Chapitre XXX

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Elle mangeait tranquillement, le journal en main. Elle espérait que Cyril avait libéré Hermann et que celui-ci avait rejoint sa mère quelque part, et qu'il vivait en sécurité et à l'aise, loin de cela, de cette agitation. Cyril devait venir aujourd'hui. Elle n'attendait que lui. Mais cette journée n'allait pas être comme les autres. En effet vers quinze heures on frappa à la porte. Elle ouvrit et tomba nez à nez avec Hermann. Ils l'enlacèrent comme deux vieux amis de toujours. Elle était si heureuse. Il avait encore des traces de ses traumatises dû au garde cruel. Cyril l'avait libéré le jour même et lui avait donné cette adresse. Et à peine furent ils installés à table qu'une autre personne frappa à la porte. Lana trouva sur le seuil de la porte un jeune homme, un peu plus vieux qu'elle, qui souriait de manière à peu trop séductrice :

-Bonjour, je cherche Lana Ronor.

-C'est moi.

-Enchanté, je suis Lionel Vespay. Je peux entrer ?

Elle n'eut le temps de répondre qu'il pénétra dans l'appartement et salua Hermann :

-Tu es dans une salle état. Tu le sais ?

-Tu es un petit rigolo. Répliqua l'ancien soldat. Qui es-tu ?

-Lionel Vespay.

Il tendit sa main. Hermann ne répondit pas :

-Que voulez-vous ? Demanda Lana.

-Je vous propose une collaboration. Dit-il en s'asseyant sans y être invité.

-Une collaboration pour faire quoi ? S'enquit Hermann.

-Hier, l'Aska a été dissoute, c'est la fin de la démocratie et le retour annoncé de l'absolutisme. Il faut faire quelque chose. Alors je veux créer un nouveau parti politique et j'ai besoin d'un leader célèbre. Et ce leader c'est vous. Votre nom de famille est connu par tous.

-Vous plaisantez j'espère ! S'énerva Hermann. On a assez souffert. Nous venons à peine de sortir de prison.

-A ce propos comment avez-vous fait ?

Personne ne répondit. Lionel sentait qu'il avait touché un point sensible. Un point qui venait de passer la porte dans son bel uniforme scintillant. Il sourit à Lana et salua Hermann puis il vit Lionel :

-Qui est-ce ? Demanda-t-il à Lana.

-Lionel Vespay. Répondit Lionel. Je comprends comment vous êtes sorti de prison. Le Prince Cyril ! Rien que ça ! Quel bordel !

Il explosa de rire :

-Je comprends pourquoi Lana Ronor avait disparu de la circulation depuis la mort de Vladimir. Elle était trop occupée avec le Prince. Attendez ! Cela veut dire que le Prince copule avec la femme qui a tué son père et son épouse !

Brusquement Lionel sentit une forte pression douloureuse sur sa joue et Lana cria de surprise. Hermann se précipita sur Cyril et le stoppa. Il venait de frapper Lionel :

-Je t'interdis de me juger ! Hurla Cyril.

-Tiens, j'ai déjà entendu ça dans la bouche d'un Moscov. Continua à plaisanter Lionel malgré son nez en sang.

-Cyril calme toi. Murmura Lana dans l'oreille de son amant. Laisse le parler.

-C'est un idiot. Pestiféra Cyril. Tu as vu comment il parle de nous !

-Oui, mais il dit la vérité. Rappela Lana.

Lionel ria encore. Il se redressa :

-Bon assez rigoler. Je parle sérieusement. Dit-il. Acceptes-tu mon offre ?

-Quelle offre ? Demanda Cyril.

-Non. Dit Lana. Je laisse de côté la politique pour le moment. Je veux être en paix un moment.

-C'est ce que nous voulons tous. Analysa Lionel. Je suis navré d'entendre cela. Mais on ne résiste pas à l'appel de l'amour, quel qu'il soit. Sur ce, adieu Mademoiselle Ronor. Messieurs.

Il alla vers la porte, et la main sur la poignet il tendit un papier à Lana et lui dit :

-Si tu changes d'avis, voici mon adresse.

Elle prit le papier et le clissa dans sa poche de son pantalon :

-Quel toupet ! S'écria Hermann.

-Quel idiot ! Rajouta Cyril.

Lana ne fit aucune déclaration, mais elle pensait très fort « quel homme !». Et afin de changer de conversation, elle proposa du thé à tous.

L'Impératrice venait régler les premiers préparatifs de son couronnement. Et dans la Basilique Sainte-Alexie, où reposait encore le corps de son père, avant d'être inhumé, elle vérifiait la sécurité prochaine. Elle se savait peu populaire en ce moment, mais bientôt, elle en était certaine, sa popularité allait remonter très vite. Ce n'est qu'une passade. Salim était là lui aussi. Il suivait Elizabeth partout depuis qu'elle était enceinte. Il avait l'impression de veiller sur deux personnes. Mais quelque chose le tracassait, et lors de la visite de la Basilique avec des décorateurs, il n'écoutait absolument pas. Elizabeth lui attrapa le bras et lui demanda ce qui n'allait pas :

-Damir est au pouvoir, et depuis je n'ai plus aucune nouvelle de l'Auguste, et je t'avoue que je ne sais où est Saphira, et cet enfant. Cela m'inquiète. Il se prépare quelque chose.

-Je vais mettre la SEA sur le coup. Proposa Elizabeth. Nous serons vite où elle se trouve et avec qui. Maintenant concentre toi sur mon couronnement, et ton couronnement.

Elizabeth accordait une grande importance à cet événement pour de multiples raisons : sa légitimité d'abord, et surtout celle de son futur enfant, si Salim est couronné alors personne ne pourra remettre en question la filiation de ce bébé qui deviendra un Empereur puissant. Alors dans la Basilique tout était parfait pour Elizabeth, rien ne devait échouer, rien ne devait aller de travers. La perfection devait être réalisable durant cette cérémonie. Et Saphira ne devait à aucun moment interférer dans cette perfection. Mais avant il fallait inhumer Vladimir.




Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now