Chapitre XIII

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Rapidement l'annonce mortifia la population puis elle s'y habitua, tout le monde cherche un moment de bonheur durant ses durs mois de conflits, et le Prince Cyril n'échappait pas à cette règle. Son mariage en période de guerre ne choqua plus quelques jours après la déclaration officielle de la date. Le Prince Fantôme avait enfin une actualité. Ce que le peuple ignorait c'était que leur Régente était derrière toute cette histoire. En effet la mort brutale de Ronor avait choqué l'opinion alors pour bien faire voir la famille, le mariage fut rapidement programmé. Cyril ne broncha pas étant donné son impatience face à l'événement. Les préparatifs furent rapides, Vladimir prévu de revenir le jour J pour assister promptement à la messe avant de partir pour le front. En seulement une dizaine de jours les invitations furent envoyées, le repas commandé, les décorations installées, la robe essayée et ajustée à la fine taille d'Aryna. Salim fut choisi comme témoin du marié et Jonna comme demoiselle d'honneur. Cette dernière venait en compagnie de son père et de sa sœur Sofie, Pia et Harald restant à Taurin pour assurer la continuité du pouvoir en l'absence de l'Hospodar. Cyril, angoissé comme jamais, marchait, tel un automate, dans le couloir du palais Semaine, patientant pour le fiacre qui devait le mener sa fiancée et lui à la Basilique Saint-Alexis. La foule, déjà dehors, s'impatientaient dans le froid hivernal. Cyril n'en revenait pas. Autant de monde pour lui ou alors les gens aimaient tout simplement les mariages, qu'importe qui sont les jeunes gens à unir ? Salim lui tenait compagnie lisant le journal du jour qui contait en détail la relation entre Aryna et le Prince. Celui-ci précisa que tout n'était pas vrai et que les gens aimaient bien les contes de fées de ce genre. Salim haussa les épaules et continua sa lecture. Brusquement Vladimir en compagnie de sa femme, arriva en riant :

-J'ai du mal à concevoir le fait que tu es accompli ce que je te demandais de faire. Dit-il à son fils. Je suis fier de toi.

C'était la toute première fois que Cyril entendait cette phrase sortir de la bouche de son père. Il en fut ému et rougit. Elizabeth apparut par une porte :

-Elle est prête. Tous aux fiacres. Salim.

Son mari se leva et lui prêta son bras pour qu'elle s'y appui. Olga et Vladimir les suivirent. Cyril sauta sur place, bougea ses bras, comme pour se réveiller :

-Aller ! Se dit-il à lui-même. Ne pense pas à elle !

Evidemment il pensait à Lana, néanmoins en ce jour béni qui devait concrétiser aux yeux du monde son amour pour Aryna, il devait oublier Lana :

-Qui elle ?

Il se retourna brusquement et tomba nez à nez avec Jonna, Sofie et Aryna. Trois sœurs toutes différentes les unes des autres :

-Personne. Répondit-il à Aryna qui avait posé la question. Tu es...

Incapable d'exprimer son admiration devant la robe blanche d'Aryna, Cyril se contenta d'ouvrir les bras et de balbutier des paroles incompréhensibles. Une chaleur immense monta à ses joues, comme à celles d'Aryna. Sofie et Jonna pouffèrent. Aryna les frappa doucement avec son bouquet. L'Hospodar Soren débarqua sans prévenir et attrapa Cyril par le bras :

-Allons ! Tout le monde vous attend ! Le monde vous attend !

Sofie et Jonna tendirent et tinrent fermement la traine d'Aryna alors qu'elle sortit. La foule hurla, cria en levant les bras. Les enfants sur les épaules de leurs pères s'émerveillaient devant les uniformes militaires des hommes et la beauté des toilettes des femmes où tombaient des bijoux étincelants. Cyril aida Aryna à monter dans le plus beau carrosse de la délégation qui cheminait vers le lieu de culte. L'Hospodar rejoignit Vladimir et Olga dans le fiacre juste derrière. Non loin de là Salim, Elizabeth, Jonna et Sofie grimpaient dans un autre. Et ainsi ils défilèrent au milieu des grandes avenues ornées de portrait de Cyril et Aryna. C'était leur grand jour après tout. Pendant ce moment tous oublièrent les horreurs du front et de la guerre qui pourtant était loin d'être achevée. Cela se percevait dans la foule, il manquait d'homme, de jeunes hommes et certains enfants se promenaient sans père, ni frère ainé pour leur montrer du doigt leur Empereur. Des banderoles fines aux couleurs du drapeau impérial embellissaient chaque lampadaire ou arbre sur le passage du convoi. Saluant d'une main vigoureuse, les Moscov et les de Harval avançaient entourés par les FPI. Enfin l'imposante Basilique apparut devant eux. Les invités, arrivés depuis quelques minutes, se levèrent à l'intérieur du lieu. Tous prirent place sur le banc quand enfin Aryna et Cyril descendirent l'allée vers le prêtre en tenue. Ils mirent leurs genoux sur deux trépieds en soie rouge. Tout commença par une prière à laquelle participèrent toutes les personnes présentes. Rey devait protéger les deux époux de toute sa force et surtout leur apporter une vie pleine de joie et d'enfant. Cyril se mit à rire avant de se contrôler. Normalement tous les convives fermaient les yeux durant cette prière, mais son hilarité l'empêcha de garder les pupilles closes. Ce qu'il vit le perturba ! En effet alors qu'il levait la tête vers le prête afin de vérifier s'il avait remarqué la fréquence de son rire, il aperçut clairement Lana Ronor cachée par une colonne à l'étage supérieur, là où personne ne pouvait accéder sauf les religieux. Que faisait-elle ici ? Elle fixait Cyril de ses yeux noirs et impénétrables. Pourquoi était-elle là ? Que voulait-elle ? Il fut pétrifié de peur. Comment avait-elle pénétré dans la Basilique où se trouvait toute la famille Impériale ? C'était du génie ou de la folie ? Mais le pire était à venir. La prière s'achevait, Cyril détourna le regard un instant pour se signer, entre temps Lana avait disparu. Il jura intérieurement, n'ayant qu'une envie : retrouver Lana et lui sommer de partir ! Il était perdu. Tant de questions bousculaient son esprit. Il était tellement déconcentré que Salim dû lui donner un coup de coude pour qu'il réponde « oui » à la traditionnelle question. Il embrassa Aryna sans vraiment penser à son geste. Lana avait réussi à gâcher le plus beau jour de sa vie ! Le voilà en colère maintenant. Salim murmura à l'oreille de Cyril alors qu'ils s'apprêtaient à quitter la Basilique :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant