Chapitre 09

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A force d'explorations, je finis par découvrir plusieurs sorties secrètes du château dont une qui me fit sourire en pensant à tous les subterfuges dont j'avais dû user pour faire croire que je dormais à l'extérieur de la forteresse. Ce passage menait directement de mon dortoir à l'extérieur, et si j'avais mis tant de temps à le découvrir, c'était parce qu'au lieu de tourner à droite à l'entrée du couloir, il fallait aller à gauche. On accédait alors, quelques enjambées plus loin à une porte que je décoinçai à l'aide d'une branche pour faire levier, avant d'arriver à l'air libre.

J'avais constaté, dans cette direction, si je décidais de continuer après la fameuse porte, que le passage descendait selon une pente assez raide, et avais découvert, à mon grand étonnement des cachots. Bien entendu, ils étaient vides car il était contraire aux lois du Lanwen' d'emprisonner quiconque, quelque soit son crime. Les divers châtiments tournaient autour d'un seul principe : le bannissement ou la paralysie. Selon la gravité de la faute commise au regard de la loi du pays, on pouvait être banni simplement sur un territoire du Lanlach', notre monde,- il arrivait même qu'on laisse le choix au coupable-, soit sur un autre monde pour une faute plus grave. Le choix de la destination ainsi que l'escorte dans ce cas revenait au conseil des Grands, composé du Roi, du Premier Conseiller et des sorciers les plus importants du Lanwen appartenant, en général, au conseil des Grands Sorciers.

La présence de cachots sous Wenlach' était donc des plus insolites car j'ignorais qu'il y eût eu des prisonniers dans l'histoire de notre pays. Je supposai que cela devait remonter à des temps immémoriaux.

En poursuivant ma descente, j'avais toutefois fait une découverte encore plus étrange : quelque part, bien au-dessous des cachots se trouvait une salle depuis longtemps désertée si j'en jugeai par l'épaisseur de poussière recouvrant les fioles. Elle avait dû servir à un sorcier, mais je n'étais pas certain, d'après ce que je voyais que celui-ci eût été très apprécié car il me semblait reconnaître, certains outils de magie noire, et je supposai qu'ils avaient dû appartenir à un sorcier noir. Je ne savais pas grand-chose à ce sujet en dehors de ce que mes sœurs aînées avaient pu me raconter le soir pour me faire peur. J'avais toujours eu conscience qu'elles se moquaient de moi et de mes frayeurs d'alors, mais je jugeais malgré tout qu'il devait y avoir un fond de vérité dans ce qu'elles inventaient.

Milie, contrairement à son habitude, hésita avant de s'aventurer en dehors de ma poche. Mais, la curiosité se montrant finalement plus forte que ses craintes, elle partit en éclaireuse. Quelque chose dans cette salle me gênait moi aussi sans que j'arrive à saisir d'où provenait mon malaise. Malgré tout, j'y pénétrai en frissonnant. Je regardai partout sans oser rien toucher. La cheminée était encore noire de suie et une vieille bûche depuis longtemps éteinte y traînait encore sans avoir fini de s'y consumer. Les fioles contenaient des formes et des potions dont les étiquettes étaient devenues illisibles. Je notai que les murs étaient entièrement habillés d'étagères, où un grand nombre de livres et de rouleaux de papier darala1 reposaient sous la poussière. Je m'approchai un peu afin d'essayer d'en distinguer les titres. Cela ne m'aurait pas apporté grand chose dans la mesure où je ne savais pas lire. Cependant voir autant d'ouvrages me fascinait. Tout ce que j'avais vu comme livre dans ma vie était le Grand Livre de Wen dans les mains du Sorcier de Castelach', lors des cérémonies. Je passai mon doigt sur l'un d'eux pour enlever la couche de poussière. C'était la première fois que je touchais un tel objet. Je tremblais d'excitation.

Pendant que mes yeux exploraient l'endroit, Milie, elle, n'avait pas autant de retenue et se faufilait dans tous les recoins où elle pouvait aller. Elle ne semblait plus avoir peur.

J'avais cependant décidé de remonter sans plus tarder dans la cachette que j'avais fini par appeler ma chambre, et je l'appelai. J'entendis le bruit de ses petites pattes courir sur une étagère, et l'enjoignis à venir plus rapidement. Elle émergea alors entre des rouleaux de papier darala puis disparut de nouveau, pour réapparaître un peu plus loin, sur une étagère plus petite où les papiers et livres avaient visiblement été posés pêle-mêle. Peut-être supposai-je étaient-ce là les documents dont le sorcier se servait le plus souvent. Milie se déplaça, et, ce faisant, fit tomber un carnet relié de cuir.

Terre de Sorciers- Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant