CHAPITRE LXXXVII - L'ÉQUIPE A CONTRE LA CORSAIRE

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- Ce n'était pas une question, Jorge, mais un ordre. Vous êtes plus rapides que moi, et je suis plus fort que vous. C'est la meilleure solution.

Tandis que Jorge ruminait, maugréant qu'il était bien aussi fort, Haru s'approcha de lui et lui confia Lola. Puis, elle s'avança au niveau de Zell et encocha une flèche à son arc.

- Inutile que nous soyons deux à fuir. Jorge est très rapide et peut bien porter Jun et Lola à lui seul. Je vais rester là, avec toi. Nous l'affronterons ensemble.

Zell lui jeta un regard entendu et déterminé, le visage fendu d'un sourire complice. Dans cette danse mortelle au clair de lune, il aurait la chance d'être aux côtés de la belle Haru.

Alors que Jorge hissait Jun et Lola sur son flanc, grattant la terre de sa patte, Nephila fit cliqueter ses chélicères furieusement.

- Cela me parait étrange, impertinent même, mais il semblerait que vous ayez oublié de m'inclure dans votre équation. Vous croyez donc que je vais vous laisser fuir aussi facilement ?

- Tu n'auras pas le choix ! s'écria Zell. Jorge, maintenant !

Aussitôt, Jorge se mit à cavaler comme une bête enragée, Jun et Lola sur le dos, Peck voletant au-dessus de sa tête. Face à lui, la bête étendait ses longues pattes et jubilait.

- Tu comptes te jeter dans ma toile, soldat ? Bien étrange stratégie qu'est la tienne.

Mais derrière le soldat ursin, ses deux camarades bondirent et crièrent à l'unisson :

- Pied Ouragan !

Deux lames d'air tranchantes s'échappèrent de leurs jambes puissantes, lacérant le sol de terre comme s'il eut s'agit de beurre. Tandis que Jorge cavalait au-devant, les lames d'air semblaient le rattraper. Petit à petit, la distance entre lui et l'ennemi se réduisait. Rester, saisir le jeune soldat et les deux blessées entre ses chélicères et les dévorer, au risque d'être frappée par l'onde de choc, ou bien se dérober sur le côté pour éviter l'attaque. Le dilemme s'offrait à Nephila qui, jusqu'à la dernière minute, hésita.

- Incision ! hurla Jorge au dernier moment, alors que Nephila s'apprêtait à le cueillir dans ses crocs.

Aussitôt, le soldat disparu et l'araignée fut frappée de plein fouet par le double Pied Ouragan. L'onde tranchante frappa son exosquelette dans une détonation assourdissante, soulevant un nuage de poussière tandis que la puissance de l'attaque la repoussait de quelques mètres. Elle demeurait intacte, invincible, mais le jeune ours était parvenu à fuir au dernier moment. Grâce à cette technique qui lui était inconnue, Néphila avait perdu sa proie, qui demeurait à présent introuvable. Comme volatilisé, l'ours n'était plus là.

Mais alors que Haru et Zell se réjouissaient déjà, le piège de la corsaire se referma sur Jorge : aveuglé par sa course, il ne remarqua pas le mince fil de soie dissimulé dans la forêt et s'y pris la patte. Le fil était fin et léger, Jorge ne le remarqua même pas. Le danger n'était pas là. Mais la soie, directement reliée à Néphila, l'alerta aussitôt de la présence de son ennemi.

La bête fut réactive, et, débordante de fureur, elle se retourna et se jeta à la poursuite de sa proie. Ces maudits gamins ne devaient pas quitter son île vivants : si toute cette affaire arrivait aux oreilles de la Marine, la Corsaire perdrait aussitôt son titre et serait jetée en prison. Enlèvement, meurtre, construction d'une armée de grande envergure... Ces charges n'étaient pas anodines et entraîneraient sans aucun doute la pirate dans une spirale infernale. Le titre de Corsaire permettait d'obtenir un certain nombre de privilèges, mais si de tels actes étaient découverts, toute la Marine se jetterait à sa poursuite, y compris les amiraux. Non. Définitivement, elle ne pouvait pas laisser ces gêneurs s'enfuir. Elle devait les capturer dès que possible.

Mais alors qu'elle se jetait furieusement à leur poursuite, elle entendit derrière elle :

- Corda : pendurado !

Aussitôt, quatre nœuds de corde fusèrent et saisir la bête par les pattes avant, la tirant en arrière avec fermeté. Tandis que Zell tirait de toutes ses forces, ses bras encore meurtris de son combat contre Mothra, Haru se jeta à ses côtés et tira avec lui.

- Ne lâche pas, Haru ! Surtout, ne lâche pas !

- Si tu crois que c'est mon genre... !

Alors que Jorge disparaissait progressivement dans l'obscurité de la forêt, la bête, entravée par Zell et Haru, fulminait de rage. Furieuse, elle tira subitement sur ses quatre pattes avec fureur, déchirant les cordes, projetant les deux soldats vers l'avant.

- Très bien ! hurla-t-elle. Dans ce cas, je vais commencer par vous ! Puis, j'irai démembrer cet ours, votre amie et cette sale petite garce qui les accompagne ! Dans tous les cas, votre navire ne pourra pas faire voile de sitôt, je m'en suis assurée.

Zell et Haru, essoufflés, épuisés, brisés, demeuraient droits. Le jeune charpentier manqua de flancher, encore éprouvé par son combat contre Mothra, mais la main de son amie vint retenir la sienne.

- Ça va aller, Zell... chuchota Haru. Je peux le sentir.

Zell regardait son amie avec tendresse. Cette positivité était touchante, alors qu'ils approchaient de leur mort. Au moins vivraient-ils ce dernier moment ensemble.

- Zell, il arrive. Je le sens venir !

Zell comprit que les mots de Haru n'était pas qu'une manière désespérée de se rassurer. Tandis que l'araignée géante se ruait vers eux, furieuse, ils entendirent un cri raisonner dans la nuit :

- Bird of prey : laceration !

Aussitôt, les chélicères de la bête vibrèrent furieusement, sa gueule libérant un cri de douleur strident. De l'un de ses huit yeux globuleux, il ne restait qu'une fente dont coulait un torrent de sang noir et épais. Son énorme tête velue était lacérée. Et dans la lame d'or de son assaillant se reflétait les rayons de lune. Le véritable combat allait pouvoir commencer. 

MARINES - A ONE PIECE story (FRENCH) - Partie IWhere stories live. Discover now