Chapitre XXXII

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L'annonce de son père, Vladimir, avait bouleversé Cyril néanmoins Aryna lui avait presque fait oublier tout cela. Il savait que Lana avait révélé aux journaux du monde la liaison de Salim et Saphira et il s'en voulait terriblement. C'était, de manière indirecte, da sa faute si la guerre éclatait, et vivre avec cela, le rendait anxieux et maladif. De nouveau sa condition physique mauvaise était à rude épreuve, il sortait donc rarement, restant au chaud dans le palais de Pia et Harald. Près du feu il mangeait souvent seul, jusqu'à un soir bien particulier. Alors qu'il pensait à Lana, qui l'avait trahit, Aryna débarqua sans y être invitée. Elle venait de rentrer d'une énième promenade on ne sait où. Elle s'avança vers Cyril et sans dire un mot, lui tourna autour littéralement, l'observant de la tête aux pieds. Il s'amusa de cette action, se lançant observer sans vergogne. Elle lui sourit :

-Dis-moi, débuta-t-elle, te souviens-tu de ce que tu m'as dit lors de ton premier séjour ici ?

-Non, c'était quelque chose d'important si tu t'en souviens.

-Non pas vraiment, mais pour moi c'était nouveau, innovant et mignon.

Il n'aimait pas ce mot : « mignon ». Ce mot était beaucoup trop utilisé par la gente féminine et les hommes ne savaient jamais comment l'interpréter. Avait-il quelque chose de marrant, ou stupide, ou avait-il formulé une déclaration d'amour ? Qui sait ? Alors il s'enquit de ce qu'il avait pu dire :

-Tu as dit « tu as de très beaux cheveux ».

-C'est tout ?

-C'est déjà beaucoup pour moi. Murmura-t-elle.

Il rougit. La dernière fois qu'il avait ressenti une telle sensation, celle de l'incompréhension, de l'envie, l'anxiété, la peur et en même temps de la joie, c'était lors de sa rencontre avec Lana Ronor. Il appréciait la compagnie d'Aryna, elle était simple, souriante, toujours en train de rire, de blaguer, son père la nommait affectueusement « la Joyeuse ». Ce qualificatif lui allait si bien que Cyril se demandait sérieusement si Aryna ne signifiait pas Joyeux en limois. Elle ria à gorge déployée à cette remarque quelle qualifia de « mignonne ». Elle employait ce mot assez souvent et Cyril avait l'impression de l'entendre tous les jours. Un jour elle lui proposa de sortir à Taurin, mais il n'aimait pas s'aventurer dans les villes, cependant elle se montra rassurante et il accepta, plus pour la satisfaire que par réelle envie de voir le monde. Ils partirent un matin, très tôt, le lendemain de la déclaration de guerre qui faisait le Une de tous les journaux du monde. Ils arrivèrent dans le centre de Taurin. Cyril trouva étrange que la famille d'Aryna, la famille régnante soit si peu présente dans le quotidien du peuple. A Rebourg, Macan et dans toutes les grandes villes d'Allénie, des portraits immenses de Vladimir, Olga et leurs enfants trônaient, souvent dans le centre-ville, et sur les immeubles administratifs. Pas un Allénien n'ignorait le visage de celui qui, de son palais, le gouvernait. A Taurin, mises à part quelques cartes postales ou assiettes à leurs effigies, la famille royale apparaissait peu. Cyril marchait aux côtés d'Aryna et quelques gardes du corps faisant parti de l'armée. Les gens savaient à qui ils avaient à faire, à une de leurs Princesses et pourtant ils l'ignoraient presque. Aryna se tourna vers Cyril :

-Ils ont l'habitude de nous voir dans les rues, faire les boutiques.

-Ce n'est pas comme cela en Allénie, nous devons être intouchables.

-Cela doit être tellement ennuyeux, tu es comme en prison dans ton palais.

Cyril n'avait jamais perçu cela sous cet angle, pour lui le monde extérieur était dangereux et son palais l'endroit le plus sûr. Mais Aryna ne l'entendait pas de cette oreille. Elle rentra dans une boutique de chapeau et en essaya une dizaine puis demanda à Cyril de faire de même. Ils passèrent leur matinée dans les magasins afin de déjeuner dans un des meilleurs restaurants de la capitale. Elle passa la commande sans lui demander ce qu'il désirait manger ou boire, affirmant qu'elle savait exactement ce qu'il voudrait manger. Il se laissa guider. Il la regardait agir, donner des ordres, commander les serveurs, jeter un œil aux gardes qui la surveillaient de loin :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now