Chapitre VII

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Ayant appris la détention de Salim à Diavie, Elizabeth fut anéantie. Son pauvre fils Daniel, un simple bambin, n'allait peut-être jamais connaître son père, son très beau père. L'Impératrice n'avait pas le temps de s'occuper de Daniel en ces temps de troubles absolus. Elle envoya une délégation allénienne à Damir pour négocier la libération de Salim. Quelle idée stupide il avait eu d'aller sur le front dès le début de la guerre ?! Cet homme était bête ! Pensa Elizabeth au comble de la tristesse. Mais dès qu'elle plongeait son nez dans les affaires du pouvoir, elle oubliait ses soucis, et aimait donner des ordres, se sentir puissante et aimée. Le pouvoir était ce qu'elle aimait le plus depuis qu'elle y avait goûté, c'était une seconde nature chez elle. Ce jour-là, elle était pleine réunion avec les services secrets lorsque le Ministre de l'Intérieur arriva :

-Votre Altesse ! Ce qui se passe est grave !

-Qui vous a donnez l'autorisation de parler !? Répliqua fermement Elizabeth.

-Excusez-moi Votre Altesse, mais les Askans viennent de se rebeller !

-Comment ? S'écria Elizabeth.

-Ils se sont enfermés dans le palais Aska et refusent de sortir si vous n'abdiquez pas !

Brusquement elle tourna le dos au Ministre. Sa colère était si grande qu'elle eut presque envie de hurler, de frapper tout ce qui se trouvait sur son passage. Serrant les poings et la mâchoire, elle n'arrivait pas à articuler. Cette rage ne voulait qu'une chose : exploser ! Elle marcha d'un pas rapide jusqu'au Ministre et l'attrapa par le col de sa veste :

-Vous allez faire exactement ce que je vous dis ! C'est bien compris ! Sinon votre charmante famille payera !

-Oui. Balbutia le Ministre.

-Fermez toutes les portes du palais ! Toutes ! Et mettez le feu !

Derrière elle, les personnes présentes furent choquées. Elle les regarda un par un avec un regard de défi, ils savaient que s'ils osaient dire quoi que ce soit, leur famille n'en sortirait pas indemne. Alors il se tut :

-Puisque personne n'a rien à dire ! Allez !

Le Ministre tremblait mais n'avait d'autre fois que de transmettre les ordres. Cette révolte de l'Aska provenait de la disparition de Juter. C'était l'affaire qui avait fait basculer les Askans vers l'action et non la collaboration. S'en prendre directement à l'un d'eux fut la pire idée qu'Elizabeth avait prise, même si cela ne venait pas directement d'elle. Néanmoins elle avait cautionné cette action. Une centaine de soldat des FPI encerclèrent le bâtiment à Macan. Il faisait nuit. Les Askans étaient à l'intérieur du parlement et discutaient espérant avoir fait plier l'Impératrice. Lionel était parmi eux. Il n'était plus un Askan depuis la dissolution du début de l'année, mais qu'importe, il soutenait ses camarades et était venu à Macan dès qu'il avait appris la nouvelle. Il leur promettait un monde meilleur s'ils maintenaient la pression. A aucun moment il ne soupçonnait l'extrémiste d'Elizabeth. Dehors les FPI s'activaient, ils forcèrent une porte arrière et pénétrèrent avec discrétion dans le palais. Ils placèrent à plusieurs endroits des explosifs. Un Askan les surpris, il fut abattu froidement par un homme d'Elizabeth, son corps fut caché négligemment dans les toilettes du bâtiment. Dans le parlement les Askans décrochèrent le tableau de l'Impératrice qui surplombait leurs discussions. Ils déchirèrent, mirent en lambeaux l'œuvre. Ils étaient heureux de leur geste. Ils criaient de joie. Ils résistaient à l'oppression de cette despote. Lionel observait cela d'un œil satisfait quand brusquement un bruit sourd retentit à ses oreilles et il fut projeté sur le sol. Une masse noir fumante se faufila à travers les sièges maintenant vides de leur député habituel :

-C'est une explosion ! Cria l'un d'eux.

Quelle remarque utile, pensa Lionel qui protégeait sa tête avec ses mains. Une nouvelle explosion résonna. Bientôt un feu se déclara. La fumée entra dans les poumons des personnes. Lionel toussa fortement, en se redressant. Autour de lui seulement le noir, le gris, il marchait sans savoir où il allait. Il trébucha. Nom de Rey ! Un corps sans vie. C'était un vieux Askan décédé sur le coup. Sûrement une crise cardiaque. Lionel repartit. Un homme le heurta violemment :

-Vespay ! Dit-il. Sortons vite !! Le feu gagne les étages !

Puis il courut. Lionel le suivit. C'était la panique dans le palais. Tous couraient dans tous les sens sans savoir où ils allaient. Certains pleuraient, d'autres criaient, et bientôt beaucoup sentaient que la fumée leur ôtait la vie. Une bombe sauta encore. Lionel fut durement propulsé contre une vitre. Il la brisa de son corps et tomba de deux étages vers l'extérieur. Il perdit connaissance. Le si beau palais brûlait pièce par pièce.

Il se réveilla à l'hôpital de Macan. Il sentit que son visage était chaud, très chaud, il voulut le toucher, mais son bras resta paralysé. Il baissa les yeux. Son main était dans le plâtre. Ses jambes allaient bien, il pouvait les bouger ce qui le rassura. Un médecin arriva. C'était une femme d'âge moyen, les cheveux courts et bruns :

-Monsieur Vespay. Vous avez eu une chance inouïe. Les pompiers vous ont vite trouvé et ramené ici. Votre visage est partiellement brûlé, votre main cassée, mais le reste va bien.

-Mon visage ! Dit Lionel. Montrez-moi !

Le médecin lui tendit un petit miroir. Lionel eut un crut d'horreur. La moitié gauche de son visage était rouge, et des petits bouts de matériel inconnu étaient incrustés dans sa peau. La moitié droite n'avait pas changé. Il reposa le miroir et pleura. Il ne pleurait jamais. Son père lui avait toujours interdit de pleurer, mais Marc Vespay n'avait pas prévu que l'Aska allait brûler avec son fils unique à l'intérieur. Tout à coup il demanda au médecin :

-Combien de mort ?

-368 pour le moment. Mais beaucoup sont ici, dans un état critique. C'est une véritable hécatombe. Soupira-t-elle désolée.

-C'est un monstre. Cracha Lionel.

Le médecin ne dit mot préférant sortir. Personne n'osait parler d'Elizabeth IV. Mais Lionel savait qu'elle n'en pensait pas moins. La porte se ferma derrière elle et s'ouvrit une heure plus tard sur Lana Ronor :

-Nom de Rey ! Hurla-t-elle. Ton visage !

-Merci de me le rappeler.

-Désolée ! J'ai appris que l'Aska avait brûlé. Je suis passée devant en venant et il n'en reste plus rien. Les pompiers cherchent les cadavres sous les ruines. Quelle tragédie ! Cyril m'affirme que sa sœur n'y ait pour rien, mais je pense qu'il ne croit pas en ce qu'il dit.

-Evidemment ! S'écria Lionel. Elizabeth est un véritable monstre, un despote ! Nous devons l'arrêter ! Au plus vite !

-Bien sûr. Bien sûr. Mais repose-toi.

-Pas le temps Lana ! Je sors aujourd'hui. Laurel doit arriver.

-Je rentre à Rebourg ce soir. Je m'occupe de lui. Rejoins-nous quand tu seras en état.

Il fit « oui » de la tête. Lana s'assit sur une chaise et débuta :

-Elizabeth doit être heureuse, plus de député pour l'empêcher de faire sa politique impérialiste.

-En effet. Pestiféra Lionel. Néanmoins cet évènement m'a prouvé que le peuple n'était pas derrière nous. Personne n'a réagi à la fin du Parlementarisme.

-Comment veux-tu que le peuple se sacrifie pour des députés qui ont voté « oui » à la peine de mort ? Il faudrait un genre de « martyr » pour qu'il comprenne le danger que représente Elizabeth.

-Tu es un génie Lana ! S'écria Lionel.

Puis il fit une grimace car la douleur lui tirait la peau :

-Et on va le trouver où ce martyr ? Demanda –t-elle.

-Bonne question. Soupira Lionel. Si je meurs utilise-moi comme martyr.

Elle ria, regarda l'heure et décida de partir pour Rebourg. Laurel allait l'attendre. Lionel la remercia pour sa venue. 


Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant