Chapitre 06

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Les jours passèrent. L'épidémie de rêves rouges commença à reculer. Les gens mouraient moins. C'était d'ailleurs ainsi que l'on avait appris par le passé comment se manifestait la maladie. Au bout d'un certain temps on avait remarqué que celle-ci finissait par s'épuiser. Les gens continuaient à faire des rêves rouges mais leur corps ne mourait plus, ils se contentaient de prendre quelques années en une nuit. Les sorciers avaient fini par comprendre qu'ils pouvaient mesurer la force de la maladie selon les années que les malades prenaient en une nuit. Mais d'une façon ou d'une autre vieillir de façon accélérée épuisait les malades, et même s'ils finissaient par s'en remettre, cela leur prenait parfois plusieurs lunes.

Le Prince était tombé malade vers la fin de l'épidémie, mais il s'était contenté de ne vieillir que de quelques mois. Corwen après quelques espoirs coupables, passibles de haute trahison, en avait été atterré. Wenceslach' étant encore jeune et vigoureux, s'en était remis très rapidement, au grand dam de mon ami qui avait espéré un peu de répit.

Nous ne savions pourquoi l'un et l'autre, nous n'avions pas été touchés. Les sorciers disaient souvent que ceux qui échappaient à cette maladie devaient posséder un peu de magie en eux, même s'ils l'ignoraient.

J'avais du temps devant moi et j'avais chaud.

Je retournai voir plusieurs fois Dame Galwyn, et nous avions établi une sorte de rituel : nous buvions une infusion en parlant de tout et de rien. Mes visites semblaient lui faire du bien ; il me semblait qu'elle souriait de plus en plus souvent, son visage s'éclairait lorsqu'elle m'ouvrait la porte, et je trouvais moi aussi un peu de réconfort à lui tenir compagnie.

Je venais quand je pouvais, sans aucune régularité. Pourtant, un soir, elle semblait m'attendre. Elle avait fait chauffer de l'eau, et, pour mon grand plaisir, cuisiné mes gâteaux préférés : des sablés au miel et au gingembre. Cela faisait des lunes que je n'en avais pas mangé.

Elle me tendit un petit plat rempli des pâtisseries en souriant :

« Il m'a semblé me souvenir que tu les aimais bien ! »

J'en avais déjà plein la bouche, et ne pus que me contenter de hocher la tête de façon véhémente, afin de confirmer ses dires. J'étais heureux aussi parce que c'était la première fois depuis que je venais la voir, que je la voyais cuisiner de nouveau. C'était un signe d'amélioration en ce qui la concernait et cela me comblait de joie.

Lorsque j'eus dévoré les gâteaux et bus quelques gorgées brûlantes pour faire passer le tout, elle m'annonça :

« Mon petit, je m'en vais demain matin.

J'eus un moment d'incompréhension :

− Que voulez-vous dire. ?

Elle me regarda dans les yeux :

− Tu as très bien compris : je pars. J'ai préparé mes affaires. Il n'y a pas grand chose car je vais voyager à pied, mais j'ai le nécessaire. »

Je jetai un coup d'œil dans la pièce. Effectivement, je n'y avais pas fait attention jusque là mais un grand sac de cuir neuf reposait par terre, et semblait prêt à craquer tant il avait été rempli.

Dame Galwyn m'expliqua :

« Tes visites m'ont fait beaucoup de bien, petit. Je ne peux rester plus longtemps dans cette ville où tout me rappelle ma petite Mina. On m'a proposé du travail dans une auberge, j'ai pensé que c'était un signe et j'ai accepté. C'est au moins un point de départ pour me renseigner au sujet de sa mort.

Terre de Sorciers- Tome 1Where stories live. Discover now