Chapitre XXIV

145 14 0
                                    


Hermann revenait du marché et trouva Lana attablée, une tasse chaude dans la main. Son regard était mort, ses joues creuses, son nez fuyant, comme-si il avait rétréci, ses chevaux sales, peu entretenu. Son allure laissait dans l'ensemble cruellement à désirer. Hermann lui tendit le journal, elle ne le prit pas. Elle ne le regardait même pas. L'ancien soldat éprouvait des sentiments pour elle, sans savoir comment les définir. De l'amour ? Amitié ? Pitié ? Les trois ? Il savait juste qu'il aurait fait n'importe quoi pour qu'elle sourît de nouveau. Il s'assit face à elle et lui prit les mains. Elles étaient gelées, glacées. Il souffla dessus de l'air chaud et les frotta avec affection. Dehors le vent soufflait. Les Ronoriens avaient beau avoir réussi l'exploit de tuer l'Empereur, Lana n'était pas fière d'avoir en plus ôté la vie à une future mère. Elle, qui avait à peine connue la sienne, savait quelle douleur, quelle question, allait connaître la fille de Cyril. Tout à coup un bruit sourd résonna, puis la maison trembla, et des cris retendirent. Hermann se leva, Laurel apparut par la porte d'entrée :

-Des avions nous bombardent !

Dès que sa phrase fut achevée de nouveaux bruits sourds se firent entendre, et une odeur de cramé les accompagna. Lana poussa les deux jeunes hommes et se rua dehors. De la fumée perçait le ciel gris. Des flammes hautes de plus de trois mètres détruisaient une résidence à seulement quelques mètres d'eux. Lana étouffa un cri :

-Il faut évacuer la ville ! Cria Laurel.

Ils levèrent la tête vers le ciel et découvrir une trentaine d'engin volant. Une explosion souffla un immeuble entier. Il s'écroula tel un château de carte. Des centaines de personne couraient dans tous les sens. Des enfants pleuraient dans les bras de leurs parents, ou d'inconnu qui tentait de les sauver. Qu'importe ! C'était un véritable enfer de flamme, d'explosif, de fumée, de sang...Des cadavres commençaient à pourrir le sol de Lavily. Hermann se mit à courir vers la rue principale :

-Hermann ! Où vas-tu ? S'enquit Lana.

-Chercher ma mère !

-Lana, nous devons partir. Rappela Laurel. Vite !

-Va-y toi ! SI je ne reviens pas, deviens le leader. Je n'abandonne pas Hermann.

Et elle disparut dans une rue adjacente. Une bombe propulsa Laurel à terre. Il se releva, les vêtements noircis et décida de quitter la ville. Lana traversa une foule paniquée et ordonna à tous de fuir vers les bois au plus vite. Les moteurs des avions, avec leur bruit si reconnaissable, frôlaient les toits des maisons et immeubles. Hermann était avec sa mère, lorsqu'il retrouva Lana à un carrefour commercial en ruine :

-Fuyons ! Vociféra Hermann.

Le raid aérien semblait se terminer enfin. Tous se figèrent, attendant la suite, ce qui ne tarda pas à venir :

-Plus un geste ! Hurla une voix forte près d'eux.

Des milliers d'hommes armés pénétrèrent dans la ville et arrêtèrent tous les survivants. Lana fut arrêtée, tout comme Hermann et sa mère. Plus de cinq mille personnes furent embarquées dans des camionnettes tirées par des chevaux. Lana fut poussée à l'intérieur. Elle jeta un dernier coup d'œil à Lavily, la ville des Ronoriens. Elle n'était plus rien. Juste des ruines, du feu, des flammes...Plus rien. Lana pleura, comme tous dans la camionnette. Hermann fut emmené dans un autre véhicule. Près de Lana se trouvait un homme, assez âgé, qui demanda :

-Qu'allons-nous devenir Mademoiselle Ronor ?

Toutes les personnes présentes se trouvèrent vers elle, avec espoir, crainte, impatience. Le véhicule démarra :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant