Chapitre XXI

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Il prit le premier train pour Lavily, ayant acheté un billet, qu'importe le prix. Il réussit à semer les FPI chargés de sa sécurité en passant par la porte de derrière à l'ambassade. Il avait couru jusqu'à une boutique de vêtement et échangé son uniforme trop ostentatoire pour un complet plus simple. Etrangement le vendeur ne lui posa aucune question, sûrement parce qu'il gagnait au change. En grimpant dans le train, Cyril se demandait s'il n'était pas tout simplement fou. Un mois après sa réapparition chez ses parents, il repartait. Pour quoi ? Pour les beaux yeux de Lana Ronor. Non pas seulement pour ses beaux yeux mais pour devenir quelqu'un. Changer de vie, être une véritable personne et pas le « fils de... ». Il prit place dans un compartiment avec deux femmes, bourgeoises jugea-t-il, qui discutaient. Quand il s'assit, elles tournèrent la tête vers lui en souriant. Il eut presque peur à cause de la synchronisation de leur action :

-Où allez-vous jeune homme ? Demanda l'une d'elle.

-A Lavily.

-Ah ! Pour qu'elle raison ? Car Lavily on y va, on n'y passe pas. C'est un célèbre dicton de la ville. Rajouta l'autre.

-Pour...Cyril ne savait que répondre. Pour retrouver quelqu'un.

Les femmes pouffèrent légèrement. Cyril rougit tellement qu'il devint écarlate. Il avait chaud, et s'excusant auprès des deux femmes, il sortit du compartiment. Le train traversait la campagne, les grandes terres agricoles. L'Allénie était la plus grande réserve de blé du monde. Cyril posa son front contre la vitre froide, cela lui faisait du bien :

-Votre Altesse.

Cyril sursauta et se tourna vers la personne qui venait de le nommer de la sorte. C'était le soldat qui l'avait accompagné à Orchida. Il reconnut son regard franc sur ce visage clair entouré de cheveux bruns. Il était en civil, de repos durant ces jours. Il s'inclina devant Cyril :

-Non, non. Chuchota le prince. Je suis ici incognito. Relevez-vous.

Il se redressa perplexe :

-Mais pourquoi ?

-Je vais à Lavily.

-Oui, moi aussi. Chez moi. Expliqua le soldat.

-Comment t'appelles-tu ?

-Hermann Turnin.

-Bien Hermann, tu ne m'as pas vu. Retourne dans ta cabine.

-Mon devoir est de vous protéger, même en civil. Je reste avec vous. Affirma-t-il en bombant le torse.

Cyril allait protester mais il se dit qu'avoir un allié à Lavily serait une excellente chose, surtout un soldat. Alors il acquiesça d'un signe de tête. Au moins il ne ferait pas le voyage seul. De plus Cyril ne croyait pas au hasard, les deux bourgeoises qui le mettent mal à l'aise, le fait qu'il sort pour les éviter, et la permission du soldat : tout cela en même temps. Ce n'était pas un hasard. Cyril devait rencontrer Hermann, Hermann devait rencontrer Cyril. Hermann proposa à Cyril de venir avec lui dans son compartiment. Le Prince accepta. Il était en troisième classe alors que Cyril était auparavant en première classe. S'il avait croisé Hermann c'était parce que celui-ci cherchait le wagon restaurant. La troisième classe était encombré de valises et même d'animaux. Une poule sauta sur Cyril. Il n'en avait jamais vu une d'aussi près. Il n'y avait pas de compartiment. Tous étaient assis au même endroit dans le wagon. Hermann et Cyril s'assirent côte à côté en face d'une famille de paysans qui parlaient du mariage d'Elizabeth et Salim avec une grande admiration :

-Tu imagines ce qu'ils doivent manger en ce moment. Dit la mère. Des oies bien garnies, des litres de vins. Et j'ai hâte de voir la robe dans le journal de demain.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now