Bon. Je pense que vous vous doutez de ce qui a pu se passer. Déjà,cette conversation m'a totalement coupé l'appétit. En plus j'ai failli exploser! La colère est le re sentiment que je puisse avoir.
Ensuite... C'est un dieu qui nous a demandé d'accomplir cette quête. Donc,on était obligés de s'y tenir.
Il faisait presque nuit quand nous sommes arrivés à... Aqualand. Aqualand. Pour un rendez-vous amoureux. Mais quelle idée !
Grover a utilisé ses chaussures pour passer par-dessus la grille. Nous,nous avons dû escalader la grille à l'ancienne.
En apparence,il n'y avait aucun monstre. Mais ça,on en savait rien. On ne peut jamais vraiment savoir.
Nous avons commencé à faire le tour des attractions : il y avait « L'île de Mord-Chevilles », « Cul Par-dessus Tête » et le fameux « Mec, il est où mon Maillot ? ». Ça donnait vraiment envie...
Nous sommes passés devant une boutique de vêtements ouverte et nous avons...volé les vêtements. Heureusement que nous étions avec la talentueuse moi-même,parce que sinon... En fait rien du tout c'était juste pour dire que je suis très talentueuse. C'est un rappel pour vous. Ne l'oubliez jamais.
Nous avons finalement trouvé le tunnel de l'Amour. En apparence,rien d'anormal. Ça paraissait trop facile. Beaucoup trop.
Devant nous se trouvait un bassin vide. Il faisait au moins cinquante mètres de diamètre et il avait la forme d'un bol.
Sur tout le pourtour, une douzaine de statues de Cupidon en bronze montaient la garde, les ailes déployées, l'arc tendu. En face de nous, du côté le plus éloigné du bassin, s'ouvrait un tunnel par où l'eau devait s'engouffrer, ai-je supposé, quand le bassin était plein. Le panneau accroché au-dessus annonçait : PARCOURS DU GRAND FRISSON - ICI, C'EST PAS LE TUNNEL DE L'AMOUR POUR MAMIES !
Au fond du bassin gîtait un bateau rose et blanc à deux places entièrement peint de petits cœurs et surmonté d'un dais. Sur le siège de gauche reposait le bouclier
d'Arès, cercle de bronze poli qui luisait dans les dernières lueurs du jour.
Annabeth a passé la main sur le socle de la statue de Cupidon la plus proche. Il y avait un êta,une lettre grecque, gravée sur celui-ci.
Percy et Annabeth sont descendus malgré le fait que je voulais y aller et que j'étais réticente,parce que...Ça aurait très bien pu être un piège.
Et j'avais raison. Quand Percy a attrapé le bouclier et le foulard d'Aphrodite qui reposait à côté,un système s'est déclenché. Les Cupidons de pierre ont tirés leurs flèches vers l'autre côté du bassin,dormant ainsi un filet avec des fils métalliques en... Ben en métal.
Nous essayions de maintenir une ouverture pour nos amis,Grover et moi,mais les fils s'enroulaient autour de nos mains. Les crânes des statues se sont ouverts, dévoilant des caméras. Un haut-parleur a annoncé un compte a rebours d'une minute. Des milliers de petites bêtes métalliques ont déferlé. Annabeth a hurlé et j'ai compris :
-Des araignées... Ça va pas le faire.
Percy l'a forcée à entrer dans le bateau. Les araignées les encerclaient et je pouvais sentir la terreur d'Annabeth depuis l'endroit duquel je me trouvais.
Percy a crié à Grover d'aller dans la cabine et d'appuyer sur l'interrupteur. Le satyre a appuyé sur tous les boutons et a fait signe à Percy. D'un coup,au moment où le compte à rebours se terminait,une énorme vague d'eau à jailli, balayant les automates.
Le bateau a suivi le parcours. Il aurait du ressortir à travers un portail. Problème : il était fermé à l'aide d'une chaine. Annabeth et Percy ont sautés du bateau. Ils ont fait un vol plané et auraient du s'écraser contre l'asphalte si Grover ne s'était pas élancé avec ses chaussures magiques. Il les as tous deux rattrapés par le t-shirt pour Percy et le bras pour Annabeth. Ils se sont écrasés sur un panneau-photo, le genre où les touristes glissent le visage par un trou pour faire semblant d'être Noo-Noo la gentille baleine. Ridicule.
Je suis arrivée en courant.
-Ça va? Vous n'avez rien?
Ils avaient l'air. Percy avait le bouclier au bras. Il s'est tourné vers les caméras qui nous filmaient encore.
-Le spectacle est terminé ! a-t-il hurlé. Il faut qu'on aille dire deux mots à Arès, a-t-il dit en se tournant vers nous.
-Tout à fait d'accord, ais-je répondu.
Le dieu de la guerre nous attendait sur le parking du restaurant. Il a souri en nous voyant.
-Vous ne vous êtes pas fait tuer. C'est bien.
-Vous saviez que c'était un piège, a lancé Percy.
-Je parie que cet estropié de forgeron a dû être drôlement surpris de capturer deux stupides ados. Vous passez bien, à la télé.
- Vous êtes dégueulasse, a rétorqué le fils de Poséidon en lui balançant son bouclier.
Annabeth et Grover ont retenu leur souffle.
Arès a attrapé le bouclier et l'a fait tourner en l'air comme un disque de pâte à pizza. Il a changé de forme et s'est remodelé en gilet pare-balles, qu'Arès a enfilé.
- Tu vois ce camion là-bas ? (Il a pointé du doigt vers un immense semi- remorque garé sur le bas-côté, de l'autre côté de la route.) Voilà votre carrosse. Il vous emmènera direct à Los Angeles, avec un arrêt à Las Vegas.
Le semi-remorque avait une annonce à l'arrière:
INTERNATIONALE DU CŒUR : TRANSPORTS HUMAINS POUR ZOOS.
ATTENTION : ANIMAUX SAUVAGES VIVANTS.
- Vous plaisantez, a dit le jeune sang-mêlé.
Arès a claqué des doigts. La porte arrière du camion s'est ouverte.
- Transport gratuit pour la côte ouest, tocard. Arrête de te plaindre. Et voilà un petit quelque chose pour avoir fait le boulot.
Il a retiré un sac à dos en nylon qui pendait à son guidon et me l'a lancé.
À l'intérieur il y avait des vêtements propres pour nous tous, vingt dollars en liquide, une bourse contenant des drachmes d'or et un paquet de biscuits fourrés chocolat-vanille.
-Merci seigneur, ais-je dit d'un ton ironique.
Il m'a toisé.
-Tu as de la chance que certains dieux aient de grands projets pour toi,graine de déesse. Ils m'en voudrais si je te tuais. Mais ne te crois pas invincible pour autant.
Je gardais le silence. C'était plus sur. Mais le terme qu'il avait utilisé interpelait la superbe personne que je suis. Graine de déesse ? Qu'est-ce que ça voulait dire?
J'étais tellement absorbée par mes pensées se je ne me suis rendue compte que le dieu avait disparu seulement quand Annabeth m'a secouée par le bras.
-Annabella ? Tu vas bien?
-Hein? Euh...oui tout va très bien !
Nous sommes donc rentrés dans la voiture. Horrible est le mot que j'utiliserai pour décrire cet horreur. L'odeur? Beurk. Ça sentait la litière pour chat. L'endroit ? Il faisait sombre,alors Percy a décapuchonné Anaklusmos. Ça nous a permis de voir des animaux affamés,morts de soif et maltraités grâce au reflet de la lame. Grover eut beaucoup de mal avec cette vision. En tant que satyre,c'est un fervent protecteur de la nature.
Au bout d'un certain temps, nous avons commencé à grignoter les biscuits. Annabeth m'a passé une moitié.
- Dans le Iris-mail... Luke n'a vraiment rien dit ? a-t-elle demandé.
J'ai laissé Percy répondre. Malgré toutes ces années passées auprès de mes chers amis Hermès,je ne les égale pas niveau mensonge et vol. Le vol n'a rien à voir mais tant pis. Toujours est-il que je ne savais pas quoi répondre.
-Luke a dit que vous étiez de vieilles connaissances, tous les deux. Il a aussi ditque Grover n'échouerait pas, cette fois. Que personne ne se transformerait en pin.
Dans la faible lumière de la lame de bronze, il m'était difficile d'interpréter leursexpressions. Mais je pouvais très bien les imaginer,connaissant déjà l'histoire.
Grover a laissé échapper un bêlement morose.
- J'aurais dû te dire la vérité depuis le début. (Sa voix tremblait.) Je pensais quesi tu savais quel raté je suis, tu ne voudrais pas que je t'accompagne.
- Tu es le satyre qui a essayé de sauver Thalia, la fille de Zeus.
Il a hoché tristement la tête.
- Et les deux autres sang-mêlé avec qui Thalia était devenue amie, ceux qui sontarrivés sains et saufs à la colonie... (Percy s'est tourné vers Annabeth.) C'étaient Lukeet toi, n'est-ce pas ?
Elle a posé son biscuit, sans y avoir touché.
- Comme tu le disais, Percy, une sang-mêlé de sept ans ne serait pas allée trèsloin toute seule. Athéna m'a guidée vers leur aide. Thalia avait douze ans. Luke en avaitquatorze. Ils s'étaient tous les deux sauvés de chez eux, comme moi. Ils ont étéheureux de me prendre avec eux. C'étaient... c'étaient des combattants de monstresincroyables, même sans entraînement. Nous avons quitté la Virginie et pris la directiondu nord, sans vraiment avoir de plan. Nous avons repoussé des monstres pendantenviron quinze jours avant que Grover nous trouve.
- J'étais censé escorter Thalia jusqu'à la colonie, a dit Grover en reniflant. J'avaisreçu des ordres stricts de Chiron : ne fais rien qui ralentirait le sauvetage. Tucomprends, nous savions qu'Hadès était aux trousses de Thalia, mais je ne pouvaispas abandonner Luke et Annabeth. J'ai cru... j'ai cru que je pourrais les ramener à bonport tous les trois. C'est ma faute si les Bienveillantes nous ont rattrapés. Ça m'aparalysé. J'ai eu peur sur le chemin du retour et j'ai pris quelques mauvais tournants. Siseulement j'avais été un peu plus rapide...
- Arrête, a dit Annabeth. Personne ne te reproche rien. Thalia non plus ne t'a rienreproché.
- Elle s'est sacrifiée pour nous sauver, a-t-il dit d'un ton malheureux. C'est mafaute si elle est morte. C'est ce qu'a dit le Conseil des Sabots Fendus.
- Parce que tu n'as pas voulu abandonner deux autres sang-mêlé ? ai-jedemandé. C'est injuste !
- Annabella a raison, a dit Annabeth. Je ne serais pas ici sans toi, Grover. Et Lukenon plus. Le Conseil peut dire ce qu'il veut, nous, on n'en a rien à faire.
-Grover,les Conseils sont souvent injustes,ou trop durs. Moi,le Conseil de l'Olympe a bien voulu m'exterminer quand on a pris qui était mon père ! Il prennent souvent des mauvaises décisions, parce que nous sommes tous plus ou moins humains,nous avons tous une âme,avec des forces et des faiblesses. Et je crois que je vais m'arrêter là,parce que sinon je vais partir en discours philosophique très ennuyant pour vous...
-Je suis le satyre le plus foireux de tous les temps et jetrouve les trois sang-mêlé les plus puissants du siècle, Thalia, Annabella et Percy.
J'ai fait la moue en entendant mon nom. Je n'étais pas si puissante que ça malgré ce que j'aimais dire... J'avais juste un père...particulier.
- Tu n'as rien de foireux, Grover, a insisté Annabeth. Tu es plus courageux quetous les autres satyres que j'aie jamais rencontrés. Cite-m'en un autre qui oserait alleraux Enfers. Je te parie que Percy est drôlement content que tu sois là maintenant.
- Ouais, a-t-il acquiescé, ce n'est pas par hasard que tu nous as trouvés Thalia et moi, Grover. Tu as leplus grand cœur qu'aucun satyre ait jamais eu. Tu es un chercheur-né. C'est pour celaque tu es celui qui retrouvera Pan.
J'ai entendu un profond soupir de satisfaction. J'ai attendu que Grover disequelque chose, mais sa respiration n'a fait que s'accentuer. Lorsque le bruit est devenuun ronflement, j'ai réalisé qu'il s'était endormi.
- Mais comment fait-il ? me suis-je exclamé avec étonnement.
- Je ne sais pas, a répondu Annabeth. Mais c'était vraiment sympa, ce que Percy luias dit.
- J'étais sincère.
-Vous êtes vraiment des gens biens vous savez? Vous êtes sympa, ais-je dit avant de m'endormir à mon tour.