Ce qu'il voulait

82. Sur la route de Milan

jeudi 29 mai

The Gardian Fire (19:40) : Comme sa compète en Italie, c'est ce week-end, il doit s'entrainer à l'escrime. Il me semble vraiment apaisé. Il a hâte d'y être !

Aar-o'-the-wisp (19:41) : Si seulement je pouvais venir l'encourager... Mais mes vieux sont trop occupés pour m'accompagner et j'ai pas de chauffeur. Putain j'ai les boules, ça m'emmerde, j'veux le voir... J'en peux plus là, j'vais exploser... J'étais même pas là pour son anniv, et maintenant, je vais rater ça... J'ai l'impression de passer à côté de tous les moments importants de sa vie...

The Gardian Fire (19:42) : Ça va faire un an qu'on se parle sur Skype comme ça, non ? Moi, j'trouve qu'il a changé, ton p'tit blond. Il sait ce qu'il veut. Et il saura le prendre ;-)

Aar-o'-the-wisp (19:43) : Ouais, à peu près un an... que je l'ai abandonné. Scuse, ça me fout le cafard de voir que, malgré tous mes efforts, j'vais encore manquer un truc important pour lui.

The Gardian Fire (19:44) : Pour toi, il serait capable de déplacer sa compétition en Suisse :D Bon, j'te laisse, j'dois faire à bouffer pour ma mère et son mec ! J'ai plein d'idées ! À toute. Si je suis pas mort d'ici là, tu me paieras un coca.

Aar-o'-the-wisp (19:45) : Dès que j'te vois, j't'en offre un volontiers...

Toute la semaine qui suivit son anniversaire, Kilian la passa à s'entrainer avec Pierre. L'objectif était simple : revenir de Milan dans le top seize. Tout le reste ne serait que du pur bonus. Et pourtant, la tâche s'annonçait vraiment compliquée. Pour les trois armes, à la vingtaine de Français ayant fini dans les premiers de leurs compétitions régionales, il fallait ajouter une trentaine de jeunes Italiens survoltés, quinze Espagnols, dix Allemands, une poignée de Belges et d'Anglais et plusieurs représentants d'autres pays. Ce tournoi sur invitation réservé aux plus grands espoirs de sa tranche d'âge se déroulait sur deux jours, avec les poules le samedi et le tableau final le dimanche matin. Il était donc conseillé aux jeunes sportifs d'être sur place dès le vendredi soir, histoire de pouvoir bien dormir. Sans remord, le blondinet sécha ainsi les derniers cours de l'après-midi.

Cette compétition, Kilian en avait rêvé depuis ses premières années à l'escrime. À chaque fois qu'il avait vu ses ainés prendre la route, il n'avait pu s'empêcher de les envier. La simple idée de tendre son fleuret au bout de son bras dans une compétition internationale le faisait vibrer. Même s'il n'y avait aucun titre officiel à gagner, tout le monde s'accordait sur un point : Milan était l'endroit où il fallait être et où il était bon de se montrer quand on voulait faire carrière. C'était un début à beaucoup de belles choses, comme l'avaient montré tous ces grands champions qui avaient écrit les premières pages de leur brillante histoire dans la plaine du Pô. Et puis, cela restait surtout un parfait entrainement pour les nationales de Juillet où il avait une revanche à prendre. En tous cas, le vendredi après-midi, personne, pas même Cédric, n'arriva à empêcher l'adolescent aux yeux verts de sautiller partout autour de la voiture. Son excitation était totale, et il ne se gêna pas pour le montrer à son rival en lui sautant au cou dès son arrivée.

« Ah Pierre, t'es là. C'est cool que tu fasses la route avec nous, et c'est couillon que tes parents puissent pas venir... »

« Ils sont médecins, du coup, c'est dur de planifier, mais ils viendront me voir le dimanche si je sors des poules. Donc ils viendront dimanche. Mais merci à vous de m'accompagner, c'est sympa. Au fait, c'est qui, lui ? »

De l'index, le jeune champion pointa une chevelure châtaigne, propriété d'un adolescent en débardeur et aux bras bronzés croisés derrière la tête qui baillait en clignant des yeux.