès d'elle. Elle sursauta lorsque j'arrivai. Elle se retourna, visiblement consciente de ma présence, mais ne me vit pas. Elle frissonna. Elle était adulte désormais, et cela confirma mon hypothèse selon laquelle le temps n'était pas le même dans son monde que dans le mien. Elle était jeune malgré tout et désespérément seule avec ses angoisses. Le seul point positif à cet état était que plus personne ne se moquait d'elle ni de ses visions. Elle écrivait et je lus par dessus son épaule. Je savais cela indiscret et je ne m'attendais pas à comprendre grand chose car je savais que ce monde connaissait différentes langues et dialectes tous différents de ce que l'on connaissait sur Lanlach'. A ma grande surprise, pourtant, les mots prirent un sens dès que je les lus. Ils étaient empreints d'une grande tristesse. Je n'y connaissais rien, mais c'était visiblement un poème.

« Seule en compagnie de ma solitude

Amie de toujours, fidèle et sans fard,

Envahissante confidente, jalouse et aimante

Compagne assidue de mes heures perdues

Où mon esprit, dans son désespoir,

Rêve de sentiments qu'elle m'assure dérisoires.

Ô toi, l'exécrable amie

Toi qui depuis si longtemps me poursuis,

Toi qui par ton égoïste nature

Repoussas la moindre d'amitié

La moindre étincelle amour,

Pour me protéger

Pour me tuer ;

Me laisseras-tu enfin en paix un jour?

Permettras-tu au moins une fois

Que je sois heureuse ici-bas ? »

Elle revint ensuite régulièrement au cours de ce long sommeil. Je la trouvai toujours seule, dans un endroit qui était visiblement son refuge, une pièce meublée d'objets étranges dont j'ignorais le nom. Je tentai de la rassurer par ma présence, mais à chaque fois, son angoisse semblait plutôt monter d'un cran. J'abandonnai donc mes tentatives.

Une fois, cependant, tout changea.

Comme d'habitude, je la trouvai au même endroit, mais quelque chose était différent. Tout d'abord, je ne compris pas pourquoi ; c'est alors que je le vis. J'aurais reconnu son ombre entre mille : Dech'Morh', était là lui aussi. Le mage noir que Grimelin avait dû affronter pour me défendre dans le désert de feu, alors que j'avais été emporté par le cristal de Nach' trouvé dans cette salle secrète des souterrains du château, surveillait Maïwyna ! Pourquoi ? A sa vue, mon sang s'était glacé.

Il me vit, me sourit et me salua d'un air ironique sans rien dire. La jeune fille se retourna, elle semblait inquiète, et je devinai qu'elle tentait de se rassurer : elle n'avait aucune raison de s'angoisser, elle était seule, comme d'habitude. Je savais que je ne pouvais rien faire pour la rasséréner, mais je me jurai de faire tout mon possible pour empêcher qu'il lui arrive quoi que ce soit, maintenant que je savais que ce sorcier de malheur connaissait son existence. J'avais à peine formulé ma pensée, qu'un rire retentit dans mon esprit :

« Tu as le bonjour de la Lechwyna, sorcier ! »

Et il disparut.

Terre de Sorciers- Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant