Chapitre XV

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Ce matin-là, deux mois après son mariage, Cyril s'éveilla doucement. Aryna n'était pas là. Il s'en étonna, mais il savait qu'elle avait l'habitude de se lever plus tôt que lui pour se balader dans les grands jardins qu'elle affectionnait énormément. Il s'habilla, dévala les escaliers et déjeuna avec Salim. Ce dernier lisait les nouvelles du front où se trouvait toujours son frère Damir. Le Prince Augustin menait les offensives et s'approchait tranquillement de Diavie, capitale célèbre du Nouveau-Duché. La fin de la guerre n'était qu'une question de temps, du moins de ce côté du pays. Salim replia le journal et le déposa sur le rebord de la table, près de sa tasse de thé. Elizabeth était à Macan pour la réunion des Ministres. Elle était terriblement occupée et passait son temps entre Rebourg et Macan afin de répondre à son devoir de Régente. Elle adorait être l'Impératrice, certes éphémère, mais présente. Elle prenait goût au pouvoir, aussi bien aux contraintes, qu'aux avantages. Prendre des décisions la rendait heureuse, euphorique, elle en parlait sans cesse à Salim qui l'écoutait en hochant la tête. Si elle était heureuse, il l'était aussi. Cyril se racla la gorge en demanda à son beau-frère s'il avait vu Aryna :

-Oui. Répondit Salim. Elle a quitté le palais ce matin avec l'Impératrice.

-Ma mère !? Mais que font-elles ensemble ?

-Allez savoir. Sourit Salim.

Brusquement Aryna passa le seuil de la porte et embrassa la joue de Cyril avant de saluer d'un signe de tête amicale Salim :

-Où étais-tu ? S'enquit son époux.

-En ville. Dit-elle malicieuse.

-Et pour quelle raison ?

Elle se pencha vers lui et souffla une courte phrase à l'oreille de Cyril. Les yeux du Prince s'illuminèrent brusquement, un sourire se figea sur son visage, et un bonheur sans faille se lisait sur l'ensemble de sa face. Salim comprit rapidement de quoi il s'agissait et leva sa tasse de thé comme un verre de champagne sensé marqué la célébration d'un événement. Cyril prit les mains d'Aryna et les embrassa une par une :

-Quelle bonne nouvelle ! Je dois écrire à mon père ! Tu as prévenu le tien ?

-Je vais de ce pas écrire la missive. Dit-elle joyeuse.

Elle se redressa, salua Salim et quitta la pièce si heureuse que Salim fut profondément touché par cette joyeuse ambiance qu'elle avait fait naître :

-Bravo. Dit-il à Cyril. Enfin une bonne nouvelle.

-Tu as deviné ? S'étonna le Prince.

-Bien sûr ! J'ai déjà vu ce regard un jour et...

Il s'immobilisa. Il pensait à Saphira. Ces yeux remplis de joie et de peur, il n'avait jamais vu cela de toute sa vie avant elle. Mais ce regard disparu à la minute même où il décida de l'abandonner, de la laisser seule dans un immense palais, enceinte, encerclée par des troupes ennemies présentes à toutes les frontières. Il était un véritable monstre :

-Tout va bien ? S'enquit Cyril.

-Ne la laisse jamais. Dit Salim. Jamais.

-De quoi parles-tu ?

Salim se contenta de sourire et se leva ayant terminé son petit-déjeuner. Cyril resta dans l'incompréhension la plus totale. L'énigmatique Salim était à la hauteur de sa réputation. Ce dernier eut la surprise de voir son épouse revenir plus tôt de Macan, elle déclara que l'ambiance était malsaine là-bas depuis la mort de Ronor, c'était comme-si les gens se sentaient mieux lorsqu'une opposition au pouvoir existait, absurde pensait la Régente. Salim haussa les épaules. Ils étaient dans leur salon, dans leur appartement :

Les Seigneurs de Fallaris   Tome 1: AllénieWhere stories live. Discover now