4. À compétition nationale, niveau national !

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samedi 19 juillet 2014

Aar-o'-the-wisp (9:27) : Putain mon dieu, faites qu'il gagne ! C'est aujourd'hui sa compétition... Je veux qu'il gagne, je veux qu'il gagne, je veux qu'il gagne... S'il gagne, je traverse la Suisse et la France pour lui faire l'amour !
The Gardian Fire (9:28) : Et moi, je veux dormir, mais je peux pas à cause de ma reum qui fout le bordel. Et il va pas gagner, pas une chance. S'il finit premier, je bouffe mon chat. Enfin, j'dis ça, mais c'est pas comme si ça me dérangeait, hein ! (Qu'il gagne) (Et de bouffer mon chat ! Il le mérite cet ingrat !). Et s'il perd, ça va, ça te fera une bonne raison de le réconforter. Quels que soient ses résultats, t'es gagnant dans cette affaire !

The Gardian Fire (9:34) : Tu parles plus ?
Aar-o'-the-wisp (9:37) : J'viens de l'avoir au tel. J'adore sa voix. <3 Il fait trop p'tit mec... Sinon, ouais, t'as raison, mais j'veux quand même qu'il gagne...

« P'pa, grouille-toi, on va être en retard ! Tu peux pas me faire ça maintenant ! Allez, bouge ton cul ! [...] Ouais, nan, Aaron, allo, ouais, c'est mon vieux qui traine. Il fait chier franchement, on doit être là-bas à quatorze heures et je dois avoir bouffé avant. Paris, c'est super loin n'empêche. Bon, j'te rappelle avant mon premier match, il se ramène enfin ! »

Gesticulant sur son siège et se grattant la nuque et le dos dans l'Audi bleu foncé de François, Kilian trépignait d'impatience. Cela faisait maintenant au moins une heure qu'il avait jeté son sac d'escrime dans le coffre avec, à l'intérieur, son fleuret préféré, un fleuret de secours, son masque, sa combinaison et son gant usé qui lui servait de porte bonheur et qui lui comprimait la main. Devant s'occuper de Sohan en qui il plaçait de nombreux espoirs et de quelques autres grands qui concouraient le matin, son entraineur avait pris la route dès l'aube. C'était la première fois que François accompagnait son fils pour une compétition. Il le lui avait promis. Il le lui devait, même s'il savait que les trois heures et quelques de voiture seraient forcément pénibles. Jamais depuis la fugue de Kilian qui avait suivi une violente dispute familiale quelques mois plus tôt, le père et le fils n'avaient passé autant de temps en tête à tête. Incontestablement, ils avaient beaucoup de choses à se dire, mais le timing n'était pas le mieux choisi. Kilian le lui fit d'ailleurs rapidement comprendre en vissant son casque sur ses oreilles et en fermant les yeux pour feindre une sieste improbable au vu de son état d'excitation. Le moment de la discussion n'était pas encore venu, il fallait laisser du temps au temps pour que les liens se reconstruisent vraiment. Bercé par quelques slows qui lui rappelèrent sa merveilleuse soirée d'anniversaire du mois de mai, par de la musique japonaise qu'il avait téléchargée illégalement et par un vieux morceau américain, The Man comes around de Johny Cash, Kilian observait le paysage qui défilait en pensant, un peu, aux exploits sportifs qu'il devrait réaliser pour l'emporter et, beaucoup, à ce garçon qui ne voulait pas quitter son esprit. Même si son cher petit brun n'était pas physiquement présent, le blondinet le savait, il était quand même à ses côtés, ne serait-ce que moralement. Et pourtant, pourtant, le manque était tel qu'il ne pouvait s'empêcher de se sentir faible, comme si une partie de son cœur ne battait plus correctement.


Après un repas improvisé dans un restaurant routier, le père et le fils arrivèrent enfin au lieu de rendez-vous. Pierre, accompagné de sa famille, et les autres étaient déjà là. Les résultats des ainés, d'ailleurs, étaient plutôt bons. Sohan avait échoué aux portes du dernier carré, de peu, ce qui pour une compétition nationale était un excellent résultat. Immédiatement, le blondinet se jeta hors de la voiture et se faufila jusqu'aux vestiaires où il se changea en toute hâte sans même prêter attention aux regards intrigués des autres concurrents. Une demi-heure plus tard, alors que la compétition commençait par la traditionnelle phase de poules qui éliminerait la moitié des soixante-quatre candidats au titre de meilleur jeune fleurettiste de France, il était encore accroché à son smartphone.

Ce qu'il voulaitTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang