24 décembre, tard dans la soirée
Nathalie pestait dans ses gants épais. Une telle neige fin décembre, ça n'était pas arrivé depuis longtemps. Et il fallait que ce soit cette nuit qu'il ait décidé de sortir...
« Monarque, s'exclama-t-elle, lassée, appelant dans la nuit, Monarque ! »
Tant qu'à y être, elle aurait pu l'appeler par son nom de famille, le simple fait de le nommer, elle, donnait déjà les identités, mais tant pis. Puis... Appeler son patron ne servirait à rien. Sa santé mentale avait été complètement détruite par l'utilisation des Miraculous, il ne pensait plus que par le pouvoir une bonne partie du temps.
Faudra que je pense à le remercier...
« Monarque ! »
C'était stupide. Il ne répondrait pas, il ne réagirait pas, il était perdu sur les toits.
En plein combat singulier, d'après les sons qui lui parvenaient.
S'il ne répondait pas la prochaine fois, elle rentrait. Elle en avait assez de se geler, au moins à la maison, elle aurait chaud.
La jeune femme poussa un soupir, secoua la tête, puis releva les yeux, dans un dernier appel.
« Monarque ! Ça suffit maintenant !
— Nathalie ? Rentrez, il fait froid, vous ne devez pas...
— Vous êtes mignon quand vous vous inquiétez pour moi, soupira-t-elle.
» Mais je ne rentrerai pas. Pas sans vous. Ces enfants ont à vous combattre chaque jour de l'année. Vous êtes insupportable. Vous avez eu l'occasion de réaliser votre souhait, et vous ne l'avez pas fait ! Et voilà que vous les poursuivez encore ! Non mais...
— Rentrez.
— Essayez donc de m'y obliger, pour voir. Je n'ai peut-être pas de Miraculous, mais vous ne faites pas le poids. Avec tout le respect que j'ai pour vous, je n'hésiterai pas, et une stabilité mentale correcte est plus forte que tout votre attirail.
— Je... Nathalie, je ne vous... »
Son regard était manifestement troublé. Comment réussissait-elle à le déstabiliser autant, elle, avec juste quelques mots, alors que toutes les menaces de Ladybug et Chat Noir, leurs coups qui le blessaient, le fait qu'ils aient réussi à lui reprendre deux des Alliances, la Chèvre et le Coq, ne l'avaient pas même fait ciller ?
Sa conscience était complètement obscurcie par l'idée du pouvoir, si proche, idée si attrayante, si passionnante, si belle... Il n'avait pas besoin d'elle et de ses phrases déstabilisantes. Il voulu sauter sur le toit, reprendre son combat, mais elle avait saisi sa canne entre les doigts et, d'un geste, il se retrouva plaqué au sol, la canne en travers de la gorge, le poids de son interlocutrice sur le dos, le bras gauche plié en deux.
« Ne croyez pas que je vais vous laisser partir comme cela... Vous avez fait de moi une arme, mais je suis restée humaine, siffla Nathalie, contrairement à vous. Aujourd'hui, vous devriez être avec votre fils. Ces deux ados devraient être chez eux, à profiter du réveillon avec leurs familles ! Ça suffit, maintenant.
— Nathalie, ne...
— Ne quoi ? Ça suffit, vous dis-je.
» Votre neveu entendra parler de moi aussi, parce qu'il n'a pas aidé, même si son désir était légitime. Maintenant, cessez de vous débattre, et soyez sage, ajouta-t-elle d'un ton glacial à pétrifier n'importe qui. »
Et ça ne manqua pas. Monarque se retrouva gelé, le cœur comme ralenti. Dans sa tête rejouaient les souvenirs de la seule autre personne qui lui avait jamais parlé sur ce ton. Il ne bougeait plus du tout, il ne pouvait pas fuir, il ne devait pas fuir. Presque inconsciemment, d'une voix d'enfant, il demanda ce qu'elle lui voulait.
Sa réponse fut très nette. Qu'il libère les kwamis, abandonne les Alliances, et rentre au manoir. Qu'il n'utilise plus son Miraculous jusqu'au vingt-et-un mars au moins. Et qu'il n'essaye pas de lui parler.
Toujours ce ton froid, et la douleur qu'elle imposait dans son bras blessé, alors qu'elle arrachait une à une les bagues qu'il portait, une fois qu'il eut prononcé une phrase libérant les créatures magiques et leur permettant de retourner chez Ladybug.
Une fois les douze Alliances arrachées, elle se redressa. Ses yeux lançaient des éclairs à l'adresse de celui qui était redevenu simplement le Papillon, vulnérable.
« Retournez chez vous, maintenant, ordonna-t-elle de son même ton gelé.
— Je...
— Madame, écartez-vous, s'exclama une voix en provenance du toit, reculez, il pourrait...
— C'est gentil de t'inquiéter pour moi, Ladybug, mais il ne peut pas me faire de mal. Il a essayé, je l'ai mis au tapis. Je ne sais pas ce que j'ai dit pour le rendre obéissant, mais une fois là, je me suis dit qu'il fallait aussi bien en profiter. Toutes les bagues sont là.
— Pourquoi lui laisser son Miraculous ? Vous protégez son identité, cracha Chat Noir.
— Cela vaut mieux pour vous, Chat Noir. Vous comprendrez. Je lui ai fait promettre de ne pas l'utiliser pour les trois prochains mois.
— Pourquoi... Vous avez tutoyé Ladybug mais moi... Vous... Oh. Vous... Vous connaissez mon identité...
— Je suis désolée, répondit-elle en levant des yeux humides vers le toit, je... Je sais que c'est insuffisant, mais... J'espère que...
— Vous n'êtes pas coupable, Nathalie. Vous ne l'avez jamais été. Vous avez seulement cherché à me protéger.
— Chaton ? Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je... Je te dirais ça plus tard, d'accord ?J'ai besoin d'un peu de temps... Pour digérer...
— Ça va aller ?
— Oui, ne t'inquiètes pas... Ça ira. Un jour. Je ne sais pas encore quand, mais enfin...
— Si besoin, je suis toujours là, souffla-t-elle en le serrant dans ses bras.
— Merci, répondit-il en lui rendant son étreinte, merci ma Lady. »
Nathalie les regardait, une cassure dans les yeux. Contrairement à Gabriel, elle n'avait jamais ignorée aucune émotion que sa broche lui transmettait. Et pour ces deux-là, elle avait finit par comprendre. Leurs émotions avaient été assez claires, et puis... Chaque personne ressentait différemment et, en tant que Mayura, elle avait appris à reconnaître les signatures. Ladybug et Marinette Dupain-Cheng, Adrien et Chat Noir. Pour Adrien, elle avait mis plus de temps, bloquée par le déni. Mais elle avait dû s'y rendre.
Alors que l'héroïne ramassait les bagues abandonnées par Papillon, cherchant encore visiblement à comprendre, Chat Noir était retourné sur le toit. L'adulte ferma les yeux. Ce serait difficile. Avec un soupir, elle décida de rentrer.
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Une heure plus tard, dans la cuisine du manoir.
« Nathalie, demanda Adrien en finissant de débarrasser la table, qu'est-ce que vous lui avez dit ? Vous avez vu ? Il était comme... traumatisé... Et la manière dont il vous regardait... Il avait peur de vous !
— Je ne sais pas Adrien. Il a peut-être été choqué de me voir le forcer, ma rébellion l'a sans doute déstabilisé. Je pense que c'est pour ça qu'il a obéit d'ailleurs, le choc. Sinon, il se serait débattu.
— Un simple choc ne... Je veux dire, j'ai été choqué par plein de choses ces dernières années, mais ça ne m'aurait jamais donné un tel regard ! Même Mayura ou Papillombre... J'avais peur, sans que je comprenne pourquoi, mais pas à ce point !
— Le pourquoi, c'est à votre père de l'expliquer. Et je crois qu'il faudra attendre l'année prochaine. Mais je vois ce que vous voulez dire...
— Au fait... Comment avez-vous découvert mon identité ?
— À cause des émotions. J'ai eu des doutes longtemps pour vous, alors que j'ai accepté Ladybug sans problème. Mais... Je vous connais assez pour avoir été forcée de l'admettre.
— Vous connaissez l'identité de Ladybug ?!
— Il y a assez de gens qui la connaissent comme ça, Chat Noir. Elle vous la révélera en temps voulu.
— Pourquoi ne l'avez-vous pas dit ?
— Je cherche à faire le moindre mal. À protéger le plus possible. Je croyais que l'empêcher de récupérer vos Miraculous serait le mieux. Pour tout le monde. Mais... Je n'avais pas pensé qu'il pourrait être irresponsable à ce point. Je ne supposais pas l'intervention de votre cousin, et la folie qui a pris votre père. Je voulais vous protéger, elle et vous, Adrien. Mais c'est allé trop loin. Et... Je ne supportais plus de jongler entre votre protection, son service, l'étude du grimoire pour trouver des remèdes et mon amour pour lui. Alors, aujourd'hui, j'ai cédé. Je suis allée me battre contre Monarque, et je lui ai retiré ses pouvoirs.
— Vous l'avez terrorisé... Franchement, j'aimerais savoir ce que vous lui avez dit !
— Je cherche, croyez-moi, Adrien, soupira Nathalie, mais je ne comprends pas.
— Ce n'était pas les mots, Adrien. C'était le ton.
— Père ? Je...
— Il y avait beaucoup de confusion et de perplexité, de colère et de regrets ici. Trop pour que je reste loin.
— Vous l'utilisez bien, nota la brune avec un haussement de sourcil.
— Je ne l'utilise pas vraiment, vous me l'avez interdit. Mais la lecture est permanente, comme pour le Paon.
— Mais vous les acceptez. Avant, vous ignoriez totalement celles d'Adrien et les miennes.
— Certes...
— Excusez-moi mais... Quel était le ton ? Et Père, pourquoi avez-vous réagi ainsi ? Pourquoi avez-vous si peur ?
— C'est vraiment mon ton qui vous a mis dans cet état-là, s'exclama la jeune femme d'un ton incrédule.
» D'accord, j'ai parlé froidement, mais...
— En appuyant sur mon bras. Ça a déclenché des réminiscences de mon enfance, et j'ai beau essayer de les chasser, je reste terrifié. C'était exactement le même ton que celui qu'employait mon père quand il me parlait. Et il n'y avait plus seulement la blessure qui souffrait. J'ai obéi, parce que j'avais mal, parce que dans ma tête, ce n'était plus vous, c'était lui qui me donnait des ordres. Il est toujours là. Je sais que vous ne vouliez pas me blesser, mais je ne suis plus qu'un enfant. Ce n'est la faute de personne...
— Gabriel... Qu'est-ce que j'ai fait ?! Je ne voulais pas... Je voulais juste libérer la ville de Monarque, vous libérer de votre obsession... Et...
— Ce n'est pas de votre faute si j'ai eu la pire enfance possible, Nathalie. Vous ne saviez pas, et vous avez bien fait. À moi de gérer ce problème.
— Tu n'as pas à le faire seul, Papa, s'exclama Adrien en venant serrer l'adulte dans ses bras, nous sommes là ! Et affronter le passé est souvent compliqué.
— Adrien... Tu n'as pas à faire ça, tu le sais, répondit Gabriel en rendant l'étreinte, surpris.
— Papa, tu es important, chuchota l'adolescent blotti contre son père, Pas le plus présent, pas le plus indulgent, mais tu as toujours essayé d'être. Et ces dernières semaines, tu m'as montré que nous pouvons avoir une véritable relation, avec un peu d'effort ! Nous allons y arriver.
— Adrien... Nooroo, je renonce à toi. Tiens. Prends-la, Chat Noir. C'est... Je ne peux pas...
— Nathalie, il faudra que vous nous expliquiez comment vous faites... Toute la soirée, vous l'avez planifiée. Vous vouliez que nous en arrivions là ! Et vous savez aussi comment je vais réagir.
— Bien sûr que je le sais. Oui, j'ai planifié, mais seulement partiellement. C'est compliqué d'arriver à quoi que ce soit sans réfléchir aux réactions qu'auront les autres. Je le fais naturellement, maintenant, mais ça m'a pris du temps... Apprendre à se mettre au-dessus de la situation et utiliser les émotions que l'on ressent est dur. Les jumelles étaient passées reines dans cet art. Anne-Lise me l'avait enseigné, mais avec précaution. Enfin bref. Oui, j'ai planifié, Adrien, mais... Je voulais vous offrir un réveillon digne de ce nom, et... Compliqué de vous réconcilier vraiment sans schéma préalable !
— Vous avez bien fait, sourirent les deux Agreste, vous faites toujours le juste. »
Ils l'attirèrent dans l'étreinte, souriant.
Ils le sentaient tous les trois : cette année, pour la première fois depuis longtemps, ils avaient un cadeau de Noël.
La possibilité d'être en paix.
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1954 Mots.
Je...
Qu'est-ce que... J'ai... Fait...?!
Conscience: tu as appris la leçon par Insta : Nathalie rebelle c'est le meilleur truc.
Moi : Non, j'avais pas besoin d'Insta pour comprendre. Je KIFFE quand elle essaye de renvoyer Monarque au diable. Du coup, là, ça a marché.
Et oui, j'ai royalement évité d'écrire le combat. Je déteste les combats, ok ?! J'ai juste précisé que, pour le coup, les pitchounes s'en sortaient pas si mal.
Nathalie-this-queen.
Aussi... OUI j'avais Mastermind dans la tête en écrivant la fin... En même temps... Je suis plus ou moins certaine qu'elle a quatre coups d'avance sur tout le monde...
Et oui, pour moi, elle est plus protectrice qu'autre chose, dans cette histoire. Me demandez pas d'où sort cette histoire de signature des émotions, j'en sais rien, mais... C'était pratique... ^^'
Brefouille.
Joyeux Réveillon, joyeux Noël ! J'espère que tout se passera bien pour vous, et que l'hiver vous plaît !
Trop hâte d'écrire la partie 2. Vraiment, vraiment, vraiment trop hâte.
Noooon, c'est pas brouillon, noooooooooon... Du tout...
Chut.
J'espère que ça vous a plu, que c'est pas trop bazar/brouillon, que vous suivez,
Dites-moi tout,
Bises,
Jeanne
PS: l'idée de couper c'est Renars.. Encore merci...
(24/12/2022, 00h09)