8. Le collier

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Les jeunes vacanciers avaient une demi-heure devant eux avant la première veillée du camp. Pour Aaron et Kilian, c'était plus de temps qu'il n'en fallait pour enfin se retrouver. Dès la fin du repas, ils s'étaient enfuis dans la pénombre, derrière les terrains les plus isolés, pour être surs de ne pas être repérés. Personne ne les chercherait. Entre les retardataires qui n'avaient pas fini de prendre leur douche et les plaintes de Julien à qui sa maman manquait trop fort qui lui faisaient mal au crâne, José était bien incapable de savoir où étaient tous les adolescents de son groupe. Et ce n'était certainement pas Arthur, vexé à cause des moqueries dont il avait été la cible lors de ce foutu repas, qui s'inquièterait de l'absence du blond et du brun.

Quand les deux complices furent certains d'être à l'abri des oreilles indiscrètes, ils purent enfin se regarder les yeux dans les yeux, avant d'éclater de rire.

« Rho la honte ! On est vraiment des monstres, mais j'avoue, leur tronche, c'était trop drôle ! Et puis, tu fais trop bien le golden rétrieveur vexé, j'adore ! Il tire la tronche, le Kiki à son pépère ? Il aime pas qu'on se foute de la gueule de ses roux ? »

« Putain, t'abuses chouchou ! Pauvre Arthur, on l'a massacré avec nos blagues alors qu'il nous avait strictement rien fait ! Et les autres, ils ont rien pigé ! Quand Thomas va comprendre qu'on sort ensemble, je suis sûr qu'tous ses boutons vont exploser en même temps sur son visage ! »

Tout en parlant, Kilian avait laissé ses doigts tremblotants glisser sur la nuque d'Aaron. Front contre front, il humait le délicat parfum aux notes de vanille et de pomme que son amoureux avait choisi ce soir-là. Ce mélange de senteurs, qui lui rappelait d'intenses souvenirs, le fit ronronner. Assumant pleinement ce petit râle de satisfaction, il approcha ses lèvres de celles de sa panthère jusqu'à sentir sa respiration heurter son palais. Le dos affalé contre le grillage, Aaron trembla de plaisir et laissa sa paume droite glisser sur les fesses de son trésor doré à travers son fameux jogging vert. Puis, au moment même où son lionceau ferma les paupières, il plaça son index gauche entre leurs deux bouches, comme pour l'arrêter dans son mouvement.

« Tu vas trop vite ! Laisse-moi déguster ton visage du regard avant ! Je veux voir à quel point t'as grandi en deux mois ! »

Le blondinet sourit. Le soleil n'était pas tout à fait couché et éclairait légèrement la scène. Ses rayons coloraient en clair les cheveux foncés de son camarade dans lesquels il laissait glisser ses doigts. Plus les mèches noires s'enroulaient de manière naturelle autour de ses phalanges, plus il se sentait bien. Délicatement, il embrassa ce doigt qui lui gênait le passage puis décala doucement la tête jusqu'à ce que la joue droite d'Aaron lui soit accessible. Le plus délicatement possible, il y déposa un tendre baiser, puis il chuchota :

« J'peux pas attendre. J't'aime trop. Ça fait peut-être niais et roman à l'eau de rose, mais je t'aime trop, c'est comme ça. Laisse-moi te montrer à quel point tu m'as trop manqué ! »

Leurs yeux se fermèrent, leurs lèvres se retrouvèrent. Plus Kilian s'agrippait au cuir chevelu d'Aaron, plus ce dernier s'accrochait à ses côtes et au bas de son dos. Déjà, ses mains se baladaient sous son t-shirt et ses doigts s'engouffraient subtilement sous l'élastique du caleçon blanc du bel adolescent. Les mots étaient moins forts que la tendresse qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Trop en échanger n'était que perte de temps et de salive, fluide qu'ils préféraient s'offrir encore et encore à l'aide de leurs langues roses entremêlées. Pour Aaron, pouvoir caresser ce postérieur qui lui avait tant fait de l'œil avant le repas était une satisfaction qui ne le laissait pas de marbre. Comme toujours depuis leur première rencontre, le velouté de la peau de son jeune amant qu'il ressentait sous ses paumes créait en lui des sensations uniques et brulantes. Collé contre son bassin, Kilian ne les ignorait pas. Sentir la légère excitation naissante de son amoureux contre sa cuisse l'attendrissait toujours. À ses yeux, il n'y avait pas de plus belle preuve d'affection que ce genre de réaction, surtout quand elle provenait d'Aaron. Essoufflé par l'étreinte, il recula la tête de quelques centimètres pour reprendre ses esprits, sans lâcher sa panthère du regard. Les mains toujours plongées dans sa crinière noire et intense, il sentit son cœur battre encore plus fort. Aaron était toujours aussi beau, mais d'une beauté que lui seul pouvait comprendre et vraiment apprécier. Bien entendu, la peau blanche et un peu laiteuse de son jules était douce à rendre jaloux bien des adolescents et à ruiner bien des dermatologues. Bien sûr, sa bouche au gout de pomme ne souffrait d'aucun défaut et semblait tracée au crayon. Assurément, ses iris étaient profonds et brillants. Évidemment, son nez ne connaissait ni brisure, ni impureté. Incontestablement, ses cheveux ressemblaient à la plus douce de toutes les soies et avaient la couleur du crin des plus grands pur-sangs arabes. Mais ce qui rendait Aaron vraiment beau à ses yeux, ce n'étaient pas toutes ces choses communes que tout le monde pouvait voir, mais bien plus son attitude, son intelligence qui semblait émaner de son corps comme une aura, la profondeur de son regard et même sa simple existence...

Ce qu'il voulaitWhere stories live. Discover now