Chapitre XXVI

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Malgré l'absence de journaux dans les prisons d'Allénie, la nouvelle du futur mariage de deux enfants fit rapidement le tour. Lana s'en fichait. Dans sa cellule, elle ne cessait de penser à son futur bien compromis. Elle refusait de dévoiler son identité, elle était donc le numéro 6785 de la prison impériale de Rebourg, située sur une île bien loin de la civilisation. La cellule d'en face était occupé par Hermann qui demandait sans cesse où était sa mère. Quelle tristesse dans son regard ! Lana s'en voulait terriblement de l'avoir entrainé là-dedans. Face à face, elle lui demanda un soir après la distribution du repas infecte :

-Pourquoi voulais-tu te dénoncer à ma place ?

Il ne dit mot. Assis sur sa paillasse, le regard vide, des poches sous les yeux, de la saleté partout, les mains tremblantes :

-Je pense que...Commença-t-il. Je...

-N'en rajoute pas. Dit-elle.

-Je sais que tu l'aime, lui. Mais tu ne pourras jamais être avec lui.

-Tu te proposes à sa place ?! S'énerva-t-elle.

-Non, je te dis la vérité. Moi, je serai là, même si tu ne m'aime pas.

-Mais je t'aime Hermann, mais pas assez pour oublier ce que je ressens en ce moment. Plaida-t-elle. Je suis perdue.

-Nous verrons tout cela lorsque nous sortirons d'ici. Conclut-il.

-Nous ne sortirons jamais Hermann, nous allons mourir ici.

Il soupira. Lana avait raison, ils sont perdus. Cette prison sera son caveau, sa cellule son cercueil, et le minuscule drap de sa paillasse, son unique linceul. Mais, elle ne laissa rien paraître de sa détresse actuelle. Quelque part Laurel dirigeait les Ronoriens. Tant que le mouvement n'était pas mort, elle resterait forte. Quant à Hermann, il perdait peu à peu espoir. Là, près d'elle, il se demandait toujours s'il avait fait le bon choix. Obéir sans se poser de question à son Prince. Il avait été un bel idiot. Et le voici amoureux de Lana Ronor, alors qu'il devait la protéger. La nuit tombait doucement sur la prison. Quant brusquement un garde arriva et réveilla tous les prisonniers :

-Hé ! Les petits bandits ! Vous savez la dernière nouvelle ! La peine de mort est de retour !

Lana écarquilla les yeux. Elizabeth avait restauré la peine de mort, encore, et cette fois-ci son père ne reviendrait pas l'abroger. Hermann cria :

-Je veux voir le Prince Cyril !

-La ferme gamin ! Le prince n'en a rien à faire de toi !

-Je suis son ancien garde du corps ! Dites-lui ! Si vous ne lui dites pas ! Vous serez pendu !

-Mais bien sûr ! Ria le garde.

-Vérifiez ! Vous verrez !

Le gardien ouvrit la cellule et frappa le jeune homme :

-J'ai dit « la ferme ».

Hermann tomba à la renverse et heurta le sol :

-Laissez-le ! Hurla Lana de sa cellule.

Mais le gardien redoubla ses coups. Hermann cria de douleur et se plia en deux, essayant de se protéger :

-Laissez-le ! Pleura Lana.

Puis après un long moment qui parût durer une éternité pour la jeune femme, le garde referma la cellule d'Hermann et le laissa en sang sur le sol froid, dur et sale de la prison. Son visage était tuméfié, méconnaissable. Lana l'appela, se baissant en bas de ses barreaux :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now