Terre de Sorciers- Tome 1

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Ce n'est qu'à la fin de mes pérégrinations que je connus Moloch'. Il était encore très jeune, un enfant, mais la magie coulait en lui aussi sûrement que l'astre de feu se lève le matin, et que les lunes succèdent aux lunes. Il était puissant, cela se sentait dès qu'on s'approchait de lui, mais, au lieu de voir en lui un possible ami, mon instinct me prévint d'emblée, et ce fut la méfiance qui prévalut. J'avais eu le temps d'apprendre au cours de mes voyages qu'il existe en ce monde nombre de personnes prêtes à tout pour une parcelle de pouvoir sur leurs semblables. Des personnes sans honneur, sans parole, sans compassion. Il était de ceux là, mais en lui en plus était le Don. Il était d'une puissance comparable à la mienne, et si j'avais décidé de mettre le mien au service de la Nature pour le bonheur de mes semblables, il avait lui, opté pour une philosophie contraire.

Lorsque je le quittai en paix, la première fois, je savais que quoique je fasse, j'aurais un jour à le combattre.

Tout au long de ma vie, j'entendis parler de lui, des ses pouvoirs qui grandissaient, de sa soif de reconnaissance, et aussi malheureusement, de la noirceur de son âme. Tout ce que j'entendais venait confirmer mes premières impressions qui dataient pourtant de nombreux cycles. J'avais espéré sans y croire vraiment toutefois, qu'il changerait en vieillissant, et comprendrait quelle était la bonne voie.

Cela ne fut pas. Au lieu de cela, il me mit au défi.

Malgré ma tristesse à l'idée de devoir affronter un de mes semblables, je savais que cela arriverait ; il ne pouvait en être autrement.

Ce jour là arriva, un peu trop tardivement à mon goût, cependant. Ma vie avait déjà été très longue, et j'avoue que je redoutais ce combat, même si je l'avais toujours su inéluctable.

Moloch', à cette époque avait déjà fait des émules, et, avait fait savoir à qui voulait l'entendre qu'il allait m'anéantir en combat magique singulier.

Je n'ai jamais aimé me montrer en spectacle, ni faire étalage de mon Don ; il comptait là-dessus pour me déstabiliser.

Ce jour là, il y avait foule au rendez-vous que nous avions fixé.

Mais j'en avais vu d'autres.

Dès le début, il m'attaqua à pleine puissance, tentant d'anéantir tous mes sens et d'en finir au plus vite. C'était sa stratégie, pas la mienne, mais j'en avais appris suffisamment lors de notre première entrevue à son sujet pour deviner quelle serait sa façon d'agir lors de notre affrontement.

Il me jugeait vieux et fatigué, ce qui n'était pas tout à fait faux, mais il avait sous estimé ma puissance et ma résistance.

C'est à l'usure que je l'ai eu.

On le sait, il faut du temps pour régénérer la magie ; le corps ne fait pas cela instantanément. Or, il misa tout sur sa puissance, voulant au passage faire montre de l'étendue de ses pouvoirs, et son corps ne résista pas. Il finit sa vie sans une once de magie ; il avait voulu aller trop loin et avait épuisé toute étincelle de pouvoir en lui. Je n'aurais jamais imaginé que cela fut possible.

Certains me reprochèrent de ne pas l'avoir tué. Mais cela a toujours été contraire à mes principes. Si la nature décide de l'existence de certains êtres, elle a ses raisons. Qui sommes nous pour défaire ce qu'elle a fait, même si nous en avons les moyens ?

Wen Lach'

Mémoires

Editions de Lach'