24. Camping animal

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Ce soir-là, Aaron ne se coucha pas dans son lit. Même si celui de Kilian semblait bien petit pour deux, les amoureux ne purent s'empêcher de passer la nuit collés l'un à l'autre, un simple drap relevé sur leur corps pour masquer leur nudité réciproque. Dans la chambre, personne ne songea à les juger. Bien sûr, le jeune Julien ne put s'empêcher de trouver cela stupide. Il faisait tellement chaud dans cette pièce où devaient survivre ensemble une dizaine d'ados qu'il lui paraissait complètement débile de jouer à la bouilloire. Le pauvre garçon ne pouvait pas savoir que l'odeur de pêche qui se dégageait du cou de Kilian était l'effluve la plus rafraichissante qui soit. Seul Aaron le pouvait. Et sentir le dos de son blondinet contre son torse, passer ses doigts sur son ventre et surtout humer à pleines narines le doux parfum de ses longs cheveux blonds, c'était sans aucun doute possible sa définition du bonheur.

Ce fut encore enlacés et assoupis qu'ils furent trainés hors du lit par leurs camarades. Il était l'heure du petit déjeuner. La question de laisser les deux amoureux profiter encore un peu de ce doux moment inconscient ou de sonner la cloche afin que Kilian puisse se remplir la panse s'était posée. Après tout, nul ne pouvant survivre uniquement d'amour et d'eau fraiche, le blondinet avait aussi besoin de sa dose de vitamines, de fibres et de glucides pour être en forme, même s'il grommelait le contraire en enfouissant sa tête entre les bras de son petit brun qui, de son côté, préférait faire mine de toujours dormir pour profiter encore un peu de cet instant précieux. Son sourire et son air amusé, pourtant, trahissaient largement son éveil. Devant cette situation bloquée, Arthur avait pris les devants. En tant que roux de la chambrée, il avait un rang à tenir. Celui de caporal-chef, en charge de l'approvisionnement, de la nutrition et des jeux vidéo. Et là, il y avait urgence, il ne restait plus qu'un petit quart d'heure avant que le réfectoire ne ferme ses portes.

« Nan mais sérieux les mecs, vous êtes brulants et dégoulinants de sueur ! On a pas idée de passer la nuit collés l'un à l'autre comme ça, en plein été, alors qu'on n'a même pas la clim dans la chambre ! Vous devez crever de chaud ! Heureusement que tonton Arthur est là pour vous rafraichir les idées ! »

En sentant lui courir dans la nuque le frais filet d'eau que le rouquin lui avait déversé sur la tronche, Kilian glapit et sursauta. Aaron, lui, beugla. S'il adorait Kilian, il détestait l'eau froide. Le mélange sur son corps de ces deux composantes lui laissait une impression étrange. Alors que son blondinet courait à présent dans tout le bungalow dans sa tenue d'Adam pour essayer de choper et de massacrer l'inconscient qui avait osé mouiller ses draps, le brunet se jeta sur son caleçon gris, l'enfila et se lança à son tour dans la mêlée. Très vite, Arthur se fit prendre, et malgré ses cris à l'aide presque animaux, Guillaume, Nicolas et Juan ne réagirent même pas. Ils étaient punis, il était donc hors de question pour eux d'intervenir dans la vie du camp jusqu'au lendemain. Et voir le garçon aux cheveux orange se faire chatouiller et martyriser était plutôt rigolo, suffisamment pour observer la scène de leurs lits sans bouger. Pour Aaron, l'heure de la vengeance avait sonné. Alors que son amoureux tenait les poignets de leur cible, il s'assit à califourchon sur le dos de cette dernière et ouvrit une des bouteilles d'eau qu'il avait gardées dans son sac, avant de vider son contenu directement sur cette touffe de cheveux orangée qui semblait crier « arrosez-moi ! ».

« Excuse-moi, hein, ne vois pas ça comme une punition, mais plutôt comme une expérience scientifique ! Tu sais, la rumeur comme quoi, vous changez d'odeur quand on vous mouille, tout ça ! »

Ce qu'il voulaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant