72. Affection enneigée

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dimanche 22 février

The Gardian Fire (19:04) : Alors, vos vacances ? Tu nous l'as rendu en forme, l'idiot des Alpes ?

Aar-o'-the-wisp (19:05) : Il n'est pas idiot, il est kilianesque ! C'est pas pareil !

The Gardian Fire (19:05) : T'as raison ! C'est pire ! :D

Aar-o'-the-wisp (19:06) : Pfffff. Sinon, c'était sans doute parmi les meilleures vacances de ma vie, et peut-être aussi de la sienne. Tout était parfait de A à Z, à part un simple détail.

The Gardian Fire (19:06) : Ah ? Lequel ?

Aar-o'-the-wisp (19:07) : Je l'aime...

The Gardian Fire (19:07) : C'est pas nouveau ça ! J'dirais même que tout le monde est plus ou moins au courant maintenant. C'est quoi le problème, alors ?

Aar-o'-the-wisp (19:09) : Je l'aime... J'ai toujours voulu son bonheur, j'ai même été prêt à sacrifier le mien pour m'assurer qu'il vive heureux. Je pensais que c'était ça, l'amour véritable. Là, je commence à réaliser que j'en suis incapable. L'amour, ce n'est pas abandonner. L'amour, c'est se battre. Et je vais me battre. Si je perds, tant pis. Son bonheur est plus important que tout, mais je me battrais jusqu'au bout. J'espère qu'il n'est pas trop tard. J'ai été stupide et là, j'le paye cash. Ça pique putain. J'aurais jamais imaginé que ça pique autant.

The Gardian Fire (19:09) : C'est Alia, c'est ça, le problème ? :-/

Aar-o'-the-wisp (19:10) : Il tient à elle. Et là, je me rends compte que j'aimerais qu'il n'aime que moi. Je l'ai compris pendant cette semaine. Est-ce que ça fait de moi un salaud ?

The Gardian Fire (19:11) : Non, tu réalises juste que les choses sont plus compliquées que tu ne le pensais au début. Tu as manipulé tout le monde parce que tu pensais que c'était le seul moyen de rendre Kilian heureux malgré ton absence. À toi de voir si tu es capable de le rendre encore plus heureux par toi-même.

« C'est marrant, avec tes beaux cheveux blonds, ta doudoune fluo et ton bonnet multicolore, t'as vraiment un super look de surfeur... Elle est si bonne que ça, la neige, pour que tu la goutes tous les cinq mètres ? »

Le nez dans la poudreuse, Kilian n'avait pas forcément autant envie de rire que son cher Aaron. Il avait plutôt envie de creuser des galeries entre les flocons pour cacher cette honte qui lui colorait le visage de manière ocre. Quelle idée stupide, aussi, il avait eu de frimer en disant qu'il se sentait prêt pour les bleues et les rouges après seulement deux jours de pratique. La vérité était dure à avaler mais pourtant évidente : il était nul en snowboard. Et ce qui l'énervait le plus, c'était de voir que le brunet qui l'accompagnait s'en sortait vraiment mieux que lui avec une planche accrochée aux pieds. Ça pour le coup, c'était vraiment humiliant.

Heureusement, dès le lendemain, le blondinet rechaussa ses skis et put prendre sa revanche en dévalant à toute vitesse une piste noire verglacée sans renverser personne. C'était d'ailleurs le but du jeu auquel s'amusaient les deux adolescents : arriver en bas en un seul morceau sans blesser ni tuer de vacanciers, pas même les enfants mal maniérés qui proféraient des insultes dans la queue des remontées.

Rarement Kilian s'était senti aussi bien de toute sa vie. Cette petite semaine de vacances à la neige avec son chéri et la mère de ce dernier, c'était le pied. Catherine passait la plupart de son temps à attendre le retour des deux adolescents aux différents bars d'altitudes de la station quand elle n'était pas tout simplement en train de préparer à manger dans le chalet familial situé pile sur le bord des pistes. Bien sûr, pendant deux jours, il avait fallu faire avec la présence de deux cousins de dix-sept et dix-huit ans, mais ces derniers ne dérangèrent pas le blondinet. Au contraire, ils étaient tellement sympathiques que Kilian regretta rapidement leur départ. Jouer au Kem's à deux, c'était quand même beaucoup moins marrant qu'à quatre. Et puis, le signe qu'il avait mis en place avec Aaron était tout simplement indétectable. Tout était dans le regard. L'adolescent aux yeux clairs s'amusait vraiment à reproduire celui qui accompagnait d'habitude leur moment de tendresse ou celui de ses éternelles bouderies, le tout pour donner de fausses indications à ses adversaires.

Ce qu'il voulaitWhere stories live. Discover now