Chapitre 25

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Aussi vite que la Lechwyna lui avait dit de souffler, le vent nous emportait. Après les premiers instants mêlés de surprise et d'effroi, le plaisir et le soulagement l'emportèrent. Meywen avait retrouvé ses esprits dès que la sorcière avait perdu son emprise sur lui et Wynilliah' avait ouvert les yeux alors que nous traversions un nuage. Son émerveillement, comme le nôtre était total. Comme tout enfant, elle vivait dans l'instant présent, et elle riait de bonheur, ayant, pour l'heure, oublié les récents évènements.

Tels les oiseaux, nous volions, et cette sensation était assurément grisante pour chacun de nous.

Notre atterrissage le fut beaucoup moins.

Durant tout ce temps, j'avais uniquement eu à l'esprit l'image de l'auberge de Dame Galwyn. A aucun instant je n'avais pensé au lieu d'atterrissage, si bien que le vent s'arrêta brutalement dès que nous vîmes l'auberge telle que je me la représentais dans mon esprit. Nous atterrîmes pêle-mêle sur la terre poussiéreuse du chemin qui nous accueillit plutôt brutalement.

Il n'avait pas plu ici, et je supposai alors que la pluie dont nous avions souffert la journée précédente avait été provoquée par la Lechwyna. Je la savais capable de tout. Quelque part dans mon esprit, je m'étonnai d'avoir pu lui échapper. Elle avait été capable de nous repérer au milieu de la forêt grâce à la magie que j'avais employée pour allumer un feu, pourquoi dans ce cas n'avait elle pu nous suivre avec le vent ? Il me semblait évident que, même si j'en ignorais le pourquoi et le comment, j'avais usé de magie pour le dompter.

Une fois remis de nos émotions, nous fîmes les quelques pas qui nous séparaient de la porte, et pénétrâmes dans l'auberge.

Notre entrée poussiéreuse fit sensation, et les quelques clients du moment se turent pout nous regarder entrer.

J'aperçus un petit groupe de soldats royaux en train de boire un pichet de vin, et priai le Grand Wen que les recherches dont nous avions fait l'objet n'aient pas atteint leurs oreilles.

Dame Galwyn sortit de la cuisine à ce moment là en portant un plateau chargé d'assiettes et de pain. Lorsqu'elle nous aperçut, je lus la surprise dans ses yeux, mais rien d'autre dans son attitude ne la laissa transparaître. Elle passa devant nous comme si nous étions des clients ordinaires, et d'un signe du menton, nous indiqua d 'aller nous asseoir au fond de la salle, à l'opposé des soldats.

Le plateau qu'elle amenait était pour eux, et une fois qu'elle eut fini de les servir, elle vint nous voir.

« Qu'est ce que ce sera pour ces jeunes gens ? demanda-t-elle à voix haute. Puis elle chuchota à toute vitesse :

− Je vous sers trois verres de lait avec une miche de pain, quand vous avez fini, vous sortez par devant, et venez me rejoindre derrière.

Elle reprit bien haut :

− Trois verres de lait et une miche de pain pour ces messieurs dames ! Ca marche !

Les clients avaient repris leurs conversations sans faire plus attention à nous, et nous pûmes nous restaurer tranquillement. Wynilliah' était tout excitée.

Comme elle commençait à parler d'une voix assez forte, Meywen mit un doigt sur sa bouche pour lui signifier la discrétion.

Ce fut donc à voix basse qu'elle demanda :

− Elle a beaucoup changé, mais ne serait-ce pas l'ancienne cuisineuse de Wenlach ? Il me semble reconnaître son visage. »

Meywen, par un simple regard renouvela la question.

Terre de Sorciers- Tome 1Where stories live. Discover now