Chapitre IV

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Le port de Massoa était le plus grand d'Allénie, il vivait grâce au commerce de fourrure, d'épices et des pierres, commerce dominant dans l'Empire. Le train impérial dans lequel se trouvait Elizabeth s'arrêta au bout de la ligne, après l'océan dominant l'espace. La Princesse descendit du train escortée par le maire de la ville de Massoa qui avait préparé un accueil digne d'elle. Un orchestre joua l'hymne national alors qu'elle marchait sur un tapis rouge qui s'orientait vers la grande entrée de la gare centrale. Elle salua plusieurs hauts dignitaires de la région qui lui baisèrent la main. Tout à coup, un homme vêtu étrangement, d'une allure singulière, apparut devant elle. Jamais elle n'avait vu de pareils vêtements. C'était un style qu'elle ne connaissait pas. Les habits étaient colorés, son pantalon, large, était blanc et ses chaussures rouges, comme son gilet fin. Ce dernier possédait des reflets dorés,comme-s'il était cousu de l'or sur l'ensemble du vêtement. Contrairement aux autres personnes présentes il ne portait pas de couvre-chef, et il croisa les bras en plaçant ses poings au niveau des épaules et en s'inclinant afin de saluer Elizabeth. Elle ne savait comment répondre à ce salut. Elle se contenta de fixer le jeune homme avec étrangeté. Il se redressa et sourit :

-Bonjour. Commença-t-il avec un accent agréable à l'oreille. Je suis envoyé par le Prince afin de vous accompagner.

Il roulait les « r » ce qui amusa Elizabeth. C'était donc un Augustin. Un citoyen de ce pays lointain. Il avait les cheveux courts et châtains, presque blond à certains endroits. Il était parfaitement coiffé et sa chevelure entourait son visage ovale au teint halé qui était plus dû à une exposition au soleil qu'a un teint naturel. Son apparence était banale, cependant ses yeux marron trahissaient une malice évidente et une clairvoyance croissante que son sourire légèrement agaçant accentuait terriblement. Elizabeth ne cessait de le fixer. Il se sentit gêné et toucha son menton où une barbe de plusieurs jours trônait et entourait une bouche fine. Désirant se libérer de cette situation, il fit un signe de main à la jeune femme en indiquant la sortie. Elle passa devant lui accompagné du maire qui lui parla de la croissance démographique accrue de Massoa. Ils avaient un bateau à prendre.

L'Augustin, accoudé à une barrière du bateau, comptait les bagages qui arrivaient au compte-goutte sur le navire. La Princesse Elizabeth n'était pas partie les mains vides. Elle était déjà en train de s'installer dans son compartiment. Elle le trouvait immense, trois pièces : un salon, une chambre avec salle de bain, une antichambre. Le tout à l'avant du bateau ce qui lui permettait de profiter d'une vue magnifique sur l'océan. De plus une grande terrasse accessible par le salon donnait sur le ponton avant. L'embarcation était recouverte de bois au-dessus d'une structure en métal. Elle ne faisait pas moins de trente mètres de long. La garde impériale rattachée à la princesse monta et s'installa dans la partie inférieure du bateau avec les soldats du Tariq qui accompagnaient l'Augustin. Il y avait aussi six cuisiniers, cinquante marins et matelots dont le capitaine était un homme imposant avec une longue barbe et un visage effrayant. Le navire grouillait de monde. Elizabeth sortit de son compartiment gardé par deux Alléniens figés des deux côtés de l'ouverture. Le bateau était toujours à quai. Elle vit au loin le jeune Augustin qui discutait avec le capitaine. Ils semblaient bien se connaître. Elizabeth gagna l'avant du bateau et s'allongea sur une chaise-longue protégée par une grande voile fine. Le vent la secouait doucement. Un bruit bienfaisant se formait :

-Il fait beau. Constata une voix près d'elle.

Elle regarda l'Augustin qui lui souriait. Elle fit « oui » de la tête avant de détourner le regard. Il s'assit sur une autre chaise-longue et contempla l'océan calme. Le vent agita ses cheveux. Elizabeth mourrait d'envie de lui poser des questions sur son pays mais elle n'osait pas sympathiser de quelconque manière avec un Augustin car elle ne souhaitait guère épouser ce prince. Cependant elle lança d'un ton presque méchant :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant