Chapitre XXIX

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Au palais peu de personne avait remarqué que le Prince Cyril n'avait pas dormi dans son lit. Il rentra et trouva sa famille, du moins ce qu'il en restait, dans les appartements de ses parents, ou plutôt de sa mère. Celle-ci paraissait paniquée, elle cherchait quelque chose ou quelqu'un des yeux, assise sur un fauteuil. Elle posait sans cesse la même question à Elizabeth :

-Quand ton père va-t-il rentrer ? Il devrait être là depuis des jours.

Et Elizabeth répondait désespérée :

-Papa est mort, il ne reviendra pas.

Olga faisait « non » de la tête et riait :

-Voyons. Il est au palais Semaine. Je me souviens de notre premier baiser. Je l'aime depuis si longtemps. Quand ton père va-t-il rentrer ?

Cyril comprenait ce qui se passait. Sa mère était devenue folle, elle n'avait pu supporter la mort de son grand amour, de l'amour de sa vie. Elizabeth ne savait que faire, elle se pencha vers son frère et lui dit :

-Faut-il l'interner ?

-Possible. Souffla-t-il.

-Quelle image nous aurons dans la presse !? Les Moscov : une famille de fous. Non, c'est hors de question. Gardons là au palais.

-Ici. S'excita Cyril. Gardez enfermé notre propre mère. La laisser mourir ici. Quelle monstruosité !

-Des fois il faut savoir être monstrueux pour que le monde ne voie pas notre monstruosité. Philosopha Elizabeth.

-Je ne suis absolument pas d'accord.

Olga les interrompit :

-Mes enfants, quand votre père va-t-il rentrer ?

Cyril soupira de désespoir :

-Papa aurait su quoi faire. Murmura-t-il à sa sœur.

-Va donc lire ses mémoires. Proposa Elizabeth. Elles sont sur mon bureau.

Il fut très surpris et affirma à sa sœur qu'il le ferait, et qu'il y allait dès maintenant. Il gagna les appartements d'apparat, ceux où travaillait sa sœur. Il trouva le manuscrit de son père. Il s'installa dans ses appartements, près du berceau de sa fille et commença sa lecture. Il le feuilla et tomba sur un passage particulier :

« Cela faisait trois mois que j'étudiais au lycée Impérial quand lors d'un cours de politique je montrais mon désaccord avec mon professeur. Il avait soulevé l'idée que notre système politique était très complet et satisfaisant. Je ne pouvais laisser cette parole qui m'irritait se répandre dans la conscience de mes pauvres camarades dont l'endoctrinement ne faisait que commencer. Alors je critiquais la politique qualifiant l'autocratie de système obsolète et bien plus encore. Mon professeur ne me répondit rien. En sortant de la salle je fus abordé par un jeune garçon de ma classe, il se présenta et dit se nommer Charles Ronor et me tendit un bout de papier sur lequel était écris une heure tardive et un numéro de salle. Une réunion allait avoir lieu, du haut de mes quinze ans j'aillais assister à la réunion d'une confrérie. Charles partit avant même que j'eus le temps de lui poser des questions ». Ce passage contait la toute première rencontre entre Charles Ronor et Vladimir. Cyril continua. Il tomba sur un autre passage :

« Prêt de lui se trouvait mon valet, Chris, qui semblait gêné, je compris que Charles l'avait forcé à le conduire à moi. Sans un mot pour Charles, je demandais à Chris de nous laisser. Charles me parla calmement en cachant sa colère sous-jacente:

-Tu nous à trahir. Répliqua-t-il au milieu de la conversation. Tu as osé épouser la fille de l'homme le plus détestable du pays.

-Tu sais pertinemment que toi et moi n'avons jamais été totalement d'accord sur certaines idées politiques.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now