Chapitre IV

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Comme promis le Général Colpaille mena ses troupes à la lisière du champ face aux troupes du Général Salim. Sur sa monture blanche, Salim regardait le soleil se lever doucement sur la plaine. Sélène s'approcha de Salim chevauchant devant les soldats alignés comme de piquet :

-Le grand jour est arrivé. C'est le seul et unique front que nous avons. Pas comme en Garmanie. Là-bas il y a du boulot.

-En effet. Répondit Salim sans écouter. Préparez les hommes.

Sélène s'élança vers l'avant des légions :

-Mais qu'est-ce que je fais ici. Murmura Salim paniqué.

Il se tourna vers les hommes armés. Tous étaient droits sans émotion, mais la peur se lisait sur leur visage, la crainte de la mort, la crainte de tuer, de se battre. Tout comme leur chef en ce jour. Qu'importe la peur, il fallait faire ce que de loin ordonnait leur Empereur. Sélène ayant fait un rapide contrôle, affirma à Salim que tout était prêt :

-« Prêt » est un bien grand mot. Souffla Salim penaud.

-Il y a du mouvement. Maugréa Sélène.

Salim regarda les Nouveau-Ducs s'avancer, ils descendaient une légère pente. Ils étaient au moins dix milles, jugea Salim. Cela le mit en confiance car il avait avec lui quinze mille hommes. Sélène fit la même remarque mais à voix haute. Salim leva les yeux vers le ciel et priait les forces de son enfance, celles que son père lui a appris à vénérer quoi qu'il arrive. Il ferma les yeux et leva les bras en murmurant des paroles incompréhensibles pour Sélène. Puis brusquement un coup de feu retentit. Colpaille pour prévenir de l'attaque avait tiré en l'air alors que ses hommes cheminaient doucement :

-Aller ! Hurla Sélène.

Les Alléniens descendirent la pente à leur tour et atteignirent le champ déjà envahit par les ennemis. De là-haut, sur son cheval droit, Salim contempla la scène d'horreur qui se dessinait devant ses yeux ahuris. Sélène à ses côtés jugeait les soldats qui effectuaient maintenant du corps à corps. Ici pas d'aviation contrairement au front Est en Garmanie, ici juste des soldats, des armes à feu, du courage et des larmes. Celles de Salim. Les balles sifflaient, des hurlements fêlaient l'air de leur son strident et douloureux. Les baïonnettes perçaient la chair chaude et se retiraient aussi vite qu'elles étaient entrées. Les corps tombaient comme des masses venues du ciel et percutant le sol comme des pierres déboulant des plus hautes montagnes. Le champ vert était rouge. Les hautes herbes folles devenaient une boue rougeâtre et sale piétinées par les bottes crasseuses de soldats encore éveillés, ceux qui essayaient de rester en vie :

-Je n'en peux plus ! S'écria Salim.

Il sauta de son cheval et saisit son fusil avant de dévaler la colline :

-Revenez ! Revenez Votre Altesse ! Hurla Sélène. Votre vie est trop précieuse !

-Comme celle de chaque soldat ! Répliqua Salim.

Sélène jura. Il perdit le Prince de vue dans la masse de combattant. Plus personne ne distinguait plus rien. Les soldats se confondaient les uns les autres. Le Général jura encore et encore. Ne sachant que faire. Salim ne devait pas mourir sinon la carrière de Sélène était finie. Que faire ? Il s'élança vers le meneur de troupe et lui demanda de sonner la retraite car le Prince était dans le champ. Le soldat obéit et monta à cheval avant de crier :

-Retraite ! Retraite !

Les soldats reculèrent tous, prudemment, sur leurs gardes. Colpaille qui détestait les batailles trop facile, sonna le retraite lui-aussi. Les troupes se retirèrent brusquement, laissant le champ remplie de cadavre des deux côtés. Sélène fit le tour des troupes revenues :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now