49. Ciné, piscine et bubble-tea

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lundi 27 octobre

The Gardian Fire (14:23) : Toujours aussi violentes vos séparations... Vous vous êtes vraiment câlinés sous la douche pendant la fête d'anniv de son frère ? Et tu lui as vraiment dit tout ça ?

Aar-o'-the-wisp (14:29) : Oui. J'étais tellement dans un état second que je l'ai même étranglé sans faire gaffe, et ce couillon, il n'a rien dit, il a juste pleurniché. Il m'a promis que ce qui s'est passé depuis la rentrée n'arriverait plus et qu'il irait chercher les câlins au plus près s'il en a besoin, à condition que je me sépare de ma grosse vachounette. Il est trop mignon quand il est jaloux <3 <3 <3 (ironie inside >_<) Je sens que je vais passer de looooongues semaines de merde tout seul, mais bon... J'aurais dû m'en douter qu'il me demanderait ça. À cause de moi, il s'est détruit. Une semaine d'amour et un poil de choses cochonnes, et il était de nouveau lui-même... À quel prix... Là, il a enfin compris qu'il devait accepter de vivre sans moi... Il a compris que je n'étais qu'un gros nul, que j'étais incapable de le protéger, que je l'avais abandonné et que je ne méritais pas qu'il se réserve pour moi. Si jamais il craque, il cherchera le bonheur à côté de lui, il ira dans les bras d'une personne qu'il aime et, si c'est nécessaire, cette personne lui fera même l'amour. Et moi, j'aurai envie de me flinguer, mais je m'en fou, car il sera heureux.

The Gardian Fire (14:31) : Tu te fais du mal tout seul, arrête, tu racontes de la merde, là. Et t'as pas oublié un truc dans ton plan génial ? J'veux bien que, chez ce couillon, les bisous où je pense sont de vrais médocs anti-déprime, mais : de un, jusqu'à preuve du contraire, ce sont les tiens qui fonctionnent parce que c'est toi, justement... Et de deux, tu connais beaucoup de personnes qui accepteraient de lui faire l'amour, à ton Kilian ? Tu sais, les ados de notre âge pensent pas forcément à ça, hein ! Même Kili, avant que tu ne lui mettes le grappin dessus, il ignorait tout de ces choses-là, il s'en foutait et il avait bien raison...

Aar-o'-the-wisp (14:33) : Je connais au moins une personne, et tu la connais aussi... Comment dire... Kilian m'a beaucoup parlé d'un certain garçon cette semaine, de sa folie, de ses frasques sexuelles avec des étudiantes plus âgées que lui et de son talent d'artiste... Et mon lionceau a même fini par m'avouer un truc sous les draps... un certain bisou qu'il n'avait pas cherché, mais qui ne lui avait pas forcément déplu... Je sais que ce mec aime Kilian, je sais qu'il l'a toujours aimé, même si c'est à sa manière et qu'il ne s'en vente pas. Il l'aime au moins autant qu'il est hétéro, et c'est un putain d'hétéro, c'est dire à quel point il l'aime, mon Kilian...

The Gardian Fire (14:34) : ... Je peux te l'assurer de la manière la plus ferme du monde, même si en effet « il » ne nie pas que Kil est important pour lui, « il » ne le touchera jamais, même le couteau sous la gorge. C'est une question d'honneur. Les médecins ont leur serment d'Hippocrate, les artistes, je sais pas, mais ils ont le même dieu tutélaire, Apollon. Si le rôle des docteurs est de soigner les corps, celui des bohèmes est de soigner les cœurs. Pas de sauter les blondinets.

Aar-o'-the-wisp (14:35) : Ouais, bah jusqu'à preuve du contraire, l'un n'empêche pas l'autre. Je dirais même plus, par expérience, que l'un sert vachement l'autre... surtout quand on parle de Kilian...

Malgré l'absence d'Aaron, la seconde semaine des vacances de la Toussaint fut, aux yeux de Kilian, presque aussi agréable que la première. Et tout cela grâce à une jeune Tunisienne aux iris noisette et à la peau parfumée avec qui il sortit presque tous les jours. Quelque peu désœuvrée, la jeunette s'était laissé convaincre. C'était ça ou rester chez elle à écouter les palabres inutiles d'un père de plus en plus fatigant. Aux yeux de son géniteur, les Français étaient décadents, dangereux, racistes, égoïstes et hérétiques. Quand sa femme lui demandait pourquoi il restait dans ce pays qu'il semblait détester, il répondit en haussant les épaules que, malgré toutes leurs tares, les Gaulois faisaient plutôt du bon fromage, et qu'après l'esclavagisme et l'impérialisme, c'était à eux de se faire coloniser par les Magrébins et leur culture. C'était de la résistance. Un combat sacré. Ironie de l'histoire, même si sa fillette préférée, qu'il avait peut-être un peu trop choyée, partageait certaines de ses idées sur la pureté de l'âme et l'importance de la morale, elle écoutait Beyoncé à la radio, regardait le Mentaliste à la télé, buvait du Fanta dès qu'elle avait soif, portait des Nike aux piedx et avait Hunger games comme livre de chevet. La morale est bien peu de choses face à la mode, même quand on veut se la jouer conquérant. Alors que cet homme rêvait secrètement d'un jour voir la France rejoindre un grand empire méditerrano-musulman pacifié, le pays des mangeurs de grenouilles avait déjà tout du cinquante-et-unième état américain, un semblant d'exception culturelle en plus et la réussite économique en moins.

Ce qu'il voulaitWhere stories live. Discover now