Chapitre 18

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Nous marchâmes quelques temps en silence jusqu'à ce qu'Owen se retourne en me regardant d'un air malicieux.

« Je le savais bien ! S'exclama-t-il.

− Quoi ? M'étonnai-je.

− Ce vieux Grimelin ne fait rien sans une bonne raison. J'ai tenté de savoir et de comprendre à plusieurs reprises pourquoi il t'avait pris sous son aile.

− Il l'a dit lui-même : il a fait une promesse à mon père, paraît-il.

− Oui, ça, je l'ai entendu, et c'est ce qu'il n'a cessé de me répéter à chaque fois que je lui ai posé la question. Mais je le connais mieux que quiconque depuis le temps que je suis à ses côtés, et je sais qu'il a toujours une bonne raison de faire les choses. La vraie question en ce qui te concerne n'est pas de savoir pourquoi il, t'a pris sous son aile, mais pourquoi il a accepté de faire une telle promesse à ton père.

− Pour moi, rétorquai-je, la vraie question est surtout de savoir pourquoi un sorcier renommé connaissait un simple soldat comme mon père, au point de lui promettre de prendre soin de moi.

− Réfléchis, petit. Notre Maître n'a pas promis de s'occuper de la famille de ton père, ou de tous ses enfants. Il lui a juste promis qu'il s'occuperait de toi.

− Je ne vois pas ce que cela change. Et puis, qu'en sais-tu ? Peut-être que Grimelin s'est aussi préoccupé du sort de ma mère et mes sœurs.

− Eh bien, je sais qu'en dehors d'une somme rondelette qu'il m'a fait remettre au reste de ta famille juste après ton arrivée au château, il s'en est totalement désintéressé. Or, avant cela, il donnait de l'argent à ta mère très régulièrement.

− Ca veut dire quoi, ça, rétorquai-je, un peu mal à l'aise.

− Ca veut dire, petit, que tout ce qui l'intéresse c'est toi. Que ça te plaise ou non, je sais ce que je vois, et je connais Grimelin. J'ignore comment, mais il savait que tu possédais le Don, et il savait qu'il était suffisamment puissant pour que cela nécessite qu'il te prenne sous son aile.

− C'est idiot, dis-je en haussant les épaules.

Owen s'esclaffa :

− On peut dire que tu es têtu, toi ! Sais-tu combien de sorciers au monde sont capable de faire ce que tu viens de réaliser ? Cinq ! Seulement cinq ! Et ils ont tous mis des années à acquérir la discipline et la maîtrise de la magie indispensables à cet exploit. Le seul avant toi qui ait su allumer un feu de ses mains de façon spontanée n'était autre que le Grand Wen, lui-même ! »

Tout ce qu'il me disait, je le savais ; Mais je me refusais à admettre l'évidence. Je ne voulais pas de ce don. Je n'étais pas sûr que ce soit vraiment une bonne chose pour moi.

Lorsque je repris la parole, je chuchotais presque :

« Ca veut dire que je vais devenir un sorcier ?

− Mais bien sûr, s'exclama gaiement Owen. Etant donné la force de tes pouvoirs, c'est forcément ton destin ! C'est parce que tu as un immense talent que Grimelin veut t'enseigner son savoir ! Je suis certain que tu deviendras un sorcier renommé !

− Je ne suis pas sûr d'en avoir vraiment envie, protestai-je à mi-voix.

Owen cessa de sourire brusquement.

− Tu n'y es pas du tout, petit, me répondit-il. Il ne s'agit pas de vouloir ou pas. Si la Nature t'a choisie pour ce don d'une force exceptionnelle chez toi, c'est qu'elle a de bonnes raisons. Ce n'est pas toi qui choisis ; tu dois te plier à ce que la Nature a décidé pour toi. »

Terre de Sorciers- Tome 1Where stories live. Discover now