Chapitre XI

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Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit le plafond peint et doré, il représentait une série d'ange couronnant un homme barbu qui regardait le ciel en ouvrant les bras :

-C'est Gregor I. Dit une voix près d'elle.

Lana Ronor tourna la tête. Cyril portait un plateau où trônait des gâteaux secs et un verre d'eau. Elle lui tourna le dos, toujours couchée. Il soupira, posa le plateau et s'assit sur le bord du lit. Il s'excusa pour tout le mal que les mercenaires avaient fait à l'ensemble des Ronoriens. Lana se redressa subitement et lui mit une claque si puissante qu'il dégringola sur le parquet ciré. Il avait la joue rouge mais ne riposta pas. Lana souffrait et il ne pouvait pas lui en vouloir. Tous ses amis, sa famille politique venaient de mourir, le peu qui restait devait déjà être en fuite loin de l'Allénie. Elle était seule, du moins elle pensait être seule, mais Cyril était là, et il serait toujours là quoi qu'il arrive. Il resta sur le sol et entoura ses jambes de ses bras fins et frêles. Un ange passa. Lana serra l'oreiller et resta silencieuse. Cyril mit son front contre ses genoux et ferma ses paupières. Cela dura un long instant, une tension insoutenable embaumait la pièce. Soudainement Lana, agacée par la passivité de Cyril, hurla :

-Je te hais !! Je hais ta famille ! Ta sœur ! Ton père ! Vous êtes tous des monstres !

Elle était rouge de colère, jamais Cyril ne l'avait vu ainsi. Il recula de peur, écarquillant les yeux de surprise :

-Des monstres. Répéta-t-elle plus calme. Des monstres couverts de sang.

Cyril se releva et lui attrapa le bras avec force :

-Comment peux-tu me parler comme cela !? Je t'ai sauvé !

-J'aurais préféré mourir ! Cria-t-elle en se dégageant. J'ai tout perdu !

-Non, tu ne m'as pas perdu !

-Tu penses vraiment que tu as une quelconque importante pour moi ! Tu n'es qu'un pion ! Tu devais me servir mais tout à échoué !!

Il frémit, s'écarta d'elle et sentit des larmes salées montées à ses pupilles bleus. Son teint si blanc faisait ressortir ses yeux entourés de rouge à cause de la tristesse qui flouait son entendement. Lana respirait de manière saccadée, elle savait qu'elle était allée trop loin, ses mots avaient dépassés son esprit. Elle se rendait compte que Cyril ne l'avait jamais abandonné, qu'il était là malgré les horreurs qu'elle lui disait, qu'elle lui faisait endurer :

-Dans ce cas va-t'en. Murmura –t-il.

-Comment ?

-Va-t'en !

Il se tourna vers elle et pointa du doigt la porte de la chambre :

-Je ne veux plus jamais te revoir Lana ! Laisse-moi à présent !

-Je suis...

-Qu'importe tes paroles !!!

Il crachait ses paroles comme du venin, il voulait qu'elle souffre comme lui :

-Tes paroles Lana ne semble être qu'un châtiment, une sentence, telle une peine capitale à chaque fois qu'elles pénètrent ma raison. Tu me fais mal. Tu me fais si mal. Plus je t'aime, plus je me meurs.

Il pointa son cœur avec ses mains et ses yeux pleins de larmes étaient si écarlates, qu'ils devenaient effrayants :

-Tout ce que tu diras n'a plus aucune importance maintenant. Va-t'en. Je ne peux respecter ma promesse envers ton père si tu me rejettes de la sorte. Alors il ne reste qu'à nous séparer à jamais.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now