« NATHALIIIIIIE!!! »
Gabriel se réveilla en sursaut, au son de son propre cri.
Il se réveillait d'un affreux cauchemar. Si réaliste pourtant. Après plusieurs grandes inspirations, il parvînt à calmer les frissons qui le secouaient en tout sens.
À peine calmé, il se rendit compte qu'il avait dû réveiller sa secrétaire. Elle logeait dans une chambre juste à côté de la sienne, après tout. Et il avait hurlé à réveiller les morts.
Cette pensée tout juste formulée, il entendit toquer à la porte. Ne recevant pas de réponse négative, Nathalie entra.
Et failli repartir aussitôt, en voyant qu'il était couché.
Mais il la retînt. Il avait besoin de parler, de raconter ce cauchemar qui l'avait secoué.
« Vous m'avez appelée Monsieur ?
—Ça n'était pas volontaire. J'ai fait un cauchemar. Je vous prie de m'excuser. Je vous ai réveillée.
— Un cauchemar où vous m'appeliez, demanda-t-elle avec un mince sourire. Voulez-vous me le raconter ?
—Je...oui, si ça ne vous dérange pas. Je m'en sentirais mieux.
— Racontez-moi, répondît-elle avec tendresse. »
Il s'assit sur son lit et lui proposa de faire de même. Après qu'elle se soit exécutée, il commença son récit, cherchant à remettre de l'ordre dans sa tête.
« J'avais akumatisé quelqu'un en géant. Les dégâts étaient plus importants que d'habitude, mais je savais qu'il n'y avait pas de morts. Ladybug et Chat Noir se sont trouvés séparés, et Chat Noir est resté combattre mon akumatisé seul. Il avait toujours besoin d'un cataclysme pour se défendre, et disparaissait régulièrement pour se détransformer.
» Mais après s'être attaqué aux pieds de mon géant, il n'a pas eu le temps de partir. Il s'est détransformé devant mes yeux. C'était Adrien. J'ai cru devenir fou de douleur. J'ai voulu rappeler mon akuma.
» Mais je n'en ai pas eu le temps. Il a saisi Adrien par les chevilles, et l'a posé dans sa main, à trente mètres du sol.
» Si je détransformais mon vilain maintenant, Adrien mourrait. Je ne pouvais rien faire.
» Ladybug est arrivée à ce moment-là. Elle a rapidement pris conscience de la situation, et a tenté d'abattre le vilain seule. Mais elle avait clairement besoin d'aide. Alors j'ai décidé de jouer le tout pour le tout: aller à son secours.
» Ne me regardez pas comme ça Nathalie ! C'était un rêve, et il s'agissait de la vie d'Adrien!
» Bref, je suis sorti. Et je vous ai demandé de rester au manoir, en sécurité. Sans utiliser Mayura...son Miraculous étant de nouveau brisé.
— Il n'y a plus de risques Gabriel. Vous avez réparé la broche du paon.
—Je le sais. Mais ça n'était pas le cas dans mon rêve.
» Lorsque je suis arrivé sur les lieux, j'ai dû me démasquer pour que l'héroïne de Paris accepte mon aide. Mais nous avions beau tenter différentes attaques et parades, nous ne parvenions à rien.
» Et le monstre que j'avais créé blessait Adrien, de plus en plus gravement.
» Alors vous êtes intervenue. Je ne sais pas quelle émotion vous avez utilisée, mais vous êtes parvenue à créer un senti-monstre extrêmement puissant.
» C'était un mélange entre un paon et une espèce de papillon exotique. Il a réussi à arracher Adrien à l'akumatisé, dont il a ensuite fait de la bouillie.
» Mais vous vous êtes évanouie. Ladybug a purifié l'amok, puis l'akuma.
»Je vous ai ramenée ici, vous ai retiré votre Miraculous, et vous ai couchée. Cela fait, je suis parti à l'hôpital où Ladybug avait amené Adrien.
» Mais trop tard. Il venait de succomber à ses blessures. J'avais tué mon propre fils. Je ne supportais pas l'idée, mais Ladybug a rajouté de la souffrance, bien malgré elle.
» Elle m'a tendu la chevalière d'Adrien et m'a dit qu'il la lui avait confiée. Mais ne sachant pas sa provenance, elle préférait me demander mon avis. Au cas où ça aurait été un bijou de famille.
» Je lui ai demandé si elle savait ce qu'était cette bague. Elle m'a répondu que non. Je le lui ai dit. Je lui ai dit ainsi :
« Je n'ai pas juste tué mon propre fils, ou une égérie de la mode aujourd'hui. J'ai fait bien pire que ça. J'ai tué un héros. Ceci est le Miraculous du Chat Noir, jeune fille. Je suis désolé. Si vous voulez me haïr, me détruire, vous en avez le droit. Je vous ai privée d'un meilleur ami, peut-être plus. D'un partenaire d'exception. Je n'ai aucune raison d'être pardonné. »
»Mais sa réponse m'a laissé sans voix. Elle a dit que j'étais bien assez puni d'avoir perdu mon fils, qu'elle ne pouvait pas haïr qui que ce soit alors qu'elle était si dévastée par la nouvelle.
» Je lui ai laissé le Miraculous. Impossible de le prendre. Pas alors que j'avais tué mon fils pour l'obtenir. En plus il l'avait confié à Ladybug. Et on respecte les dernières volontés.
» Je suis alors rentré en courant au manoir. Je me suis occupé de vous comme j'ai pu. Il s'est passé une semaine dans mon rêve. Et vous m'avez échappé.
» Je me suis réveillé à ce moment-là, en hurlant votre nom.
»Je ne supporterai jamais de vous perdre, Nathalie. Jamais. Même si tout se passait bien, que Chat Noir n'était pas Adrien, qu'il n'était jamais blessé, jamais en danger.
» Vous êtes mon seul lien à une vie normale. Sans vous, depuis longtemps, il n'y aurait plus eu que le Papillon.
— Arrêtez de dire des bêtises, Gabriel. Vous pouvez parfaitement vivre sans moi. Vous n'auriez pas pu être le Papillon vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C'est impossible. Vous tenez trop à la vie humaine pour cela. Je ne vous suis pas tellement nécessaire. »
Il lui prît les mains, et l'obligea à le regarder dans les yeux. Sa voix se fit murmure lorsqu'il annonça presque tendrement « Je vous assure que si. »
Nathalie déglutit. Son cœur battait vite, si vite et si fort. Elle avait l'impression qu'il allait percer sa poitrine.
Mais elle avait en même temps l'impression que la scène n'était pas réelle. La lumière lunaire, entrée par la fenêtre, conférait un aspect de rêverie à tout cela.
Alors, sans plus réfléchir, elle chuchota:
« Je vous aime. »
Trois mots qui lui avaient si longtemps semblé indicibles. Maintenant qu'ils étaient prononcés, elle se sentait forte, libre, légère.
Et elle eut l'impression de rêver quand elle sentit une caresse sur ses lèvres, comme de légères ailes de papillon.
Dans l'ambiance irréelle de cette nuit inattendue, Nathalie entendit son patron lui murmurer en réponse :
« Je crois bien que c'est réciproque. »
Leurs yeux se croisèrent.
Nathalie se sentit vivre dans le regard de son patron, Gabriel se sentit renaître dans les yeux de sa partenaire.
Il lui ôta ses lunettes, elle lui ôta les siennes.
Il approcha son visage auprès du sien, elle glissa sa tête auprès de lui.
Et leurs lèvres se trouvèrent naturellement. Leurs sourires respectifs se fondirent en un seul. Et leurs âmes semblèrent se mélanger tandis que leurs langues dansaient.
Après quelques secondes passionnées, ils se séparèrent.
« Pourquoi avons-nous attendu si longtemps, demanda-t-il, dérouté.
— Parce que nous n'osions pas l'accepter, répondit-elle avec douceur. »
Ils réunirent leurs lèvres, et se laissèrent emporter, bercés par la nuit bienveillante.
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1189 mots!
Je l'ai écrit le lendemain du premier. Et j'avoue que cet OS-là fait partie de mes préférés. (je fangirl à chaque fois que je le relis en fait...)
Le baiser a été extrêmement compliqué à écrire, mais j'ai réussi...J'étais contente, vous pouvez pas imaginer.
Les OS sont des sortes de défis que je me lance, quand j'en termine un, j'en suis fière.
Vos avis sur ce texte ?
Jeanne