Chapitre XVII

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Dormant peu depuis quelques mois, Lana Ronor se leva alors que le soleil faisait à peine son apparition. Elle se prépara, comme chaque matin, et alla dans la cuisine où se trouvait déjà Hermann, son « garde du corps ». Il la salua mollement, sûrement fatigué de ses nuits sur le canapé, un peu pourri, du salon. Il la regarda. Elle avait changé. Depuis le jour où par hasard elle tomba sur une lettre de Cyril qu'il avait envoyé à Hermann :

Mon ami,

Je suis navré de t'avoir parlé de cette manière lors de mon mariage, la présence de Lana m'a profondément ébranlé et cela à, quelque peu, ruiné ce jour si particulier. Ce n'est pas une excuse, je suis désolé. Comment vas-tu ? Comment va-t-elle ?

Ma femme est enceinte ! Je te le dis car j'ai envie de faire partager ma joie si immense, voir incommensurable ! Je suis si heureux ! Chaque nuit, je rêve de ce bébé que je n'ai pas encore ! Que je veux avoir ! Je t'avoue que j'ai peur ! Peur de ne pas être à la hauteur, je suis si jeune, elle est si jeune. J'espère que notre amour, pour cet enfant, et celui que nous nous portons suffira à être des parents exemplaires.

J'espère que de ton côté tout va bien. J'ai prévu d'augmenter ton salaire. Ne t'inquiète pas.

Envoie-moi des nouvelles. J'aimerai te voir.

Rey te protège.

Je te salue.

Cyril Moscov.

(Ps : Comment va-t-elle ? Je ne sais pas quoi lui dire ? A part que je lui envoi encore mes condoléances. Je l'embrasse).

Elle avait lu cette missive et n'avait rien dit. Pas un mot, pas une larme, pas une remarque. Rien. Le néant et c'était bien pire que toutes les larmes du monde. Hermann en était sûr à présent : Lana aimait Cyril, mais sa fidélité à la lutte de son père l'empêchait de se l'avouer, de lui avouer. Elle souffrait tellement. Elle avait maigrit, son teint était si blanc, plus que d'habitude, ses yeux si noirs n'exprimaient que la peine et l'anéantissement moral. Elle semblait être l'ombre d'elle-même. Ce matin-là, elle apprit une terrible nouvelle. Un Ronorien, nommé Laurel, arriva, emmitouflé dans un épais manteau noir. Il était grand, brun, les yeux clairs et vifs, le visage carré, avec une légère barbe. Il avait été le préféré de Charles pendant un temps, mais il était très radical, ce qui déplut fortement à Ronor, qui fit de Markus son second. La mort de ses deux derniers le remit sur le devant de la scène chez les Ronoriens. Il s'avança vers Lana, la salua et dit :

-Tu as entendu ce qui s'est passé hier ?

Elle fit « non » de la tête en se préparant un thé :

-Les FPI ont chargé la foule sur la place Semaine. Plus de 35 morts.

Lana savait pertinemment que Laurel y était. Il était le genre d'homme à accomplir des actions dans son coin pour impressionner ses supérieurs, dans ce cas-là Lana. :

-C'est la Régente qui en a donné l'ordre. Continua-t-il. La rupture entre le peuple et les Moscov est enfin arrivée.

-Tu en es sûr ? Lança-t-elle.

-Oui, c'est le moment d'agir. Les gens comprennent qu'on leur ment. Qu'attends-tu ?

-Ne t'inquiète pas. Tu viens à la réunion ce soir ?

-Evidemment. Dit-il excité. Je suis toujours là.

Faux, pensa-t-elle. Il n'aimait pas venir quand Markus était le numéro 2 de Charles. Ils se haïssaient. De plus Laurel était au courant que Markus aimait Lana. Hermann écoutait mais sa présence horripila Laurel :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now