14. Le samedi, c'est piscine !

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« Quel est l'imbécile qui a laissé Julien grimper sur le toboggan rouge ? »

Comme tous les ans à Sport & Fun, les vacanciers attendaient un moment plus que tous les autres, celui qui les mènerait jusqu'à l'Aqua-parc local. Même s'ils avaient un bassin sportif et un plongeoir à leur disposition au camp, les adolescents trouvaient bien plus marrant de chahuter entre deux toboggans dans des piscines qui étaient faites pour ça. Du coup, une fois sur place, plusieurs se sentirent pousser des ailes et allèrent même tenter le diable. Certaines attractions à leur disposition étaient réservées aux hommes, aux vrais, à ceux qui ont les galoches bien accrochées, et surtout, la taille et l'âge requis pour éviter les incidents.

À ce petit jeu-là, tout le monde s'accordait sur la même version : Alia était sans aucun doute la mieux membrée de toutes les filles. La mort ne lui faisait pas peur, plus l'impression de vitesse était grande, plus elle prenait son pied. Et du coup, tous ses prétendants la suivirent aveuglement dans ses folles aventures. Pour Aaron, le toboggan rouge – normalement interdit aux moins de seize ans – était une simple formalité qu'il dévala les bras croisés. De son côté, pour tenter de battre le record de son adversaire – et accessoirement choupinet à la crème trop adorable secret –, Kilian baissa son short de bain jusqu'aux genoux. C'était une vieille technique sioux, ou apache, ou même cowboy – il s'en foutait du moment qu'elle marchait – qui améliorait la friction et donc augmentait la vitesse. Et le résultat fut à la hauteur de ses attentes. Il allait tellement vite sur la fin de la descente qu'il fit un vol plané des plus mémorables et, après la peur de sa vie, se retrouva les bourses à l'air à la recherche au fond du bassin de ce foutu calbut qui lui avait faussé compagnie au pire moment. Devant les regards coquins et très amusés des filles, ceux moqueurs de Guillaume et d'autres garçons et celui attendri d'Aaron, il s'excusa en levant les épaules. « Ça va quoi ! Pas ma faute si j'ai la classe ! »

La matinée aurait pu être ainsi parfaite si, pour faire comme les autres, Julien n'avait pas décidé d'échapper à la surveillance de José, de Basile et des autres moniteurs pour grimper sur le fameux toboggan. Car si lui aussi eut les pétoches « graves » comme Kilian, il réagit avec beaucoup moins de légèreté. Choqué par le plat particulièrement violent qu'il venait de se prendre, le jeune garçon s'était mis à pleurer en suffoquant sur le bord du bassin. Et pendant qu'il essayait de se remettre de ses émotions, le directeur de la colonie partit à la recherche d'un coupable parmi les adolescents pour assumer à sa place la responsabilité de son manque de vigilance.

Le midi, sur l'herbe qui jouxtait les bassins, les vacanciers purent profiter d'un pique-nique composé de chips, de sandwichs dégueulasses et de pommes, bananes et autres fruits. La plupart profitèrent du soleil qui autorisait leurs tenues ultralégères pour bronzer un peu, d'autres préférèrent faire jouer les hormones. Plusieurs garçons embrassèrent des filles, et vice versa. À l'ombre des installations, certains chanceux purent même admirer deux demoiselles s'échanger un long et langoureux baiser. Preuve qu'ils appréciaient l'instant, les témoins de sexe masculin, dont l'expression était particulièrement vide, bavèrent comme des escargots devant deux laitues entrelacées. L'homosexualité, c'est quand même vachement cool quand ça concerne les gonzesses, furent-ils nombreux à penser ! Kilian leur aurait bien montré que deux garçons ensemble, cela pouvait aussi le faire, mais embrasser Aaron devant Guillaume et d'autres crapules était tout sauf une bonne idée. Il le savait, tant que le temps était doux et agréable, cela ne servait à rien de faire trembler la terre jusqu'à déclencher un tsunami de critiques et de regards. Tant pis pour tous ces ignorants, ils ne savaient pas à côté de quoi ils passaient, songea-t-il simplement au moment de se jeter de nouveau à l'eau pour enchainer les longueurs.

Ce qu'il voulaitOn viuen les histories. Descobreix ara