Chapitre IX

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Il arriva à l'aube, ayant eu un mal terrible à quitter le lit où dormait sa chère Aryna. C'était la première fois qu'il mettait les pieds à Norring. La réputation de cette forteresse n'était plus à faire : antre des démons d'où ils ne ressortent jamais. Les gardes saluèrent le Prince et le guidèrent vers Ronor. Il frémissait de tout son corps, et avait les mains moites, sa vue chancelait légèrement à cause de l'angoisse. La porte s'ouvrit sur un bruit de grincement horripilant. Charles était menotté et assit sur une chaise en bois. Il sourit à la vue de Cyril. Ce dernier demanda qu'on les laisse seuls. Ronor ferma les yeux comme s'il méditait. Cyril prit place sur la palliasse et observa la pièce très rudimentaire. Il n'y avait rien à part des latrines bien usées et une paillasse assez inconfortable. Cyril toussa faussement pour que Charles oriente son regard vers lui :

-Excusez-moi Votre Altesse mais je dois vous dire quelque chose de très important et j'hésite sur la façon de vous l'amener.

Cyril serra fortement ses genoux avec ses mains, l'angoisse le submergeait :

-Approchez-vous.

Le Prince obéit à Ronor sans se poser aucune question. Il clissa sur le lit et prit place tout près de la chaise de Ronor. Ce dernier baissa sa tête vers Cyril et lui chuchota :

-Dans quelques minutes des amis à moi vont venir ici, essayer de me libérer.

-Comment ?!

-Chut ! Soyez discret. Je vous le dit car je suis persuadé qu'ils vont échouer. Et j'ai besoin de vous.

-Pour quoi ?

-Pour sauver ma fille.

Charles avait les larmes aux yeux. Il était anéanti. Il ne savait plus quoi faire car il savait qu'il allait mourir, qu'Elizabeth allait l'exécuter dès qu'il aurait parlé :

-Elle sera là ? S'enquit Cyril.

-Bien sûr. Elle veut me sauver elle-même, elle sera dehors à attendre que Markus me sauve, mais il n'y arrivera pas. Vous devez la préserver de la mort. Si elle est arrêtée....

Ronor s'arrêta et ferma un instant ses paupières. Cyril comprenait parfaitement :

-Vous l'aimez ? Demanda Charles.

Cyril ne savait que répondre, il allait se marier, vivre tous les jours qu'il lui restait avec Aryna et pourtant :

-Oui. Je l'aimerai toujours Monsieur Ronor mais...

-Ne croyais pas qu'elle ne vous aime pas. Elle est faite pour être aimée et lorsqu'elle aime, elle se braque et devient odieuse.

-C'est peu dire.

Charles se mit à rire, Cyril l'accompagna. Quelle étrange situation que voilà ! Charles mettait la vie de sa fille entre les mains du frère de la femme qui allait le tuer :

-Vous savez j'ai combattu toute ma vie pour un monde meilleur. J'ai toujours voulu le meilleur pour l'Allénie, je m'y suis peut-être mal pris, mais au moins je ne suis pas laissé faire comme tous ses Askans qui autorisent la peine de mort par peur de perdre leur salaire et privilèges. Promettez-moi de veiller sur elle. Je vous supplie de prendre soin de ma Lana. Elle est toute ma vie.

Il pleura sans se contrôler. Pleurant sur son échec, sur la mort de sa femme, sur la fin de sa vie et sur sa fille qui vivra sans lui. Cyril lui passa une main rassurante sur l'épaule ne sachant que faire d'autre. Charles se calma et déclara :

-Partez Cyril ! Ils vont arriver ! Allez chercher ma fille et mettez là en lieu sûr ! Donnez-lui ceci et elle saura que vous venez de ma part.

Il ôta sa bague, son alliance jugea Cyril et la remit à ce dernier. Dedans était gravé « Rhéanie et Charles, 17 Juvu ». Le Prince la rangea dans sa poche et promit de la remettre à Lana :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant