Chapitre IV

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Colpaille arriva dans la tente de Saphira. La jeune femme était recouverte de bleu et ses yeux étaient rouges de larmes. Colpaille eut envie de pleurer avec elle. Mais elle lui dit :

-Partons.

-Où ? Demanda Colpaille.

-Allons voir Salim. J'ai besoin de le voir. De lui dire que ce n'est pas ma faute.

-Rien n'est votre faute. Dit l'ancien général. Rien de tout cela n'est votre faute.

-Je voulais juste mon royaume, mon fils, Salim...juste ...

Colpaille réunit quelques affaires et aida Saphira à se lever. Elle était encore choquée et traumatisée par ce qu'elle vivait. Colpaille lui mit un chaperon noir qui lui recouvra le visage. La nuit était tombée. Ils eurent de la chance, la lune était totalement absente. Personne ne voyait rien. Saphira tremblait et ne cessait de répéter la même phrase :

-Le démon est en moi. Le démon est en moi.

Colpaille comprenait de quoi il s'agissait et pensait à une solution radicale. Pour le moment il fallait fuir le camp des Augustins. Dans la nuit noire, Colpaille marchait, soutenant Saphira de toutes ses forces. Ils traversèrent une forêt à l'aveugle. Et enfin, il ne savait par quelle magie, il tomba sur une tente allénienne gardée par une dizaine de garde :

-Aidez-moi ! Dit-il.

Quelques soldats arrivèrent et sans poser de question portèrent Saphira jusqu'à l'intérieure de la tente. L'un d'eux demanda que l'on prévienne le général. Colpaille fut soulagé, aucun Allénien n'avait l'intention de la tuer ou de l'enfermer. Ils ne posèrent aucune question mais restèrent sur leur garde. Colpaille accompagna Saphira qui fut couché sur un lit de camp. Elle ouvrit les yeux mais Colpaille la rassura :

-Où est Salim ? Demanda-t-elle. Je veux le voir.

-Je ne sais pas.

-Je suis là. Répondit une voix faible.

Colpaille se tourna vers le Général Salim. Il avait le teint pâle, les yeux injectés de sang, un bandage immense, taché de sang, autour de la poitrine, marchant à une allure si faible que son ombre ressemblait à celle d'un vieillard. On aurait dit que chacun de ses pas le menait vers la mort. Il se mit à genoux, pour que sa tête soit à la hauteur de celle de Saphira. Il lui prit les mains, les deux mains et les serra si fort, qu'elle eut un rictus de douleur. Colpaille s'écarta :

-Me pardonnes-tu ? Demanda-t-elle.

-De quoi ? Dit-il le souffle court avec une souffrance telle que Saphira eut envie de pleurer.

-De tout ce que je t'ai fait. De t'avoir forcé à m'aimer, de t'avoir perdu.

-Je ne sais pas. Je suis perdu.

Elle lui embrassa les mains :

-Comment s'appelle-t-il ? Demanda Salim.

-Rafael.

Salim était à bout. Son corps ne supportait plus rien. Il allait bientôt sombrer. Sélène arriva et cria :

-Elle ici ! Damir va venir la cherche ! Ramenez là ! Si Damir vient nous sommes perdus !

Salim se redressa avec l'aide d'un soldat qui le coucha sur le lit de camp adjacent. Il toussa et du sang sortit de sa bouche. Saphira ne le quittait pas des yeux, comme hypnotisé par lui, par cet être qui était toute sa vie :

-Ramenez-là ! Ordonna Sélène à Colpaille.

-Je ne peux pas ! Son mari la bat.

-Si elle ne part pas, Damir va venir et tous nous tuer ! Vous, moi, elle, Salim ! Vous comprenez ?!

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now