Chapitre XX

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 Ainsi devant des centaines de personnes, des familles royales d'autres pays, et autres gens que Salim ne connaissait pas, le mariage se déroulait. La cérémonie était simple : un échange de vœux, des prières, des chants, des déclarations du prêtre...Le tout dans une ambiance froide, morne et devant un autel consacré à une seule puissance divine. Vladimir pleurait comme il l'avait prévu. Olga souriait sans cesse. Cyril s'ennuyait et baillait. Enfin ce fut le moment de clore le « spectacle ». Le moment qu'Elizabeth craignait depuis des jours et que Salim avait totalement oublié. Le baiser devant public qui scellait à jamais leur union. Ils se regardèrent, comprenant que l'autre ne savait pas vraiment que faire en cette circonstance. Salim s'oublia un instant, il oublia qui il était pour relever le voile, se pencher vers Elizabeth et déposer ses lèvres contre les siennes avec une douceur immense. Elle fut surprise par la sensation qui la submergeait. Une chaleur jusqu'alors inconnu naquit dans son ventre. Etrangement elle voulait plus, elle désirait plus. Néanmoins Salim s'écarta d'elle. Et comme à son habitude, il lui donna son bras pour qu'elle y pose sa main, et ils descendirent l'allée en direction de la grande porte qui s'ouvrait lentement, et devant les invités prestigieux qui s'inclinaient docilement lors de leur passage. Dehors la foule en délire n'attendait qu'eux depuis presque une heure. Salim mit sa casquette. Le voici Allénien maintenant. Sur le beau tapis, ils avancèrent vers le carrosse qui n'avait pas bougé. Un déjeuner était prévu à l'ambassade d'Auguste avant le grand bal de ce soir dans les bâtiments de l'Ecole National d'Art, l'ancien Palais Kronstoff, le plus beau palais du pays.

Elizabeth avait pu quitter sa robe encombrante pour une toilette plus légère mais tout aussi belle et admirable. Salim avait revêtu un uniforme d'amiral Allénien selon Cyril, quittant lui-aussi son habit de marié. Le déjeuner avait lieu dans le jardin de l'ambassade, elle-même situé sur l'avenue des Ambassades. C'était un repas simple, un immense buffet majestueusement garni et des tables autours. Il faisait très beau et bientôt tous se sentirent à l'aise, surtout Salim qui se retrouvait au milieu de compatriote. L'ambassadeur était un cousin de son père, ce qui le rendait presque heureux. Cyril resta dans son coin et décida de partir, n'ayant pas le cœur à la fête, il se promit de réapparaître au bal cependant. Il sortit dans la rue et monta dans un petit fiacre, deux cavaliers l'escortèrent :

-Où souhaitez-vous aller Votre Altesse ? Demanda le cocher en refermant la porte après que Cyril soit installé.

Le Prince soupira, quand subitement il sût où il voulait aller :

-A l'ambassade de Garmanie. Vite !

Le cocher grimpa à sa place et fouette le cheval. Au bout de quelques minutes seulement, Cyril passa la porte de l'Ambassade de Garmanie. La secrétaire de l'Ambassadeur lui demanda ce qu'il venait faire ici. Il mentit :

-Bonjour. Je viens cherche des renseignements sur les Garmaniens vivant en Allénie, c'est pour mes études sur l'immigration du Danahue.

Le Danahue était le continent où se trouvaient la Garmanie et l'Allénie :

-Vous êtes bien habillé pour un étudiant. Remarqua la secrétaire. Je ne peux que vous donnez une liste.

-J'aimerai avoir un entretien avec l'un d'eux. Continua Cyril.

Il sortit une liasse de billet qu'il tendit à la femme. Elle loucha vers l'argent, hésitant longuement avant de scruter les environs, de prendre les billets et de les enfouir dans sa poche :

-Suivez-moi. Chuchota-t-elle.

Ils pénétrèrent dans une pièce dans laquelle se trouvait des rayons immenses de dossiers. La secrétaire expliqua que chaque Garmanien entrant sur le territoire allénien devait passer par l'une des ambassades et obtenir un titre de séjour ou un papier autorisant sa vie en Allénie. Et ainsi ils avaient chacun leur dossier :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant