Chapitre VIII

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Il était dévasté. Il retenait péniblement ses larmes depuis presque un quart d'heure dans la chambre qu'il occupait sur le navire. De l'eau salée fine et claire coulait le long de ses joues rougies par l'émotion. Si Elizabeth d'Allénie refusait de l'épouser alors il aurait échoué. Il avait un plan qui ne semblait pas fonctionner. Son père avait été clair : « Tu dois épouser Elizabeth d'Allénie, sinon le Nouveau-Duché nous déclara la guerre avec le soutien de la Garmanie et l'Auguste disparaitra dans les méandres d'un conflit sans fin ». Le Tariq était un poète dans l'âme. Bref sans l'Allénie comme allié, l'Auguste était voué à une chute. Quant à l'Allénie, elle avait besoin de l'Auguste pour affirmer son renouveau politique et donné une légitimité à Elizabeth. En effet si son futur héritier avait du sang allénien, ce que Salim a, alors la légitimité n'en serait que plus grande. De plus l'Auguste était une grande réserve d'or et d'homme. Si la Garmanie venait à déclarer la guerre alors l'Auguste serait un allié fort. Néanmoins Salim avait une implication personnelle dans cette affaire, et il ne pouvait pas l'expliquer à Elizabeth. Il y avait encore une chance qu'il l'épouse même si les sentiments n'étaient pas là. Il se leva bien décidé à aborder la chose avec elle. Il était tard mais qu'importe. Il alla frapper à la porte de son compartiment. Les deux gardes louchaient vers lui d'un mauvais œil. Elizabeth ouvrit la porte, elle était en robe de chambre, les cheveux lâches, prête à dormir. Salim fut gêné mais elle l'invita à entrer. La porte fermée, Salim commença :

-J'irai droit au but, la raison de ma venue si tardive est très simple. Je veux vous convaincre de m'épouser.

Elizabeth était énervée et intriguée à la fois. Ainsi, par curiosité, elle le laissa parler :

-Voilà, épousez moi, je jure de ne jamais vous touchez.

Elle rit. Salim continua sérieux :

-Je sais que vous êtes l'héritière et qu'il faut un enfant pour continuer la lignée. C'est pour cela que je vous autorise à aimer un autre que moi, je reconnaître l'enfant comme le mien.

-Vous pourriez un enfant qui n'est pas de vous ? Demanda-t-elle irritée par une telle proposition.

-Oui. Il sera de vous, je ne pourrai que l'aimer. Affirma-t-il. Réfléchissez. Ce mariage est voulu par nos pays, pour le bien de nos Empires, acceptons-le, soyons amis et non amants.

-Mais nous aurons des amants ? N'est-ce-pas ? Dit-elle.

-Je me vois mal passer ma vie dans la chasteté. Répondit-il en souriant.

Elle ne rit guère. Pensant sérieusement aux possibilités qui s'offraient à elle. Salim était prêt à se sacrifier pour son pays, alors qu'elle ne pensait qu'à sa personne et à son indépendance. Elle s'était jurée de ne pas l'épouser et pourtant....elle désirait ardemment accepter sa proposition. Mais ce n'était pas pour les mêmes raisons...Elle espérait secrètement qu'ils se marieraient sans amour mais que celui-ci naîtrait au fur et à mesure. Elle ne se voyait pas passer sa vie avec un homme qu'elle n'aimait pas. Elle se forcerait...ou elle en aimerait un autre et Salim s'effacerait peu à peu pour n'apparaître que lors des cérémonies officielles. Qui sait ? Elle était en train de décider de son avenir en cet instant précis. Toute sa vie dépendait de cette conversation, au milieu de l'océan, dans un salon luxueux. Salim attendait, il priait pour une réponse positive. Il était prêt à tout pour qu'elle dise simplement oui. Subitement Elizabeth, qui voulait tous les éléments avant de prendre sa décision, demanda :

-Mais pourquoi tenez-vous tant à ce mariage ? Mise à part la raison purement politique.

Il rougit violemment. Elle n'avait jamais vu une personne rougir de cette manière et de façon aussi subite. Il cachait donc quelque chose. Il refusa de répondre clairement :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now