Chapitre IX

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Les avions qui comportaient deux places étaient rares, voler était un travail de solitaire. Cependant pour l'enseignement cela était plus pratique. Ainsi Cyril allait effectuer son premier vol avec un moniteur expérimenté qui avait servi son père pendant la guerre. Il raconta aux élèves le déroulement d'une bataille aérienne et prononça de longues louanges sur Vladimir et ses tactiques ingénieuses de combat. Il ignorait que Cyril était son fils, mais tous ses tournèrent vers lui dès que le nom de l'Empereur fut cité. Le moniteur acheva sa tirade en proclamant :

-Nous aurions gagné la guerre si la révolution n'avait pas éclaté. Heureusement que le ciel nous a envoyé notre Empereur pour nous sauver. C'est pour cela que vous êtes ici, pour apprendre à le servir, comme il nous a servi.

Cyril était là pour servir son père, de mieux en mieux, pensa-t-il. Le moniteur l'aida à grimper à l'avant de l'appareil. Ce cours était essentiellement fait pour s'habituer à l'engin et au ciel. Derrière le moniteur conduit avec prudence mais vitesse. Il décolla. Cyril sentit son estomac se noué et dès qu'il fut dans le ciel, étrangement et sans prévenir, son esprit lui transmis l'image de Lana Ronor. Elle hantait ses pensées chaque nuit et il ne pouvait se l'avouer. Elle était la fille de Ronor. Mais il n'arrivait pas à l'oublier et là, dans le ciel, il ne voyait qu'elle. Il ferma les yeux et comprit que son estomac n'avait qu'une envie, éjecter tous ce qu'il avait avalé. Il n'osait pas regarder en bas. Il n'en pouvait plus. Se sentant très mal, son visage devint blanc. Comprenant la raison de son état, il fut terrorisé : il avait le mal de l'air. Ironique pour le fils du Comte Noir, le plus grand aviateur d'Allénie. Il réussit à garder sa bouche fermée jusqu'à l'atterrissage. Evidemment en tant que fils de l'Empereur, tous ses camarades soldats attendaient en bas. A peine fut-il un pas sur la piste qu'il se précipita sur le bas-côté et renvoya l'intégralité de son repas. Auguste qui avait assisté à la scène arriva en courant. Cyril était courbé, les genoux sur le sol, la tête en avant. Auguste lui tapota le dos :

-Ça va gamin ?

Il fit non de la tête. Auguste comprit rapidement. Il connaissait les symptômes du mal de l'air :

-Allez viens, on va écrire à ton père. Rajouta-t-il peiné par la tournure des évènements.

Il prit Cyril par le bras et le mena dans le grand bâtiment. Le jeune Prince ressentit une vive douleur morale et mentale quand il vit le portrait de son père grimé en Empereur au-dessus du bureau d'Auguste. Ce dernier s'empara d'un téléphone, objet très cher et rare. Cyril se demanda pourquoi il en avait deux et à quoi servait l'autre. Il comprit rapidement lorsqu'il vit qu'Auguste ne composa aucun numéro. C'était une ligne directe vers le bureau de Vladimir au Palais Semaine. Il y avait très peu de téléphone étant donné leur coût :

-Allo ?! Débuta Auguste. Comment vas-tu mon ami ?...Moi, bien. Je...

Il rit brusquement. Avant de reprendre en continuant les formalités. Enfin il parla du sujet qui fâche :

-C'est à propos de ton fils. Non il va bien. Tout va bien. C'est juste que....Il a le mal de l'air.

Auguste se tut. Il écoutait avec intention ce que lui conseillait Vladimir. Il hochait la tête de temps en temps en faisant un bruit avec sa gorge afin que Vladimir sache qu'il écoutait avec intention. Puis il conclut :

-J'ai bien compris. Tu veux lui parler ? Bien, je te le passe.

Il tendit le téléphone à Cyril avant de s'éclipser dans une pièce voisine :

-Allo. Fit-il avec hésitation.

-Fiston, alors comme ça on supporte pas le vol ? Plaisanta Vladimir.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant