Chapitre 26

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Dame Galwyn nous demanda de nous emparer discrètement de quatre des chevaux appartenant aux soldats qui se restauraient toujours dans l'auberge. Ils seraient certainement furieux lorsqu'ils s'en apercevraient, sûrement plus encore s'ils découvraient que des personnes recherchées activement par le Roi lui-même, étaient responsables de ce vol.

Pendant ce temps, ainsi qu'elle nous l'avait dit, la sorchevalière s'en fut discrètement donner quelques ordres avant notre départ.

Lorsqu'elle revint nous trouver, elle avait changé de vêtements. Ses jupes s'étaient muées en un large pantalon de cuir, bien plus pratique pour chevaucher, et ses cheveux grisonnant avaient été remontés sous un chapeau à large bord. Elle avait aussi échangé son couteau de cuisine contre une épée dont le fourreau pendait à son côté. Je gageai en mon for intérieur que cette épée recelait quelque peu de magie...

Wynilliah' était si surprise de toutes ces transformations qu'elle en restait bouche bée. La cuisineuse qu'elle avait toujours connue était désormais méconnaissable dans sa nouvelle tenue. Quant à Meywen, bien qu'il fût plus discret, je vis malgré tout l'étonnement se peindre sur son visage.

Pour ma part, ce changement ne me semblait plus aussi étrange. J'avais déjà vu Dame Galwyn ainsi vêtue, et je l'avais aussi, une certaine nuit, vue se battre ; mais je savais intuitivement qu'il me fallait garder le secret à ce sujet.

Nous fîmes de notre mieux pour partir discrètement mais cela ne suffit pas.

Alors que nous nous dirigions vers la forêt qui se poursuivait derrière l'auberge, le groupe de soldats que nous avions remarqués à l'intérieur nous barra la route. Leur armement, une grande dague à la ceinture et un bâton de combat attaché dans leur dos, m'apprit qu'ils n'étaient que de simples soldats en mission de routine. Ils n'avaient pas pris le temps de monter sur les chevaux que nous leur avions laissés, et voyant cela, Dame Nokt partit au galop en nous criant de foncer.

Je l'ai déjà, dit, j'étais un bien piètre cavalier, mais Wynilliah', bien plus jeune que moi ne fit pas partir son cheval assez vite, et l'un des soldats eut le temps d'attraper la bride de sa monture qui rua, éjectant la princesse de sa selle.

Un autre soldat la prit à bras le corps. Wynie hurla en tentant de le mordre, mais l'homme bien plus fort qu'elle se contenta de la serrer plus fort en la bâillonnant de sa main.

Nous n'avions pas le choix, nous ne pouvions leur laisser la petite.

Nous fîmes donc demi-tour.

« R'gardez donc c'que l'vent nous amène ! s'exclama celui qui semblait le chef.

− Des gamins qui volent nos chevaux aidés d'une aubergiste ! reprit-il.

− J'me disais bien qu'vot petit manège cachait quèqu'chose. Trois gamins tout crottés qu'arrivent de la forêt sans même un adulte pour les accompagner. L'aubergiste qui les accueille comme si de rien n'était. Et puis qu'les vlà r'partis sans payer, sans qu'l'aubergiste elle dise rien. Et vlà qul'aubergiste, elle r'vient du puits et qu'elle va s'changer en t'nue de voyage ! Vous avez voulu être discrets, mais j'ai l'œil ! On m'la fait pas à moi ! Vous êtes bien organisés pour voler les ch'vaux. Vous les r'vendez, je suppose après, hein ? Mais tout ça, ça marche pas avec moi, par Wen, j'suis pas né de la dernière pluie. Alors maintenant, fini de rigoler. Descendez de là et rendez nous nos chevaux ! ordonna-t-il. »

A ma grande surprise, je vis Dame Nokt obéir lentement. D'un regard, elle nous invita à faire de même.

Terre de Sorciers- Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant