Chapitre VII

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Un hurlement horrifiant déchira le calme du palais royal. Les domestiques avaient l'habitude, cela faisait plusieurs jours que cet homme, blessé mortellement, criait sa douleur sans honte et gêne. Beaucoup avaient pitié, d'autres attendaient juste qu'il meurt et qu'on en parle plus. Mais leur Princesse faisait tout pour le garder en vie, car elle ne pensait qu'à lui. Le Général Colpaille sentit qu'il avait commis une erreur, sa tête allait bientôt tomber. Dès qu'il avait ramené le corps ensanglanté du jeune Salim, le regard de son amante avait changé sur lui : elle le haïssait. Pour quelle raison ? Il avait meurtri le corps de son amour, de son Salim. Colpaille saisit que depuis le début Saphira ne l'avait jamais aimé, que son cœur était à Salim et ceci pour toujours. Le pauvre Général regrettait d'avoir profité de la cohue et de la débandade afin d'emmener le Prince Allénien chez le Grande-Duchesse, comme elle l'avait exigé. « J'aurai dû le laisser crever le saligaud » souffla-t-il dans un des couloirs du palais situé dans la capitale du Nouveau-Duché. Brusquement Saphira apparut suivit par ses nombreuses servantes. Colpaille eut le souffle coupé. Sa beauté dépassait tous ses souvenirs pourtant si nombreux. Il s'inclina, elle l'ignora, pénétrant dans la pièce où se mourrait le Prince Salim. Une balle avait traversé le bas de son torse, un trou béant torturé par des médecins peu compétent semblait remplacer ses côtes. Saphira le regarda et détourna les yeux. Quelle horreur ! Tout cela de la faut de cet idiot de Colpaille ! Salim n'avait pas encore conscience d'où il se trouvait et surtout avec qui. Sa blessure le perdait dans les méandres de son esprit et sa vue restait flou. Il criait lorsque tel ou tel docteur le charcutait sans raison évidente. Il marmonnait, apercevant des formes mouvantes qui s'activaient autour de lui. Une main se plaça sous sa tête et une voix chuchota des mots doux. Il reconnut cette voix ! Saphira ! Il était chez elle ! Il était prisonnier ! Il tenta d'ouvrir les yeux mais un flou permanent remplaçait sa vue habituelle. Il balbutia, essayant de dire quelque chose. Saphira se baissa vers lui et lui demanda de répéter. Sa voix nouée et pourtant si belle, rassura Salim. Elle avait peur pour lui. Il avait mal, très mal. Il voulut bouger sa main vers la source de la douleur mais il sentit une force inconnue le retenir. Il ne pouvait pas baisser le bras. Soudainement sa tête bascula sur le côté du lit où il était allongé et vomit du sang. Une chaleur immense lui enflamma la gorge :

-Faites quelque chose ! Hurla Saphira aux nombreux médecins. S'il meurt, je jure de tous vous réduire à une vie si misérable que vous me supplierez de vous faire exécuter !

-Nous avons tout tenté Votre Altesse. Il va mourir. Tenta un médecin.

-Non ! Ici, on ne meurt pas ! N'est-ce pas mon amour, tu ne vas pas partir comme cela ?

Elle était à genoux près du lit où gisait le corps presque froid de son ancien amant. Approchant sa tête sur celle de Salim, elle mit leurs fronts en contacte et pleura. Les larmes coulèrent sur le jeune homme qui ne sentait plus rien à part sa blessure :

-J'ai peut-être une solution, murmura un médecin, mais il risque de mourir.

-Dans tous les cas il risque de mourir non ?! S'énerva Saphira. Faites votre travail !

Elle se redressa et laissa le médecin faire ce qu'il voulait de Salim.

Quatre longues heures plus tard, le Prince s'éveilla doucement et péniblement. Un vent frais, celui de la nuit, soufflait à travers les rideaux, ceux-ci bougeaient agréablement, et Salim apercevait comme des voiles fins mouvant. Il bafouilla sans vraiment savoir ce qu'il essayait de dire. Une main caressa la sienne avec une douceur instance et étrange. Une douceur qu'il n'avait pas connue depuis... :

-Saphira. Murmura-t-il subitement sûr de l'endroit où il était.

-Oui mon amour. Je suis là. Tout va bien maintenant.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now