Les Seigneurs de Fallaris Tome 1: Allénie

Chapitre XXXIII

L'annonce de la guerre avait fait retentir tous les canons du pays. L'armée mobilisait, les femmes pleuraient, les enfants jouaient aux soldats en espérant secrètement que leur père revienne saine et sauf, la victoire aux bouts des baïonnettes. A Lavily l'armée n'arrivait pas à recruter, les Ronoriens refusant de se battre pour un pays qu'il détestait. Lana passa devant les immeubles de l'Etat où des soldats attendaient le « client », il allait attendre longtemps, pensa-t-elle. Elle rentra chez elle, et alla à la réunion des Ronoriens que présidait Charles. Il se prenait très au sérieux, tel un chef suprême d'une organisation incommensurable. Déjà il possédait entièrement Lavily, cette ville n'était plus à l'Allénie, mais à Ronor et tous le savaient. Ce jour-là, les Ronoriens mettaient en place une propagande importante pour bousculer le pays. Des affiches éditées clandestinement criaient haut et fort « La Liberté n'est pas qu'une question de volonté, mais aussi de sacrifice ». Cela mettait implicitement en avant la difficulté de l'action et la mort si proche et en même temps si loin. Charles donnait des directives sur qui irait où lors de la révolte qui était prévu pour le mois prochain. Markus, le serveur d'Orchida ferait équipe avec Lana pour envahir le palais Duncan où ils devront retenir prisonnier la famille impériale. Elle n'aimait pas trop cette idée, surtout que Cyril était à Taurin. Le savoir dans un autre pays chagrinait beaucoup Lana, elle avait fini par l'estimer à sa juste valeur, oubliant presque sa condition sociale. Mais ce qu'elle avait compris assez récemment, c'est que son amour pour elle la comblait. Savoir que quelque part sur cette planète, le Prince Cyril l'aimait, la rendait euphorique et heureuse. Pourtant elle ne lui rendait pas son amour, elle ne savait pas si elle pouvait l'aimer, elle s'occuperait de cela après la révolution que Charles menait. Cyril ne serait plus Prince et elle ne serait plus oublier de le détestait par principe.

Les Ronoriens n'étaient pas les seuls à se préparer à la guerre, Vladimir voyait chaque jour ses généraux car aux frontières le mouvement était palpable. La Garmanie envoyait déjà ses troupes, le Nouveau-Duché déployait sa marine, tout comme l'Auguste qui venait d'entrer dans le conflit en soutient à l'Allénie. Dans quelques jours les premières batailles auront lieu. L'Unité Aérienne du Comte Noir s'entrainait sans relâche et gardait la frontière avec la Garmanie malgré son étendue. Tout allait si vite ! Vladimir n'avait jamais gouverné en temps de guerre, après la révolution il avait vite signé la paix pour être tranquille. Il avait beaucoup de mal à comprendre ce qu'on lui disait et un soir lorsqu'il rentra au palais Duncan après un long séjour à Macan il s'effondra dans les bras d'Olga. Il pleura comme jamais, il la supplia d'être indulgente envers son incompétence. Elle tenta de le rassurer mais elle savait que rien n'ira. Son père fut tué par son époux, sa mère et son frère exilés par lui aussi, et tous ces malheurs avaient vu leur commencement avec la guerre. La guerre début de la fin d'un empire ou la renaissance d'un nouvel. Si elle avait pardonné Vladimir d'avoir mis à mort son père, c'était pour la simple et bonne raison qu'elle l'aimait. Elle l'avait toujours aimé depuis ce bal en l'honneur de son frère Michel, où elle avait dansé avec lui juste car c'était le seul invité qui avait son âge. Il n'était pas assez noble, pas assez riche pour être le mari de la Princesse et pourtant il était devenu l'homme le plus puissant du pays. Le même qui pleurait sur les jupons de sa femme car il ne savait pas diriger des opérations militaires d'envergures :

-Si j'ai fait cela c'est pour toi mon Amour. Dit-il en lui serrant les jambes à travers sa longue robe argentée.

-Je sais. Je sais. Murmura-t-elle en lui embrassant le haut de la tête. Je sais tout cela.

-Notre destin va se jouer dans les prochains mois. J'ai peur.

-Qui n'aurait pas peur ? Ta crainte ne fait que montrer ton humanité.