Chapitre VIII

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Après un mois de traversée, le bateau débarqua sans bruit lors d'une nuit particulièrement froide. Cyril avait eu terriblement peur que la Garmanie les attaque avec leurs sous-marins. Mais ils ne firent rien, sûrement car ils ne savaient rien de ce voyage. Un voyage qui menait le Prince et sa fiancée vers l'Allénie en guerre et avec eux des armes et des soldats cachés. L'Hospodar avait respecté sa promesse et Vladimir pouvait compter sur son soutien. Après le débarquement Cyril et Aryna partirent vers le palais Duncan où Elizabeth et sa mère les attendaient sagement afin de saluer le nouveau membre de leur famille. Elizabeth, portant ses habits de deuil, était pâle, comme morte de l'intérieur. Elle embrassa les deux joues d'Aryna sans conviction et sans joie. Cette dernière, sachant le drame qui touchait sa future belle-sœur, ne se vexa pas de cette attitude. Cyril prit sa sœur dans ses bras et s'excusa de sa si longue absence. Peu après il vit visiter le palais à Aryna avant de gagner sa chambre où trônait une pile de lettres non ouvertes sur le bureau. Et alors qu'Aryna parlait de l'espace de la pièce et de la magnifique salle d'eau en marbre blanc, Cyril lu son courrier. Evidemment il découvrit avec stupéfaction la missive de Lana Ronor. Les mots qu'elle contenait résonnaient dans l'esprit du jeune homme « Aime-moi »...aime-moi. Pourquoi dit-elle cela ? Pourquoi maintenant alors qu'il espérait être heureux avec Aryna ? Pourquoi détruit-elle encore son bonheur ? Sans réfléchir un instant de plus, il déchira la lettre et la jeta au feu. La cheminée crépita, réduisant en cendre la déclaration de Lana :

-Débrouille-toi seule. Murmura-t-il en regardant les flammes.

-A qui parles-tu ? S'inquiéta Aryna.

Il tourna la tête vers elle et sourit :

-Au passé. Je parle au passé.

-Tu deviens poète maintenant. Plaisanta-t-elle.

-Avec toi, je deviendrai n'importe quoi. Dit-il.

Il l'embrassa avant de sourire, un sourire qui ne devait plus jamais quitter ses lèvres à présent. Brusquement Olga débarqua dans la pièce, peut gêner d'interrompre son fils :

-Cyril, ton père est là.

Le Prince prit la main de sa fiancée et le mena vers le hall d'entrée que venait de passer l'Empereur. Il était fatigué, noir de poussière après avoir chevauché pour regagner son palais depuis la gare, son teint était plus foncé que la normale, son regard reflétait l'épuisement dû à la guerre qui faisait rage à la frontière. Il s'effondra sur le premier fauteuil qu'il trouva, qu'importe la saleté de son uniforme et la beauté de la soie du meuble. Olga l'embrasse fougueusement, heureuse de revoir l'homme de sa vie. Vladimir retrouva le sourire à la vue de son épouse :

-Comme je suis content de te revoir. Lui dit-il. Enfin un peu de féminité dans ce monde de brute. Mais qui est cette jeune femme ?

Il aperçut Aryna juste derrière Cyril. Elle appréhendait ce moment, la rencontre avec le célèbre Vladimir Moscov. L'homme qui avait tenu tête à l'ennemi, à la guerre civile, à Gregor VII, à tous les obstacles qui jonchaient l'Allénie. Une légende vivante était Vladimir depuis des années. Elle s'inclina devant lui :

-Mais Cyril a fait un très bon choix.

Elle rougit avant de se redresser :

-Venez m'embrassez chère amie. Dit-il.

Aryna baissa la joue de son futur beau-père. Néanmoins cette rencontre tourna court car Vladimir était revenu pour une raison bien simple :

-Henri du Nouveau-Duché est mort, cela fait deux semaines mais l'information n'a pas filtré avant hier. Nous espérons que cette morte puisse nous être utile. J'ai envoyé un émissaire à Saphira mais là n'est pas la question. J'ai une nouvelle pour vous, une grande nouvelle, c'est mon émissaire qui m'a prévenu, il a cru voir un fantôme.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now