Chapitre XII

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Appuyé contre la balustrade du balcon du salon de ses appartements, Salim contemplait le ciel étoilé mais nuageux. Il soupira violemment. Une souffrance ingérable et imposante rongeait son esprit. Il n'entendit pas une personne passer devant sa porte entrouverte. Elizabeth aperçut Salim, de dos, pensif. Elle l'observa un long moment. Brusquement une autre porte, près de Salim s'ouvrit et une femme entra dans la pièce peu éclairée. C'était Saphira. Elle volait de sa démarche élégante. Salim murmura son nom et se tourna vers elle. Il avait prononcé ce prénom avec une certaine crainte agrémenté d'un désir exacerbé. Elle lui avait répondu avec autant de hardiesse et de volonté :

-Salim.

Elle se rua dans ses bras ouverts. Il la serra et lui caressa les cheveux avec une telle tendresse qu'Elizabeth rougit pour eux et pour elle, honteuse d'avoir vu ce geste d'affection. Elle en était sûre maintenant, Salim avait une liaison avec Saphira. Celle-ci fixait le jeune homme. Son regard était plein d'indulgence, de compréhension, sans préjugés. Elle n'agissait pas de la même façon avec lui que lors de son entrée dans la salle de trône du Tariq. Elle était métamorphosée. Salim lui frôla la joue avec le dos de la main avant de l'embrasser avec passion. Elle répondit avec autant de hardiesse à ce baiser. Ils s'écartèrent. Salim pleurait. Saphira s'éloigna et semblait prête à se mettre en colère :

-C'est vrai alors ? Lança-t-elle la gorge serrée. Tu vas te marier !?

Il ne répondit pas :

-Ton silence est pire qu'une réponse. Ajouta-t-elle. Tu n'es pas obligé de faire cela ?

-Bien sûr que si. Sinon nos pays tomberons dans une lutte sans queue ni tête. Je dois accomplir mon devoir pour le Salut de ton futur royaume.

-Donc tu le fais pour moi ? Demanda-t-elle.

-Depuis que je te connais toutes mes actions sont pour toi. Tu le sais. Murmura Salim.

Elle sourit. Elle était si magnifique. De nouveau ils s'embrassèrent. Ce moment parut durer une éternité pour Elizabeth qui restait cachée par la porte. Heureusement pour elle, la fête battait son plein et personne ne paraissait monter à l'étage où elle se trouvait. Saphira reprit la conversation apaisée par ce contact :

-Viens avec moi.

-Je ne peux pas, j'ai donné ma vie à l'Allénie maintenant. Dit-il. Pour toi je donnerai ma vie à n'importe qui.

-Pourquoi ?

-Pour ton bonheur je suppose. Ajouta-t-il penaud.

Subitement elle lui frappa le torse avec son bras :

-Tu es bête ! Mon bonheur ! Quelle belle excuse ! Il te suffisait de donner ta vie à moi dans ce cas !

Elle s'effondra sur le sol, pleurant à chaudes larmes. Salim l'attrapa et la serra de toutes ses forces comme pour arrêter sa peine. Comment ne pas être touché par ses deux jeunes gens pleins d'espoir et d'amour qui s'obligeaient à obéir aux ordres venant d'en haut afin d'assurer une paix éphémères dans l'ensemble de leurs territoires ? Elizabeth sut que Salim aimerait Saphira pour toujours et que rien ne changerait ses sentiments. Son cœur serait éternellement à elle. Elizabeth allait épouser un homme qui ne l'aimerait jamais :

-C'est peut-être notre dernière nuit mon amour, sèche tes larmes, tu auras tout le temps de pleurer plus tard. Souffla Salim avec poésie.

-Bientôt je n'aurai plus de larmes. Les larmes c'est pour les gens qui espèrent, qui vivent pleinement, mais, moi, je serai morte dès ton départ. Dit-elle. Chaque homme que je verrai, sera une ultime comparaison avec toi, car jamais mon esprit n'oubliera qui tu es. Chaque personne sera fade. Chacun de mes sourires seront forcés car tu es le seul à mériter les vrais. Je survivrai mais je ne vivrai plus.

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieOn viuen les histories. Descobreix ara