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Corwen partit le lendemain. Meywen et Wynie avaient décidé de partir avec lui sur les instances du seigneur Lanwenech', qui s'était dit honoré de pouvoir les accueillir malgré le traitement que leur frère avait réservé à son fils. Le père de Corwen avait compris la rancœur que les enfants royaux nourrissaient à l'encontre de leur demi-frère ; il avait compris en parlant avec eux, que ces enfants avaient beau être ceux de son ennemi, ils avaient souffert bien plus que l'on aurait pu l'imaginer, et il en avait été ému. Il s'en était ouvert à Grimelin qui avait alors donné son accord pour leur départ. Le seigneur Lanwenech' avait juré d'assurer leur protection contre le Roi et sa sorcière. C'était le vieux sorcier qui m'avait expliqué tout cela, alors que je me lamentais sur leur départ. Il m'avait précisé aussi qu'Owen et Dame Nokt les accompagneraient pour leur sécurité et resteraient quelques temps au château également.

Un à un ils vinrent me dire au revoir, en me promettant de revenir me voir dès qu'ils le pourraient. Owen me serra dans ses bras. J'avais compris depuis longtemps que pour des raisons pratiques à Wenlach', il avait endossé le rôle de serviteur, mais sa relation avec Grimelin était bien au dessus de cela, car ils étaient avant tout des amis de longue date. Les apparences, maintenant que nous étions loin de Castelach' n'avaient plus aucune importance, et leur attitude l'un envers l'autre était franchement amicale et laissait transparaître le respect et l'affection mutuelle qu'ils se portaient. On ne pouvait s'empêcher de penser en les observant qu'ils avaient dû affronter des moments difficiles côte à côte.

Nokt vint ensuite me faire ses adieux. Elle ne put s'empêcher de verser une larme. Je la voyais désormais comme la sorchevalière qu'elle était, mais son émotion me rappela qu'elle avait aussi été la cuisineuse affectueuse auprès de qui j'avais aimé me réfugier lorsque celle que je croyais être ma propre mère me négligeait ou me maltraitait ; elle restait pour moi, avant tout Dame Galwyn, la mère de Mina.

Puis Meywen arriva à son tour, me jurant qu'il n'oublierait jamais ce que j'avais fait pour sa sœur et lui. Il m'assura que l'on se reverrait bientôt. Je voulais croire à ses promesses de toutes mes forces, mais, je dois bien avouer que j'étais intimement persuadé du contraire. Certes, j'avais découvert mes pouvoirs, et j'avais montré de quoi j'étais capable, mais je restais Milwen, la Souris pour les cuisineux, et le Petit de Grimelin, son serviteur, même s'il semblait me considérer bien plus que cela, j'avais été élevé par une lingeuse et un soldat ; je ne pourrais jamais être l'ami officiel des enfants royaux.

Corwen vint ensuite. Il ne put prononcer un mot. Il avait appris comment on était venus à son secours ; il avait appris ce que ma magie avait fait pour lui, Grimelin sans doute s'était chargé de ces révélations. Nous avions eu le temps de nous dire tout ce que nous pouvions. Le reste passa dans son regard. Il me serra très fort contre lui et me murmura :

« A bientôt la Souris. »

Son père le suivait. A mon grand étonnement, il me serra aussi contre lui. Je ne m'attendais pas à ce qu'un grand seigneur comme lui adopte cette attitude avec moi.

« Tu peux venir à Lanwenech' quand tu veux, Milwen, tu seras traité comme un fils de la maison. Corwen m'a dit ce que tu as fait pour lui, et je t'en serai à jamais reconnaissant. »

Je m'inclinai gauchement en signe de remerciement.

Wynie enfin arriva. Elle pleurait à chaudes larmes.

« Tu vas me manquer », dit-elle.

Elle ferma les yeux, et leva sa main, paume vers le ciel. Un flocon de neige virevolta autour de ses cheveux noirs et se posa au milieu de sa paume. En souriant, elle l'attrapa de nouveau et, referma sa main. Lorsqu'elle la rouvrit, je vis naître le flocon dans sa paume.

Terre de Sorciers- Tome 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora